Nos voyages en 5 ans d’Afrique, de 1966 à 1971
(par François Simard)
J'aurai un certain nombre de photos à vous montrer (à la fin seulement), la plupart en noir et blanc et représentant surtout ma petite famille, le lieu où nous habitions, un boy et une fatou. J'avais bien 2000 diapositives et une cinquantaine de films 8mm, mais je me les suis fait voler, parce qu'elles étaient dans une mallette à côté de mes caméras. Les voleurs ont dû penser que c'était des lentilles ou quelque chose du genre. Vous aurez donc surtout du texte qui, je l'espère, sera suffisamment vivant pour vous garder éveillé. Aujourd'hui, je pourrais commencer, en attendant que mes photos soient transférées sur mon site de Geocities, par vous expliquer pourquoi j'ai eu l'idée de partir pour l'Afrique avec ma petite famille. Bien sûr, j'avais toujours rêvé, quand j'étais Frère des Écoles Chrétiennes (jusqu'à 22 ans), de partir un jour comme missionnaire en Afrique. Mais là, ce n'était pas tout à fait ça. D'abord, j'en avais marre de la façon dont s'envenimaient les relations de travail là où je travaillais comme professeur. Je cherchais un moyen d'en sortir. Ensuite, voyager pendant que étions jeunes, et à peu de frais (car nous n'avions pas grands moyens personnels) nous attirait beaucoup. Alors, quand j'ai vu l'annonce de l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI) demandant des professeurs pour enseigner en Afrique, j'ai sauté sur l'occasion qui se présentait. Je ne l'ai jamais regretté. Ce fut une expérience de 5 ans en Afrique vraiment enrichissante qui a grandement contribué à m'élargir les horizons. Une fois qu'on a su qu'on était acceptés, ce fut la participation à tout une organisation. L'ACDI (Agence Canadienne de Développement International), vous pensez bien, n'envoie pas du monde aussi loin sans s'assurer qu'ils vont y rester la durée de leur contrat. D'abord, avant de les accepter, ils leur font passer toute une série d'entrevues pour vérifier quel genre de personnalité la personne a développée. En tout cas, je devais faire l'affaire puisque qu'ils ont accepté ma candidature. Par après, nous avons assisté à toutes sortes d'entretiens ayant trait aux habitudes du peuple gabonais, aux précautions à prendre quant à notre santé, etc. etc. Bien sûr, ces rencontres nous permettaient aussi de poser toutes les questions nous permettant de bien nous préparer à faire de notre voyage et notre séjour en Afrique un franc succès. Il a fallu recevoir nos piqûres: TABT, entre autres (je ne m'en souviens même pas, mais je sais qu'il y en avait toute une série pour toute la famille). Pour ce qui est du paludisme, il nous fallait prendre de la nivaquine tous les jours (il paraît que ça n'a pas aidé à la mémoire, hi hi: ne vous surprenez donc pas s'il en manque des bouts). La moustiquaire de lit, on se l'est achetée là-bas: très difficile à trouver par ici... Et comme nous ne savions pas ce qui existait comme nourriture là-bas (rappelez-vous: nous étions les premiers Québécois et même Canadiens à nous y rendre)et que nous ne pouvions consulter personne là-bas qui nous dise quoi apporter, nous avons décidé de nous apporter toute une provision de nourriture non périssable: mieux valait en apporter plus que moins, qu'on se disait... Nous avions droit à une ou deux tonnes de bagages par bateau (je ne me souviens plus, mais c'était énorme). Nous savions que le logement et les meubles seraient fournis. Alors, pas de meubles à empaqueter. Quant aux appareils électriques, comme le courant est bien différent là-bas (ils fonctionnent sur le 220 et le 50 cycles), nous ne nous sommes apportés qu'une vieille machine à laver avec le tordeur à rouleaux. Il a fallu aussi acheter le transformateur pour la faire fonctionner là-bas). Et comme on nous fournissait l'entreposage gratuitement, eh bien, on en a profité. Nous n'avons pas eu à lever le petit doigt. Tout a été empaqueté par des professionnels. Nous avions aussi droit, pour toute la famille, à 200 livres bagages supplémentaires sur l'avion (pour les draps, les vêtements et tous objets d'utilité immédiate). Nous avions reçu toute une panoplie de conseils quant aux choses à apporter. Comme vous pouvez le constater, l'ACDI ne faisait pas les choses à moitié. Je ne voulais pas non plus m'aventurer aussi loin avec toute ma famille sans avoir un certain degré de sécurité: je pense bien que c'est tout à fait normal. Si j'étais parti seul, ç'aurait été une toute autre affaire. Il fallait aussi vendre la voiture. Je ne voulais pas faire transporter une petite Rambler American en Afrique (les pièces devaient certainement être rares là-bas... ce qui s'avéra être le cas). De toute façon, on nous avait dit, à Ottawa, qu'on pouvait s'acheter une voiture hors taxes en Afrique...J'en ai connu qui ont acheté une voiture en Europe, hors taxes, et qui l'ont fait expédier en Afrique dans l'espoir de la ramener ici après leur séjour. Mais ils avaient oublié l'air salin... Encore jeunes à 29 et 30 ans, ma femme et moi étions confiants en la vie en partant pour l'Afrique... C'est le 10 septembre 1966. Nous avons nos billets (aller seulement...): ils ont coûté 694$ pour moi, même chose pour Jeanne d'Arc et un autre 694$ pour les deux enfants ensemble. Ça comprend le trajet Montréal Paris, une nuit à l'hôtel et Paris Port-Gentil. Nous sommes chez les parents de Jeanne d'Arc près de Cornwall, Ontario. Ce sont les adieux. Là, c'est pour vrai: il y en a qui ont la larme à l'oeil... On sait qu'on ne se reverra pas avant un an, peut-être deux...(car, après la première année, le gouvernement ne paie qu'un voyage aller-retour, Port-Gentil Paris...). "Oui, oui, on va s'écrire... Et je vais vous envoyer mes films et mes diapositives". Après nos adieux à tous, quelqu'un de la famille de Jeanne d'Arc vient nous conduire à l'aéroport de Dorval (pas de Mirabel dans ce temps-là, si je me souviens bien). À l'aéroport, ça devient de plus en plus très cela. Ça devient de plus en plus vrai. Notre rêve d'aventure va bientôt commencer. On nous aide à faire enregistrer nos bagages (ça en prend, des bagages, pour toute une famille). Vient enfin le temps de nous rendre à la porte d'embarquement. Derniers beaux bécots... Nous montons enfin dans l'avion. Un DC-8 ou un DC-8 allongé, je ne m'en souviens pas. C'est la première fois que nous montons là-dedans. Les enfants trouvent ça excitant. Ils ne pensent pas du tout au danger ou à s'ennuyer. Ce sont les êtres qui s'adaptent le mieux aux nouveaux environnements. Ils ont entièrement confiance en nous. Et voilà! C'est parti! Attachez vos ceintures. L'aéroplane (ha ha) quitte lentement l'embarcadère et roule jusqu'au bout de la piste de décollage. Puis, c'est le départ. Wow! Ça roule, ça messieurs dames. Et quand on quitte le sol, quelle agréable sensation! (On dirait un voyage astral, hi hi) On se regarde, Jeanne d'Arc et moi, heureux, regardant nos deux enfants avec tendresse: on s'en va en Afrique. C'est bien vrai! Et pourquoi pas? Nous sommes, après tout, des enfants de la planète. Nous suivons notre destinée. Nous avons quelque chose à apprendre là et les gens que nous rencontrerons là-bas auront aussi des choses à apprendre de nous. Allons-y... On nous avait dit: "Essayez de dormir sur l'avion, car vous aurez un décalage de 5 heures". Comment dormir devant un si merveilleux spectacle. Voir la terre d'au-dessus des nuages, assister à un coucher de soleil prolongé (nous sommes partis le soir) et, en approchant de l'Europe, assister, cette fois-ci, à un lever de soleil. Nous qui avons toujours été si friands de couchers de soleil. Ceux dont nous sommes témoins dans un avion sont bien différents, en effet. Je réussis quand même à en dormir quelques petits bouts. Les enfants, eux, n'ont pas de problème avec ça. Ils s'endorment à poings fermés et se laissent transporter dans leurs rêves... Ça fait un feeling différent, Z, quand on sait qu'on part pour un an. Je n'étais toutefois pas inquiet. Ayant été chez les Frères, j'avais déjà l'habitude de passer 1 an, 2 ans et même 3 ans sans voir personne de ma famille, et je ne m'ennuyais pas: je suppose que je connaissais déjà ce que c'est que d'être autonome. Jeanne d'Arc aussi avait connu ça, sauf que, elle, elle avait de la visite de ses parents. Moi, mes parents, ils étaient loin, ils étaient occupés à un commerce, un bureau de poste, une étable, subvenir aux besoins d'une grosse famille...Ils n'avaient pas le temps. Là, on partait pour un an minimum: ce n'était pas la mer à boire (surtout qu'on passait au-dessus, ha ha). Mais, une fois qu'on est dans l'avion et qu'on monte, on réalise tout à coup qu'on ne sait pas vraiment ce vers quoi on s'en va... Vive le présent dans ce temps-là. Avant de partir pour l'Afrique, j'avais déjà commencé à vivre mon présent, mais l'Afrique accentuera cette façon de vivre au jour le jour. C'est ce que les Africains nous enseigneront. Continuons donc notre vol au-dessus de l'Atlantique. Sur les petite heures du matin du 11 septembre 1966, nous voyons les premières côtes de l'Europe, celles de l'Écosse. Le commandant de bord nous en fait part et nous décrit ce que nous voyons du haut des airs. Nous approchons des côtes de la France. Paris n'est plus tellement loin. Après à peu près 7 heures de vol et 5 heures de décalage, nous atterrissons enfin à Orly (je crois: dgee que c'est loin!). Un autre couple (je ne vous l'avais pas encore mentionné) de Grand-Mère nous accompagne avec leur jeune garçon du même âge queLuviane. Nous nous tenons toujours ensemble: j'imagine que ça nous sécurise tous. Eux aussi s'en vont au Gabon, sauf qu'ils arrêteront à Libreville et que nous continuerons à Port-Gentil... Le car nous emmène tous à l'Hôtel-de-Paris, pas très loin de la Madeleine (si j'ai bonne mémoire). On nous assigne nos chambres que nous nous empressons de rejoindre pour nous débarrasser de nos bagages. Déjà, nous avons hâte d'aller visiter un peu Paris. Du balcon de notre chambre où les Hélie nous ont rejoints, nous examinons la rue derrière l'hôtel. Nous avons le fou rire à la vue des hommes qui passent chacun leur tour pour tâter la marchandise de la fille brandissant sa poitrine à côté de sa décapotable. Comme je suis en train de filmer tout ça pour la postérité (malheureusement, tous ces films et ces diapositives seront volées...peut-on connaître l'avenir???), notre ami Pierre veut descendre faire la même chose pour qu'on le filme lui aussi. Sa femme proteste...Pourtant, c'est juste pour rire...Non, non, non... Qu'avons-nous fait à Paris, la première fois? Je demande à J.D. et elle ne s'en souvient pas. C'était notre première fois dans un grand hôtel. On découvre que le français parlé à Paris ne correspond pas toujours au nôtre, que leurs habitudes alimentaires ne sont pas toujours comme les nôtres, que nous mangeons beaucoup plus à l'anglaise qu'à la française...Nous n'avons pas l'habitude des croissants avec de la confiture, du café au lait, du café expresso ni que si on veut un déjeuner aux oeufs et bacon, il faut commander un petit déjeuner anglais. Ils ne connaissent pas non plus notre pain au lait. En France, on mange du pain français, de la baguette, mais quelle baguette!!! On demande de la crème glacée et on nous apporte un vil pudding à la vanille. Il faut demander une glace (pas surprenant qu'ils appellent ça comme ça: c'est plein de glace...). On écoute les conseils qu'on nous a donnés et on ne boit pas de l'eau du robinet (les enfants sont bien avertis). On s'achète de l'eau en bouteille. On s'aperçoit aussi que ce n'est pas avec des enfants qu'on peut s'en donner à coeur joie pour aller visiter toutes sortes de choses. Bien sûr, nous allons faire notre tour dehors pour ressentir le feeling de la rue...N'ayant presque pas dormi de la nuit, nous décidons de faire une petite sieste dans l'après-midi pour récupérer un peu. Le reste, ça s'est évanoui...On soupe (ce que les Français appellent "dîne") à l'hôtel: bien sûr, il n'est pas question de manger à 5:00 heures comme ici. On dîne après 7:00 heures, cela va de soi. Et on en profite pour déguster du bon vin, seule chose que nous ayons à payer...Nous passerons notre première nuit dans un grand hôtel international, dans un lit haut comme ça, couvert d'un édredon épais comme ça, des oreillers en duvet très, très épais et confortables. Très romantique. Les enfants, encore pas mal jeunes, s'endormiront très tôt et nous en profiterons, Jeanne d'Arc et moi pour relaxer à notre manière avant de nous endormir à notre tour... Très tôt le lendemain, on viendra nous éveiller, et l'autocar (pardon, ce ne sont pas des autobus...) nous conduira à l'aéroport Le Bourget d'où nous nous envolerons vers l'Afrique. Cette nouvelle expérience ressemble à celle vécue à Montréal: décollage bien réussi et fort agréable sur un avion d'Air France. Nous passons au-dessus de Paris à environ 3.ooo mètres, admirons la Seine, l'île Saint-Louis...puis nous traversons les nuages et les survolons bientôt complètement à 8.000 mètres. Un peu plus tard, nous survolons Marseilles et la Méditerranée (quel bleu magnifique!). Lorsque nous arrivons à l'Afrique du Nord, le ciel est absolument sans nuage et nous pouvons deviner quelques rivières, des routes, des petits villages, des villes, puis le désert, ses dunes, ses oasis et nous arrivons beaucoup plus tard dans une région semi-désertique où nous commençons à apercevoir quelques arbres par-ci par-là et cette terre rouge, si typique de l'Afrique en général. Notre premier atterrissage en Afrique se fera à Fort-Lamy, au Tchad. Nous sortons d'un avion climatisé, bien habillés, chemise et cravate, veston...:ouf! quelle chaleur! La première description qu'en fait mon épouse: "On se croirait dans la cale d'un navire, près des fournaises à charbon". Il fait 110°F. Quel contraste, mes amis, avec le Québec de septembre! Ce n'est pas long qu'on enlève le veston, qu'on détache la cravate et qu'on déboutonne la chemise près du cou: il faut quand même respirer!!! À l'aéroport, des bana-banas nous attendent de pied ferme pour nous offrir toute leur camelotte: sculptures, peintures, objets d'art divers, en ébène, en bois de fer, en ivoire, en argent, en or (il faut se méfier: tout ce qui brille n'est pas or), des montres, etc. Bien sûr, nous ne sommes pas pressés d'acheter. Nous aurons au moins 2 ans pour faire nos choix et apprendre à acheter... Mais, évidemment, nous ne pouvons pas nous empêcher d'admirer. Plusieurs Africains sont habillés à l'européenne, d'autres portent la grande robe, selon la mode musulmane. Nous n'arrêterons que le temps de faire le plein et quelques vérifications d'usage. Ceux qui sont rendus à destination passent aux douanes pour les vérifications habituelles: passeports, carnets de santé, visas s'il y a lieu, etc. Nous nous rendons dans une salle d'attente et ça permet aux enfants de courir un peu pour se détendre les jambes. Déjà on s'aperçoit que tout se passe très lentement ici et on comprend instinctivement pourquoi: allez donc courir à cette chaleur! Presque toujours assis, dans l'avion, ça devient long. Nous remontons dans l'avion. Encore un décollage et nous filons vers Libreville, au Gabon. Ce sera la destination de l'autre couple...Nous avons déjà hâte d'arriver, même si les paysages vus des airs sont quand même formidables.. Est bonne, celle-là, Ram. Mais les bons gars du Gabon se font passer au batte par les femmes pas mal souvent...du moins quand j'étais là. Je vous en parlerai un peu plus tard. Vous savez, le fait de porter presque tout sur leur tête, pour les femmes, rehausse leur poitrine...Ce n'est pas moi qui ai pris cette photo et je ne suis même pas sûr que ce soit une Gabonaise. Mais elle est saprement belle! Il ne faut pas vous attendre à ce que je vous fasse visiter tout le Gabon: je ne l'ai pas fait moi-même...Enfin! nous n'en sommes pas encore là. Il faudrait d'abord arriver. Notre avion est encore dans les airs... Là, il faudrait bien que je vous montre une carte pour vous donner une petite idée du trajet parcouru. Ce n'est pas toujours très clair une carte qu'on a numérisée: vous m'en excuserez. J'ai fait ce que j'ai pu. L' * indiquant Fort-Lamy devrait peut-être apparaître un peu plus à gauche. Quand il faut faire ça à l'oeil...Ensuite,Fort-Lamy, aujourd'hui, je crois que ça s'appelle N'Djemena, à moins que ça ait encore changé depuis 1984... J'ai donc indiqué, sur cette carte, le point de départ, Montréal, l'arrêt à Paris, celui à Fort-Lamy (N'Djemena) et la destination finale, Port-Gentil, qui est à un ou deux degrés sous la ligne de l'Équateur. Il y a eu aussi un arrêt à Libreville, capitale du Gabon. Notre avion d'Air France arrive donc à Libreville. L'aéroport est en dehors de la ville et, bien sûr, pas loin de la mer (Océan Atlantique). Là aussi, c'est plein de bana-banas, nom qu'on donnait aux marchands d'art africain: beaucoup d'entre eux ne sont pas gabonais; ils sont mauritaniens, sénégalais, congolais, etc. Comme nous faisons notre entrée officielle au pays et que nous venons pour y rester au moins un an, il faut passer par toutes les vérifications de nos passeports, carnets de santé (pour vérifier si nous avons bien eu toutes nos vaccinations). Je ne me souviens pas qui nous a accueillis, ni comment. Je sais seulement que nous nous sommes retrouvés, à un moment donné, à l'hôtel "Les Relais Aériens" de Libreville et que nous y sommes demeurés 4 jours en attendant de pouvoir prendre un avion pour Port-Gentil. Nous étions avec l'autre couple de Québécois qui, eux, devaient trouver où ils habiteraient, où se trouvait le lieu de travail de monsieur, etc. Nous étions supposés assister à des réunions en compagnie de gens faisant leur service militaire (je ne comprenais pas cette histoire de service militaire à ce moment-là: je ne l'ai compris que plus tard, à Port-Gentil, quand nous avons rencontré 2 célibataires français venus enseigner avec nous. C'était leur séjour comme coopérants au Gabon qui TENAIT LIEU de service militaire). Toujours est-il que, après maintes et maintes démarches (il ne faut pas être pressé là-bas: ce n'est pas grave...), il n'y a jamais eu de réunion et on nous a dit qu'il était temps de se rendre à Port-Gentil. Nous reprenons nos bagages, nous rendons à l'aéroport de Libreville pourprendre l'avion qui nous transportera jusqu'à Port-Gentil. Oups! Le décor change. Nous montons dans un vieux DC-3 datant de l'antiquité romaine. Ça pétarade, ça, ce machin-là et, quand ça décolle, ça vibre de partout. Enfin! Je suppose que si on nous fait monter là-dedans, c'est que c'est encore sécuritaire...Les deux moteurs continuent à faire tourner les hélices jusqu'à destination, c'est toujours bien ça de pris. Et comme on vole moins haut, le paysage nous en dit un peu plus long sur le pays. De la forêt tropicale, des arbres, des arbres, de l'eau, des arbres, de l'eau, des arbres...Très peu de clairières. Et, si je me souviens bien, on voit toujours l'océan avec sa plage ininterrompue, à perte de vue. Enfin! on arrive à Port-Gentil. Quand j'étais au Québec, je me demandais bien pourquoi ça s'appelait comme ça. Le port est-il si gentil que cela? Vraisemblablement, il s'agit du nom d'un monsieur... L'atterrissage se fait de façon plutôt maussade mais, malgré les soubresauts, on peut en descendre sains et saufs. Plus de vérifications à faire pour les papiers: elles ont été faites à Libreville. Un taxi (une Renault 4) nous conduit aux Relais Aériens de la ville. Nous nous y établirons jusqu'à ce que nous puissions emménager dans le logement qui nous est destiné. Nos deux semaines d'attente seront parsemées de toutes sortes de démarches. Nous ne voulions pas entrer dans un logement crasseux avec deux enfants en bas âge. Nous avons exigé de la propreté...et il nous a donc fallu attendre. Il ne faut surtout pas être pressés... Notre premier mois au Gabon aura été passé dans deux hôtels. Ça nous a coûté une vraie petite fortune. Le coût de la vie n'était pas le moindre au Gabon, en 1966. J'en parlerai un peu plus loin. Heureusement que le gouvernement du Canada nous remboursera, plus tard, toutes les dépenses pouvant être considérées comme dépassant ce que nous coûterait une vie normale...Voici donc un premier aperçu de Port-Gentil à ce moment-là: Vous remarquerez le bois qui flotte près de la rive. C'était à Port-Gentil qu'existait la 2ème plus grosse usine de contreplaqué au monde. Même le Canada en importait d'eux. Le principal bois utilisé était l'okoumé, si je me souviens bien. L'Ogooué était le nom du principal fleuve du Gabon. À ce moment-là, la population du Gabon était d'environ ½ million d'habitants et on y parlait 114 dialectes. Le français servait de langue de communication. Sur les 30.000 habitants que comprenait Port-Gentil, environ 10.000 étaient français. Nos classes seraient donc peuplées en noir et blanc... Nous arrivons dans un pays riche, jusqu'à un certain point. Il est riche en bois,en fer (des montagnes de fer), du manganèse et de l'uranium... J'en reparlerai. Chaque chose en son temps. Il faut que je me garde du matériel pour un peu plus tard. Qu'avons-nous fait à l'hôtel en attendant que notre notre logement soit prêt? Bien sûr, je me suis occupé d'aller m'acheter une voiture, hors taxes, à crédit, bien entendu. Mais le crédit, là-bas, pour les coopérants, en était un pour 10 mois, pas plus. Il fallait donc payer mon char en 10 mois. Même hors taxes, ça me donnait des assez gros paiements, merci...Ma banque, au Québec, avait accepté que mon compte soit ouvert, avec un genre de marge de crédit. On me chargeait tout simplement de l'intérêt sur le montant dans le rouge...À la fin de la première année, j'avais encore $700 dans le rouge. OK. Passons. Une fois que j'ai eu mon auto, ce fut facile pour nous de nous rendre un peu partout en ville (il n'y en avait pas tellement grand à parcourir: aucune route ne sortait de Port-Gentil) et, surtout, de nous rendre à la plage la plus fréquentée par les Français, le Bahut (je pense). Alors, là, on a profité à plein de la bonne eau chaude de l'océan. De l'eau calme en tout temps à cause des dunes du large. Un vrai petit paradis, ça aussi. Pas de moustiques, pas de mouches tsé-tsé, tsé veux dire...Seulement, il n'y avait pas d'arbres à cet endroit. Alors, il fallait apporter un parasol... Ramdame, tu es drôle: c'est tordant! Les DC-3, c'est à peu près ça... mais il paraît que c'est l'avion le plus sécuritaire qui ait jamais existé. Les moteurs auraient pu arrêter et l'aéroplane aurait pu planer et atterrir assez facilement. Pourtant il avait l'air tellement massif...et bruyant surtout! Où en étais-je avec tout ça? Ah oui! Je voulais vous dire: j'ai mis la main aujourd'hui sur une pile de lettres que nous avions écrites à ma belle-mère lorsque nous étions là-bas. Elle les avait toutes gardées et nous les a remises à notre retour se disant que peut-être ça nous servirait un jour... Pas mal d’intuition, la belle-maman!!! Que de renseignements là-dedans! Je ne vous les donnerai pas tous, je n'en finirais jamais et ça remplirait un livre complet. Bon, nous étions donc rendus à la plage avec Jeanne d'Arc sous le parasol. Le gars étendu sur le sable un peu plus loin, c'était Mouzon, notre ami célibataire demeurant deux étages plus haut que nous dans notre bloc à appartements. Très gentil, fort instruit, il s'était spécialisé dans l'étude de la langue française en reculant jusqu'au 15ème siècle. Il aimait bien nous entendre parler québécois, car, pour lui, c'était ça la langue française, la langue de Louis XIV, surtout quand nous nous laissions aller à la parler avec tout notre accent savoureux...Ça le fâchait quand je parlais à la française... Que voulez-vous, je m'étais adapté à eux (en passant, ce n'est pas ce qu'ils font quand ils viennent habiter ici: ils n'en sont pas capables...). Voilà pour ma présentation de Mouzon. Après tout, nous les verrons souvent, lui et Gouillard pendant nos deux années à Port-Gentil. Étant célibataires, ils se cherchaient une famille... Un qui aimait bien l'eau, c'était notre fils Jean-François. Il nageait comme un vrai poisson, la plupart du temps sous l'eau, remontant seulement de temps à autre pour prendre de l'air. Qui dit mieux pour le moment? Quand notre logement fut nettoyé à la satisfaction de Jeanne d'Arc (j'étais chanceux de l'avoir: elle était capable d'obtenir ce qu'elle voulait), nous y sommes déménagés. Nous commencions à en avoir assez de la vie à l'hôtel. D'abord, ça coûtait énormément cher, même quand nous allions chercher notre nourriture à l'épicerie pour une couple de repas. Ensuite, nous avions hâte d'être vraiment chez nous pour nous créer un environnement à notre goût. Nous y sommes parvenus petit à petit. Notre demeure faisait partie d'un immeuble à logements, celui le plus près de vous sur la photo: Je ne me suis jamais arrêté à en compter le nombre. Nous demeurions en bas à gauche. On peut même y voir ma Renault 4 blanche stationnée devant. Cette construction était toute en ciment et les sols (on ne disait pas planchers parce qu'il n'y avait pas de planches) étaient couverts de tuiles de terrazzo. C'était plus facile à nettoyer. Ça pouvait se laver à la grande eau sans craindre que le sol ne se torde de rire sous les caresses de la vadrouille...Comme pièces, nous avions 2 chambres à coucher, une salle d'eau (douche et toilette [la chasse d'eau fonctionnait en tirant sur une longue chaîne reliée à un réservoir d'eau assez élevé sur le mur, d'où l'expression "tirer la chaîne"], une salle à manger, une salle de séjour (qu'on appellerait salon ici), une cuisine et une pièce de rangement (c'est là que nous rangerions, un peu plus tard, en octobre, le contenu de nos caisses venues du Canada). Presque tous les habitants du bloc étaient blancs, sauf notre voisin de palier. Les meubles étaient en bois massif. Le Gabon est couvert de forêt: ce n'est pas le bois qui manque...Dans la salle de séjour, de grands coussins rendaient les fauteuils très confortables. Dès que nous le pûmes (le pûtes-vous???), nous bordâmes nos lits de moustiquaires, car les moustiques (qu'on appelle ici "maringouins") pouvaient nous êtes plutôt nuisibles avec leur transmission possible du paludisme. La cuisine était équipée d'un lavabo, bien sûr, avec eau chauffée par un chauffe-eau à gaz qui ne fonctionne que lorsque l'on fait couler le robinet d'eau chaude: une petite merveille d'économie. Nous avions aussi une cuisinière à gaz dotée de 3 feux et d'un tout petit four. Une petit frigo venait compléter l'équipement de la cuisine. Les fenêtres de l'appartement n'étaient équipées que de volets de bois. Pas de vitres, pas de moustiquaires non plus. Alors, les moustiques, voyez-vous, avaient le passage libre...mais l'air aussi. Avec une chaleur variant entre 27°C et 33°C et une humidité presque toujours à 100%, tous les petits courants d'air étaient les bienvenus. Nous prenions donc notre nivaquine tous les jours pour nous protéger du paludisme. Nous avions notre moustiquaire de lit. J'avais aussi suspendu une plaquette insecticide dans la salle de séjour et voilà, le tour était joué. De temps en temps, on se faisait piquer, mais la plupart du temps les moustiques étaient tellement lents qu'on avait le temps de les écraser avant... Voilà, en gros pour le logement. Me voici maintenant assis sur ma voiture Renault 4 : Et voici une image du Collège Moderne (nom attribué à ce genre d'école secondaire) où j'ai enseigné pendant 2 ans. Il était situé juste en face de notre logement: pas besoin d'auto pour m'y rendre. J'étais toujours dans le même local, celui du fond à gauche. Un tableau noir était placardé sur le mur avant. Il avait dû être peinturé au balai: il était tellement rugueux qu'on usait une craie en une phrase...Pour tout éclairage, nous avions 2 ampoules 60 suspendues assez haut. Alors, quand le ciel se couvrait et qu'il commençait à pleuvoir, à éclairer et à tonner, c'était tout un spectacle...On ne s'entendait plus parler tellement la pluie faisait du bruit sur le toit de tôle et il faisait noir là-dedans: je n'avais que des noirs comme élèves. Les petits blancs (le tiers de élèves étaient blancs) avaient tous été mis dans une autre classe avec une enseignante française choyée, bien entendu... Mais je préférais de beaucoup mes 43 Gabonais ayant en moyenne 16 ans en 1ère secondaire (classe de 6ème). Les pôvres! Ils étaient assis 3 à 3 sur des anciens petits bancs comme on en trouvait autrefois dans nos écoles primaires, avec armature de tuyau et un trou pour la bouteille d'encre sur le dessus de la table. C'est à peine si on trouvait ça assez grand pour 2 élèves du primaire dans notre temps... Et, comme il n'y avait pas assez de pupitres pour tout le monde, un certain nombres d'élèves étaient assis sur les bûches entourant un contre-plaqué déposé lui aussi sur des bûches. Du vrai folklore! Ils étaient quand même charmants, ces jeunes. Ils faisaient tout leur possible pendant les cours. Ils auraient bien aimé étudier à la maison mais ils n'avaient pas d'électricité; seulement les blancs pouvaient se payer ça. Alors, on en voyait quelquefois, le soir, étudier sous un lampadaire de rue. Pendant ma première année d'enseignement, je devais leur enseigner le français de France (avec des livres datant de 1937), l'anglais d'Angleterre (accent d'Oxford demandé par l'inspecteur d'académie), les Sciences Naturelles d'Afrique et la musique pour compléter mon horaire de 19 heures de cours par semaine. Nous enseignions du lundi au samedi, sauf le mercredi après-midi et le samedi après-midi. Mais presque tous nos cours se donnaient entre 8:00 heures et midi pour éviter les grosses chaleurs humides de l'après-midi. Seulement quelques cours se donnaient après 15:00 heures, ceux pour lesquels on n'avait pas pu trouver de place dans la matinée. Après le dîner, c'était sacré: c'était la sieste. La chaleur humide nous y invitait fortement et nous lui obéissions. Il le fallait pour récupérer... Ceux qui ne le faisaient pas prenaient des risques (surtout de se taper une forte dépression: il y avait une bonne dizaine de suicides par année chez les Blancs de Port-Gentil...). Quand je n'avais pas de cours l'après-midi, c'était la plage pour une couple d'heures. Les préparations et les corrections se faisaient dans la soirée, alors qu'il faisait un peu plus frais (si peu!). Pas de télévision, pas de radio, pas de téléphone. Le soleil se couchait à 18:00 heures et se levait à 6:00 heures. Premièrement, Mouk, je n'avais pas seulement des garçons dans ma classe, mais bien des gars et des filles. Même que j'ai eu une fille enceinte...Quand les autres s'en sont aperçus, ils lui faisaient des reproches. Mais elle, imperturbable, a continué à assister à ses cours. Un certain vendredi, elle ne s'est pas présentée. Elle était allée accoucher. Le lundi, elle revenait en classe, la bedaine en moins, et a terminé son année scolaire comme si de rien n'était. Je n'avais pas besoin de les motiver: ils VOULAIENT apprendre. L'instruction, ils en mangeaient. Ils voulaient se sortir de leur pauvreté et mener, eux aussi, une vie de Blanc. Ils savaient que tout ça passait par l'instruction. Ils étaient donc très attentifs...mais pas très rapides. J'ai respecté leur lenteur: je savais qu'elle était due à la chaleur humide, à une nutrition peut-être pas complète et des conditions sanitaires peut-être pas parfaites non plus. Sans mentionner les croyances animistes, les peurs créées par leurs sorciers, etc. Alphabet, bienvenue dans ce forum. J'ai hâte de te lire à mon tour... Ghislaine, tu ne m'as pas connu dans ma jeunesse. En 1966, je n'avais que 29 ans: j'étais encore capable de bien des prouesses, ha ha... Avant de continuer mon récit, je vais vous montrer quelques photos ayant trait à Port-Gentil. D'abord quelques photos près de la plage Le Bahut: Notre ami Mouzon en conversation avec un chimpanzé venu s'asseoir à côté de lui. Remarquez les voitures stationnées derrière: ça donne un look européen... Petites voitures à cause du prix de l'essence, $1.14 le gallon à comparer à $0.40 ici (même si le Gabon est producteur de pétrole et qu'il possède sa propre raffinerie: Voici cette raffinerie, située tout près de la plage mais pas assez pour que ça pue. Elle fonctionnait à plein rendement en tout temps. Je me suis fait photographier près d'une pirogue. Je les ai déjà vus sculpter ce genre d'embarcation. Tout fait à la hache, d'une seule pièce taillée dans un arbre. Ils font souvent le travail en équipe. Je dis à la hache. Il s'agissait, en fait, d'une hache dont le tranchant était perpendiculaire au manche. Port-Gentil est situé sur une presqu'île, du côté où les dunes du large permettent une eau calme et chaude. Quand on voulait aller du côté de l'océan pour voir les immenses vagues et même s'y baigner, il fallait utiliser la version anglaise du Jeep, soit la Landrover. Un couple de nos amis français en possédait une et nous y allions avec eux de temps à autre. Et même avec une Landrover, il pouvait arriver que l'on s'enlise et qu'on soit obligé de pousser à bras en certains endroits. Mais l'expérience de l'océan avec ses immenses vagues en valait le coup. Je me souviens m'être fait littéralement écraser au fond de l'océan par une immense vague: c'est très impressionnant et même apeurant. Après cet incident, je surveillais de plus près nos deux enfants. Comme la seule ombre que nous possédions était un parasol, il nous est arrivé, une fois, de revenir à la maison avec une fort insolation. Nous avons eu notre leçon pour le reste de notre séjour. Près de l'océan siégeait une case assez grande qui nous hébergeait pendant notre séjour à cette plage. Nous y avons vu un serpent venimeux en train d'avaler une souris: comme il était occupé à manger, il n'était plus dangereux pour nous. Voici quelques autres photos se rapportant à notre séjour à Port-Gentil. Nous avions un "boy" nommé Maurice M'Boumba. Il avait été entraîné à faire la cuisine et s'occuper de la maison par une française qui lui avait montré toutes sortes de recettes genre "Grand Restaurant". Il avait de la classe, notre Maurice: Sa cuisine était délicieuse, bien sûr, mais ce ne fut pas long que nous avons commencé à faire de l'embonpoint. Les recettes avec abondance d'huile, de beurre et de crème sont bien bonnes à goûter mais combien difficiles pour le foie. Après un certain temps, il a fallu lui demander de mettre la pédale douce sur les matières grasses. J'avais son fils en classe. Un jour, Maurice m'a annoncé que son fils était bien malade. Je suis allé lui rendre visite au village: le pauvre jeune était presque blanc. Je ne me souviens pas de quelle maladie il était atteint. Il en est mort peu de temps après. Ça faisait bien pitié de voir notre Maurice avoir autant de peine. Il nous a demandé un drap pour ensevelir le jeune, ce que nous avons fait de bon coeur. Il n'y avait pas grand monde qui avait les moyens de se payer un cercueil au village... Un "boy" nous coûtait une quarantaine de dollars par mois. Pour eux, c'était un beau salaire, surtout qu'il était nourri. Selon les coutums africaines, il devait partager son salaire avec la famille: oncles, tantes, frères, soeurs, cousins, cousines. Tous ceux et celles qui travaillaient dans la famille de tout mettre en commun. Si tu as 2 chemises et que je n'en ai pas, tu me donnes une chemise. Sinon, tu prends un grand risque... C'était très mal vu de la population locale qu'un coopérant blanc n'ait pas de "boy" et/ou de "fatou" (qui vient probablement de "fait tout"). Quand Jeanne d'Arc a remplacé Mme Dumarché pour enseigner l'anglais en classes de seconde et de première, nous avons aussi engagé une blanchisseuse qui venait faire le lavage et le repassage. Elle arrivait vers 9:00 heures le matin et repartait vers 14:00 heures. Son salaire était 22$ par mois. S'il avait fallu payer les salaires du Canada, nous nous en serions passés, bien entendu. Nous suivions tout simplement les règles établies par le gouvernement gabonais quant au nombre d'heures de travail, du traitement, etc. Le blanchissage et le lavage se faisaient avec une lessiveuse, un genre de contenant établi au-dessus d'un feu de charbon de bois dans lequel bouillait (de l'eau savonneuse) le linge pendant que la fatou le brassait avec un bâton. C'était, paraît-il, la manière française de faire le lavage. Nous avions apporté un fer à repasser électrique. À un moment donné, nous trouvions que le repassage prenait pas mal d'électricité (qui coûtait 17¢ le kw/h) et nous avons demandé à la fatou de ne repasser que certains vêtements. Mal nous en prit, car bientôt, les enfants et moi-mêmes avons commené à avoir des genres de petits vers qui se promenaient sous notre peau...Certains insectes pondaient leurs oeufs sur le linge quand il était sur la corde à linge. Seul le rapassage les détruisait... La 3ème année, quand nous nous sommes installés à Libreville, nous avions notre machine à laver avec des tordeurs... Comme nous étions alors de fervents catholiques, nous entretenions de l'amitié pour le curé, son vicaire et les bonnes soeurs. Jeanne d'Arc acceptait même d'enseigner le catéchisme bénévolement. Voici une photo de l'église de Port-Gentil: La mission catholique avec son église, son presbytère, l'école des soeurs, etc. était située tout près de chez nous (ça fait drôle de dire "chez nous" en Afrique, mais nous nous y sentions bien chez nous). La population était en grande partie catholique (quelquefois à gros grains, il va sans dire). Les prêtres essayaient bien de prêcher la monogamie, mais que voulez-vous, les coutumes gabonaises voulaient que bien des hommes aient plusieurs femmes. Alors, le bon curé Fonferrier nous confiait qu'il incitait alors ses ouailles à aimer toutes leurs femmes de façon juste et équitable... C'est drôle. Les hommes étaient plus nombreux que les femmes et, pourtant, plusieurs de ces hommes avaient 2 femmes ou plus. Ça fait que probablement qu'il y avait des femmes qui appartenaient à 2 hommes quelque part, non? Je vous montre maintenant une photo représentant « de la visite » que nous avions eue de Libreville, celle des Hélie. Je crois qu'on y voit aussi un de nos amis célibataires du 3ème étage. C'est seulement pour vous donner une idée du genre de logement que nous habitions. Comme vous pouvez le constater, ce n'était pas si mal comme ameublement. Ça représente la salle de séjour. J'ai acheté d'un bana-bana la peinture que vous voyez au mur. Presque toutes les peintures que j'ai achetées étaient signées Ilelat, même si ce n'était pas lui qui les avait toutes faites. Il engageait des artisans et les payait mais c'est lui qui signait...Voyez-moi la hauteur de ces murs. Ils devaient bien avoir 12 pieds. Ça permettait à la chaleur de monter et de garder une certaine fraîcheur près du sol en terrazzo. Les grandes portes, à droite, menaient sur un balcon extérieur. Ces portes pouvaient être mises sous clé et avaient des vitres. Les fenêtres n'avaient que des volets de bois que l'on fermait par grandes pluies pour ne pas nous faire arroser. On voyait souvent des coquerelles (aussi appelées cancrelats : on s’amusait à parler de ces cancres-là...) sur le sol, un peu partout dans la maison. Elles étaient tellement lentes qu'on avait facilement le temps de les écraser: c'était un sport comme un autre. Nous assistions aussi à des spectacles d'insectes ou bestioles sur les murs. Nous n'avions peut-être pas la télévision, mais il nous restait la vision, ha ha. Un jour, nous avons vu une Mante Religieuse s'attaquer à un petit lézard (je pense qu'on les appelait tarentes). Ce n'est pas du premier coup que le lézard l'a emporté: l'insecte, assez gros, réussissait pas mal bien à se défendre. Une fois la mante religieuse avalée par le lézard, nous pouvions l'entrevoir à travers la peau du lézard. Il ne fallait pas toucher à ces lézards: leur peau était acide et pouvait nous brûler les mains... Le climat était tellement humide que nous devions chauffer les garde-robes avec des lampes chauffantes. Et malgré cette précaution, il fallait sortir les vêtements et les chaussures de temps en temps pour les faire aérer sur la corde à linge. Une fois, nous avions été un peu négligents et les souliers avaient commencé à moisir. Il a fallu les savonner, les rincer, les faire sécher et les enduire de cire liquide... En passant, les cordes à linge n'étaient pas comme les nôtres ici: elles étaient tout près du sol, à hauteur de bras, à la française... Nous en avions monté une sur poulies à Libreville. Ce fut toute une attraction pour les Français: ils n'avaient jamais vu ça et trouvaient ça fantastique... À cause des moustiques, nous devions décorer nos lits de moustiquaires. Elles étaient légères et efficaces...sauf si on avait le malheur de la toucher de nos mains pendant la nuit...Un jour, quelque chose est passé entre Jeanne d'Arc et moi sur le lit. On se demandait bien ce que c'était. On a alors allumé pour découvrir que c'était une souris. Ce fut la chasse à la souris avec un balai. En veux-tu du sport, en v'là! C'est que le mur du corridor menant à notre chambre était percé de trous carrés légèrement obliques (pour empêcher l’eau d'entrer dans la maison) pour faciliter l'aération. Malheureusement, ça faisait aussi des ouvertures pour insectes et vermine. Ça nous est arrivé de voir de gros rats dans l'escalier de l'immeuble. Ma foi, ils étaient aussi gros qu'un chat. Celui-ci n'aurait probablement jamais osé s'attaquer à de tels rats. J'ai oublié de vous mentionner la lampe que vous voyez dans le coin de la pièce. J'ai pris une Marie-Jeanne (bouteille de 25 litres de vin) et je l'ai recouverte de coquillages recueillis sur les plages près de la mer. Pour les coller, j'ai utilisé de la colle epoxy (colle en 2 tubes). Je faisais une rangée à la fois, faisant tenir les coquillages avec du Scotch Tape le temps que la colle séchât...Un travail de patience... J'ai encore cette lampe chez moi: plusieurs coquillages sont maintenant cassés...Il me faudrait les remplacer...(quand j'aurai le temps et le goût...) Dehors, ce n'était que du sable, mais du sable huileux et très salissant pour les enfants. Il pleuvait tous les jours au moins 2 heures. Le reste du temps, il faisait un soleil de plomb avec une humidité à 100%. Certains thermomètres indiquaient même: "Dangereux pour l'homme". Mais en ralentissant et en prenant le temps de nous reposer et de prendre le temps de nous amuser, il y avait moyen de vivre agréablement. À côté et en arrière de notre immeuble, l'herbe pouvait monter jusqu'à 7 pieds de hauteur, la pluie abondante et le soleil aidant. Des coopérants du Cameroun nous ont relaté avoir planté des poteaux pour faire une clôture. Les fameux poteaux se sont mis à pousser des racines et à faire de nouveaux arbres. J'imagine qu'il ne s'agissait pas de bois entièrement séché... Tous les enseignants du Collège Moderne étaient français sauf une Gabonaise métissée qui était mariée à un pharmacien français. Chez les Gabonais, les hommes qui travaillaient ramassaient leur argent pour acheter leur caisse de vin à la fin du mois. C'était un vin de 3ème qualité qui portait le nom de Sovibor. Leur devise était: égalité, fraternité, liberté et sovibor. Malheureusement, ce n'était que pendant leurs beuveries qu'ils dansaient. En d'autres temps, ils refusaient maintenant de le faire. Les femmes faisaient le gros travail, transportant de lourds fardeaux sur leur tête, cultivant la terre...L'homme n'avait que la responsabilité de construire une hutte quelconque. Nous avons vu un homme essayer d'embêter une femme devant l'église. La femme a déposé son fardeau dans la rue, s'est emparée du bonhomme et lui a administré toute une raclée, le traitant de pervers, de loque humaine, etc. Les femmes sont plus fortes que les hommes et ne s'en laissaient pas imposer. En voici qui danse de bon coeur... Je ne sais pas si c'était une Gabonaise, une Sénégalaise ou d'une autre nationalité. J'avais cette photo parmi mes photos d'Afrique et je me suis dit que ça mettrait un peu d'action... Aucune route ne sortait de Port-Gentil. On pouvait donc en sortir en avion ou en bateau. Je voulais absolument profiter de mon passage au Gabon pour aller visiter Lambaréné dont j'avais tellement entendu parler. Comme nous n'avions pas beaucoup d'argent la première année, Jeanne d'Arc m'a encouragé à y aller seul. Je suis donc monté à bord d'un petit avion un bon matin, très tôt, et je suis parti pour Lambaréné. J'avais apporté ma caméra et mon appareil photo (que j'utilisais pour prendre surtout des diapositives). J'ai bien vu quelques troupeaux de buffles mais c'est à peu près tout. Le reste du temps, ce n'était que de la forêt, très dense, et des cours d'eau, beaucoup d'eau, un peu comme quand on survole la Côte Nord par ici. Sauf que la végétation n'est pas la même. Nous avons affaire surtout à des feuillus, bien entendu. À Lambaréné même, je n'ai rien vu d'extraordinaire. Le Docteur Schweitzer avait eu l'idée de faire un hôpital avec des bâtiments habitables par la famille pendant que le patient se faisait soigner. C'est ce que j'ai vu: une série d'habitations qui n'avaient pas du tout l'air d'un hôpital. Je n'aurais pas voulu me faire soigner là, en tout cas. L'écoulement des égoûts à ciel ouvert n'était pas tellement hygiénique... Enfin! ...J'ai été voir la tombe du Docteur Schweitzer: une simple pierre avec son nom, etc. et quelques fleurs. C'était quand même un grand bonhomme tout dédié à sa cause de la santé en Afrique. J'ai vu ce que je voulais voir. Une chose qui m'a frappé là-bas, c'est que les Gabonais semblaient me connaître...Drôle d'impression, bonne impression. Je savais que j'étais aimé. Je suis revenu le soir même. Ce n'était pas si loin que ça. Si vous vérifiez sur une carte, vous verrez que Lambaréné n'est pas tellement loin de Port-Gentil, sauf qu'aucune route n'existe entre les deux. Tout n'est que sable et eau: ce serait très difficile de pratiquer une route dans de telles conditions. Quand nous sommes allés en Afrique, je prenais surtout des diapositives (en couleur, bien entendu) et des films 8mm ou super 8...Nous les envoyions à Toronto pour le développement et, comme adresse de retour, nous mettions celle de la mère de Jeanne d'Arc. Nous ne les voyions que pendant les vacances. L'humidité, la chaleur et les microbes, c'en était trop pour les diapositives et les films. Quant aux quelques photos que nous prenions, il fallait les surveiller périodiquement pour qu'elles ne soient pas mangées par la moisissure. L'important, c'est que nous autres, nous n'ayons pas moisi, ha ha... Aller à la plage régulièrement, se baigner dans de l'eau de mer chaude, pêcher de la rive et attraper des aiguillettes et toutes sortes d'autres petits poissons, c'était très agréable. Je viens de lire dans une lettre de Jeanne d'Arc à sa mère que j'allais jouer au tennis. Je ne m'en souviens pas...mais ça devait être une autre activité intéressante (mais, j'imagine, épuisante à cette chaleur). Ici, au Québec, je trouve la chaleur beaucoup plus difficile à supporter parce qu'elle est précédée ou suivie de fraîche...tandis que là-bas, c'était TOUJOURS chaud et humide, même la nuit. Même si nous en avions eu les moyens, nous n'aurions pas installé d'air climatisé à cause du trop grand contraste entre l'air climatisé et l'air ambiant du dehors. Quand nous en avons eu les moyens, nous nous sommes acheté un bon ventilateur, ce qui suffit amplement à nous rafraîchir. Ce que nous avons le plus apprécié de notre séjour en Afrique, ce furent les contacts humains. Notre seul divertissement, c'était de rencontrer des gens, d'échanger avec eux, de prendre un pot, de partager un repas, de jouer aux cartes avec eux. Nous avions évidemment beaucoup plus de contacts avec nos enfants que nous n'en avons ici à cause de la télé, de l'ordinateur, du travail, etc. Là-bas, nous avions tout le temps de jouer avec eux, de nous occuper d'eux dans leurs travaux scolaires, etc. Une autre chose que j'ai bien appréciée aussi, c'est la considération qui était donnée aux enseignants, ce qui n'est pas tellement le cas ici. Comme enseignant, j'étais soumis au système implanté par les Français, un système plein de contrôles: vérification de ma préparation de classe par le proviseur (nom donné au directeur d'école), cahier sur le bureau du professeur en classe dans lequel il fallait inscrire le plan de chaque cours et la partie réellement couverte pendant le cours (dans le but évident que, si un remplaçant devenait nécessaire, celui-ci puisse continuer là où j'étais rendu). Examens fréquents (que l'on appelait "compositions"). Sévérité dans la correction des dictées: on enlevait 20% par faute d'orthographe ou de grammaire et 10% par faute d'accent. Avec un tel barème, les élèves ne niaisaient pas avec les fautes: ils faisaient attention en titi... Il y avait encore le système d'inspecteurs là-bas. Ils portaient le nom d'inspecteurs d'académie. L'inspecteur arrivait à l'improviste et assistait à un de nos cours. La première fois, j'ai eu un drôle de rapport. Il trouvait que j'utilisais des mots vulgaires dans mes cours. Je lui ai demandé: "Lesquels?" Il m'a signalé les mots "foutre" et "con" entre autres. Je lui ai alors expliqué que, venant du Québec, ces mots n'avaient pour moi aucune connotation vulgaire et que, comme je les entendais tous les jours dans mes conversations avec les Français, ils étaient donc acceptés dans l'usage de la langue française...Il a alors quelque peu modifié son rapport sur moi et, l'année suivante, s'est arrangé pour qu'on ne me donne que de l'anglais comme tâche... (ça faisait mon affaire: je commençais à en avoir plein le "casque" de préparer du français, de l'anglais, des sciences naturelles et de la musique) Mais il fallait que j'enseigne l'anglais d'Angleterre (accent d'Oxford, s.v.p.). J'ai donc revu les signes phonétiques que j'avais appris autrefois dans mes cours d'université et je me suis mis à vérifier la prononciation de presque tous les mots dans un dictionnaire Harraps que j'avais apporté du Canada. De plus, la deuxième année, je m'étais apporté une radio à ondes courtes qui me permit d'écouter la BBC et aussi Radio-Canada International. Les postes n'étaient captés qu'en un seul endroit de l'appartement, soit au pied d'une colonne près de la porte donnant sur le balcon. Pendant ces deux années, j'ai presque autant travailler à parfaire ma propre instruction qu'à instruire les autres. Je n'avais donc nullement le temps de m'ennuyer. Pendant que nous étions à Port-Gentil, la première année, nous avons acheté un perroquet gris à queue rouge. Ces perroquets sont renommés pour être à peu près les meilleurs parleurs et imitateurs au monde. Nous les voyions quelquefois survoler la plage en groupes assez nombreux. J'avais obtenu ce perroquet pour $10. (Ma nièce vient de s'en acheter un et elle l'a payé $1000, alors qu'il était encore dans l'oeuf...) Je lui ai construit une cage et nous avons commencé à faire son éducation (il était tout jeune quand nous l'avons eu). Pour pouvoir le ramener au Canada, il fallait lui faire donner des injections et obtenir des papiers attestant de sa santé parfaite. Ce que je fis. Et je le rapportai pour le donner en cadeau à mon beau-père. Celui-ci s'est beaucoup amusé avec lui. Il se promenait même fièrement dans la rue avec le perroquet, le gardant sur son épaule et le faisant parler et siffler. Le perroquet s'était mis à siffler une fille grassouillette qui passait devant la maison tous les jours. La pauvre fille se mit à faire des détours...Malheureusement, le pauvre perroquet ne vécut que quelques mois, car mes beaux-parents ne savaient pas vraiment comment s'en occuper. Ces bêtes requièrent beaucoup de soins. J'en ai apporté un à un de mes frères en 1971 et...il l'a encore, 29 ans plus tard... Quand Pâque arrivait, venait aussi la fin d'une saison de pluies. Alors là, il en tombait de la flotte...Jour et nuit, pendant 3 jours. Même si tout Port-Gentil est constuit sur le sable et que les deux côtés des rues étaient munis de petits canaux en ciment pour amener l'eau jusqu'à la mer, l'eau montait, montait. La première année, je me souviens, nous étions allés à la messe nu-pieds, pour pouvoir passer dans l'eau qui s'était accumulée un peu partout. En plus de la pluie, nous assistions aussi, assez souvent, au spectacle de grands vents qui faisaient se courber humblement les cocotiers et les palmiers. Quelquefois, des toits de tôle s'envolaient. La première fois, nous avions trouvé ça pas mal impressionnant. Puis, petit à petit, nous nous y sommes habitués. Une fois la saison des pluies terminée, le temps devenait beaucoup plus clément mais le ciel demeurait couvert, mais nous avions droit à du temps un peu moins humide. La fin de l'année scolaire était en juillet, étant donné qu'elle commençait à la fin de septembre. En juin et en juillet, nous avions froid, surtout la nuit. Il fallait nous couvrir très chaudement, car il ne faisait plus que 20 ou 21°C alors que nous étions habitués à 27 jusqu'à 33°C et quelquefois plus. Après notre première année en Afrique, le gouvernement canadien nous fournissait un billet aller-retour Port-Gentil - Paris. Avec la valeur de ces billets, nous avons pu participer à un voyage nolisé partant de Douala, au Cameroun, et se rendant à Montréal après une escale d’un jour à Paris. Donc, pour compléter Paris -Montréal aller-retour, il ne nous en a coûté que $350 pour toute la famille. Nous en avons donc profité pour revenir au Canada pour les vacances. Les enfants commençaient à s'ennuyer... Jeanne d'Arc et moi aussi. Nous nous étions organisés pour louer un petit appartement juste derrière la résidence des parents de Jeanne d'Arc... Je vous fais grâce de l'arrêt à Paris avec toute la bande de Canadiens qui retournaient au pays. C'était un voyage on ne peut plus joyeux. Nous avions bien eu quelques inquiétudes au début de juillet lorsque notre gars avait attrapé la varicelle...Mais il n'était plus contagieux lors de notre départ: pfiou!!!...nous l'avons échappé belle. Une fois à Glen Walter, près de Cornwall, Ontario, où demeuraient mes beaux-parents, nous avons pu revoir toute la famille et leur distribuer des petits cadeaux venus d'Afrique. Le journal local, le "Standard Freeholder", avait envoyé un journaliste nous interviewer sur notre voyage en Afrique. Voici la photo qu'ils ont fait paraître dans leur journal. Elle n'est pas très claire: c'est du vieux papier journal, ha ha. Toute ma petite famille y est avec plusieurs souvenirs apportés d'Afrique. Toutes ces oeuvres d'art africain ne nous coûtaient pas cher, bien entendu, sinon nous n'aurions certainement pas pu en rapporter autant. Dans les jours qui viennent, je vous parlerai en gros de notre deuxième année à Port-Gentil, puis de notre troisième année à Libreville, avec d'autres photos et d'autres aventures...entre autres, une petite saucette au Cameroun...toujours si ça vous intéresse. On verra, par la suite, si je continuerai avec le Sénégal, dont les 2 années seront entrecoupées d'un voyage dans l'ouest canadien dont je ne parlerai que très peu car c'est beaucoup plus connu et que je n'ai pas de photos...À la prochaine. Voici, pour terminer aujourd'hui, une photo du genre de bijoux (en or 18K et en argent pur) que nous avons rapportés d'Afrique et que nous nous sommes fait voler en 1972: Au Canada (je dis bien Canada, car nous étions en Ontario, ha ha), nous avons passé un été magnifique. C'était l'année de l'Expo 67. Un cousin de ma belle-mère et son épouse, des amis à nous, nous a passé sa deuxième voiture, une Renault 8 (t'sé avec le moteur à l'arrière), pour tout le temps des vacances. Je n'avais qu'à payer l'essence, effectuer les changements d'huile et payer pour les réparations si jamais il y en avait. Nous étions vraiment chanceux. Un couple d'amis français (les propriétaires de la Landrover que nous avons vue plus tôt) que nous avions connu au cours de l'année à Port-Gentil, a profité de notre vacance par ici pour venir visiter l'Expo avec nous et faire ensuite un voyage vers Niagara avec un retour par les États-Unis jusqu'à New York. Pour le voyage, notre cousin nous a passé son autre voiture, une "Chèvre au lait" familiale. Quand le couple en question voyait un lac, ils voulaient arrêter pour le photographier. Nous avons acquiescé une ou deux fois mais nous leur avons fait savoir que nous serions toujours arrêtés si nous continuions comme ça. Juste au Québec, il y a bien un million de lacs. Ils n'en revenaient pas de l'immensité du pays. Ils ont bien apprécié l'Expo et nous aussi. Quant au voyage, ils nous ont raconté, à notre retour à Port-Gentil, combien ils avaient rigolé quand, en France, ils avaient montré à leur famille, le trajet qu'ils avaient parcouru quand ils avaient visité le "Canada"...Ça n'en faisait pas tellement long par rapport à la grandeur même du pays... Pendant que nous étions en voyage, mes beaux-parents s'occupaient de nos enfants. Ils avaient grand plaisir à les montrer à tout le monde et à les faire parler, car ils avaient attrapé l'accent français. Bien sûr, ils ont joué dehors de temps en temps... Mais qu'est-ce qu'ils ont le plus apprécié, pensez-vous? La télévision, bien entendu...Ils en ont mangé tout le temps des vacances... Pendant ces vacances, nous en avons profité pour faire le tour de la famille et remettre des souvenirs d'Afrique que nous avions rapportés avec nous. Il fallait aussi penser à faire quelques petits achats, connaissant maintenant nos besoins les plus urgents en Afrique. Évidemment, nous n'avions plus droit à de gros bagages: il ne fallait pas dépasser le poids permis à tous les voyageurs. La longueur de la période de clarté nous surprenait à chaque jour, car là-bas, c'était de 6:00 heures à 18:00 heures ± quelques minutes. Je ne me souviens pas de la date exacte du retour à Port-Gentil. Je pense que le Collège Moderne devait rouvrir ses portes vers le 18 septembre et qu'il fallait arriver là-bas environ 5 jours avant. Nous avons dû prendre l'avion à Montréal vers le 10 septembre. Toujours autant d'empressement à nous rendre service de la part de la famille de Jeanne d'Arc mais aussi celle de la mienne (quelques frères et soeurs). Cette fois-ci, nous partions beaucoup plus confiants: ce n'était plus de l'inconnu comme la première fois. Quand nous avions pris notre vol nolisé à partir de l'Afrique, les dates étaient toutes décidées d'avance et les réservations d'hôtel aussi. Nous avons dû revenir vers l'Afrique à ces dates déterminées. J'imagine que les horaires scolaires du Cameroun et du Gabon devaient être à peu près les mêmes étant donné que les écoles des anciennes colonies françaises fonctionnaient sur le système français. Et, si je me souviens bien, c'était Air Afrique qui nous avait organisé ce vol nolisé. Nous avons toujours passé par Paris, tant à l'aller qu'au retour. Il est arrivé que nous ayons à faire un détour par Francfort à cause d'une grève par ci ou une grève par là. Une fois, en s'en allant en Afrique, il nous a fallu faire un arrêt à Londres parce qu'il y avait du brouillard à Paris (tout le monde trouvait ça bien comique: c'était le monde à l'envers). Une autre fois, au retour vers le Canada, nous étions supposés prendre Air Canada, mais comme il y avait grève quelque part, c'est un avion de Air Japan qui nous a conduits en Angleterre et, de là, nous avons emprunté British Airways. En Angleterre, je faisais mon petit frais à l'aéroport. J'avais appris l'accent d'Oxford pour être capable de l'enseigner et j'avais aussi appris la valeur de leur argent avant qu'ils n'adoptent un système décimal...Je jouais à être un Anglais, imaginez...ha ha ha. Ça m'a l'air que je faisais bien ça (mais en dedans, j'avais toujours envie de rire: je trouve cette langue tellement pincée, encore plus que le Français par rapport au Québécois). Il nous est arrivé une fois de frapper des conditions atmosphériques pas mal dévergondées. Notre avion avait fait une chute pas mal prononcée...assez pour que nous touchions le plafond avec la tête. C'était quelque peu émouvant...mais quand j'ai vu que les enfants trouvaient ça drôle et en redemandaient, j'ai cessé de m'inquiéter et j'ai aidé Jeanne d'Arc à faire de même. Bon, eh bien! on y retourne à Port-Gentil? OK, on y va. De Paris, après une nuit passée à l'hôtel (je ne sais plus lequel), nous sommes montés dans un avion d'Air Afrique avec tous les coopérants (une quarantaine) qui avaient contribué à le noliser. Je crois que nous nous sommes rendus directement à Douala, au Cameroun. J'imagine que j'avais déjà mes billets Douala - Port-Gentil avec arrêt à Libreville, bien entendu, le dernier bout de chemin se faisant dans notre cher DC-3. Cette fois-ci, nous avions des connaissances pour nous accueillir à l'aéroport de Port-Gentil: M. le curé et quelques bonnes soeurs. Ils avaient pris soin de nous amener notre voiture: quel service! Que voulez-vous, c'était donnant, donnant... Je leur rendais souvent service et Jeanne d'Arc aussi (avec son enseignement bénévole du catéchisme) et ils nous le rendaient bien. Surprise de taille en arrivant à notre logement après 2 mois d'absence! Le logement était d'une saleté!!! Et la vermine s'était installée dans la cuisinière à gaz et l'armoire de cuisine. Allez ouste! Sortez d'ici. Nous avons demandé qu'on vienne boucher les trous par lesquels les rats et les souris pouvaient passer, ce qui empira les dégâts. Mais tout ça est maintenant du passé. Nous avons retrouvé notre routine. Les enfants ont continué d'aller aux mêmes écoles. Jeanne d'Arc a continué à enseigner son catéchisme. Je suis retourné au Collège Moderne. Une grosse différence, cependant. Je n'étais plus toujours dans le même gros groupe de 43 élèves. J'enseignais à plusieurs divisions et je n'enseignais plus que l'anglais. C'était déjà une grosse amélioration pour moi. Nous avons commencé l'année avec une journée pédagogique. Je ne sais pas si vous avez déjà expérimenté une réunion à laquelle participent, en majorité, un groupe de Français. Ça alors, c'est quelque chose! Il s'en dit, des choses, et que de détours pour en arriver à quelque chose de concret!!! Ça aussi, on en arrive à s'y habituer...comme le fait de se faire engueuler. Au début, je m'en faisais avec ça, mais je me suis vite aperçu que ce n'était qu'une façon française d'être, que ce n'était pas plus méchant que cela et que 5 minutes plus tard, tout ça était oublié. Ce qui surprenait le plus certains Français, c'était qu'on ne dise rien en réponse à une engueulade: c'était très inhabituel!!! Cette deuxième année fut beaucoup plus facile que la première. L'adaptation était chose faite. Nous avions plusieurs couples français comme amis. Nous participions à beaucoup plus de "parties". Nous invitions et étions invités comme si nous étions des leurs. Ça avait pris plusieurs mois à se réaliser la première année, mais là, c'était fait. Quand nous invitions à dîner (souper), ça commençait vers 19:00 heures et ça se terminait vers 2:00 heures du matin. Les différents plats pouvaient être entrecoupés de quelques danses pour donner le temps à la nourriture et au bon vin de faire leur chemin... Beaucoup de conversations peuplaient notre soirée: c'était notre passe-temps favori. Un couple de nos amis, que nous avons d'ailleurs connu en Afrique, aime bien agir de la même façon quand ils viennent chez nous ou que nous allons chez eux. Nous organisons des repas causerie suivis de soirées causerie... Nous étions amis avec un couple corse qui habitait tout près du Collège Moderne, donc tout près de chez nous. Ce cher monsieur (je pense qu'il avait un rôle d'inspecteur d'école pour les écoles primaires), M. Bonifaci, nous invita un jour à participer à une pêche en mer avec une dizaine d'autres enseignants. C'était la première fois que j'allais en haute mer sur une pinasse, et ce, pendant toute une journée. Nous pêchions à la cuiller, une grosse cuiller d'à peu près 9 pouces de longueur et terminée par un gros hameçon trident. Nous utilisions du fil de pêche d'une capacité de 100 kg. Nous laissions traîner nos lignes à l'eau pendant que la pinasse avançait lentement sur la mer à une bonne distance de la terre. Nous pouvions nous protéger du soleil sous le toit qui était aménagé sur la pinasse. J'avais attaché ma ligne à un poteau pour être sûr de ne rien manquer. Je fus un des trois chanceux à revenir avec une prise: un baracuda (genre de brochet de mer) d'une couple de livres. Plus tard, dans le journée, je ne sais pas quelle bestiole a sauté sur ma cuiller, mais elle l'a littéralement coupée: je n'en revenais pas...quel monstre avait bien pu réussir à couper une cuiller? Cette 2ème année nous a paru moins longue aussi parce que nous avons eu les moyens, à un moment donné, de nous acheter un petit tourne-disques: nous pouvions enfin écouter de la musique, même si ce n'était pas la musique...d'un beau gros système de son. Les disques étant très chers, nous avons eu la chance d'en emprunter du curé qui avait un bon choix de musique classique et semi-classique. Ramdame, tu peux être sûre qu'on l'a attachée, notre ceinture, après cette descente aux enfers...Je regardais par le hublot et je voyais des éclairs, j'entendais du tonnerre, et je voyais "branler" l'aile de droite... T'es pas gros dans tes culottes dans ce temps-là, surtout quand tu viens de lire dans le journal que la semaine précédente un avion s'était écrasé dans cette région-là... On a vu un peu de pays, mais il y en a tellement d'autres à voir, n'est-ce pas, Zégale. Je n'aurais jamais eu les moyens de me payer ça tout seul. Nous avions de grands avantages à être coopérants... Il n'y avait pas que des difficultés. À notre arrivée à Port-Gentil, nous avions rencontré, à l'hôtel, un couple belge avec lequel nous étions restés amis toute l'année. Ils avaient un fils à peu près du même âge que le nôtre. Quand ils venaient nous voir, nous pouvions bavarder pendant que les enfants jouaient ensemble. Ils nous en ont conté, des aventures, ces deux-là, c'est pas possible. La deuxième année, elle avait décidé, à un moment donné, d'aller vivre dans un pays où le coût de la vie était moins élevé. Lui était resté. Il travaillait pour une compagnie de pétrole. Un bon jour, il nous arrive à la maison et nous demande asile pour la nuit. Il nous explique qu'il est dans de mauvais draps et qu'il doit quitter le pays au plus vite. Je lui offre donc d'aller le conduire au port où il pourra monter sur un navire et quitter le pays. J'avais hâte qu'il quitte, surtout que j'avais vu un revolver dans sa poche de pantalon... Nous avons appris, par après, qu'il avait fraudé le compagnie pétrolière pour laquelle il travaillait, qu'il avait fait de faux chèques un peu partout et qu'il était en dette par-dessus la tête. Un avocat, qui demeurait au-dessus de chez nous, m'avait ensuite fait savoir que j'aurais pu être accusé de complicité dans tous ses méfaits. Ouf! Je l'ai échappé belle: j'étais absolument ignorant de toutes ses aventures. Que mangions-nous à Port-Gentil? Où nous approvisionnions-nous? (pas facile à lire, ça...)Presque tout ce que nous mangions était importé de France par avion réfrigéré. La viande était excessivement chère. Les fruits et légumes aussi. Il n'y avait que quelques produits locaux. Nous pouvions avoir du poisson frais pour environ .20¢ la livre (sole), des noix de coco à .10¢ chacune, des bananes locales à peu près au même prix qu'on payait au Québec, car, en fait, elles étaient importées de l'intérieur du pays et devaient être transportées par bateau sur le fleuve Ogooué. Les baguettes de pain étaient faites localement et ne coûtaient pas cher. On faisait bien pousser quelques légumes de façon hydroponique, mais ce n'était pas donné non plus. Bref, nous mangions des importations. Le vin et le fort n'étaient pas chers parce que non taxés. Bref, il nous en coûtait environ $88can par semaine pour une petite famille de 4, (en 1966, 67). Et l'électricité nous coûtait $50 par mois pour seulement quelques ampoules, un grille-pain (que Larousse appelle un toasteur) et un ventilateur. Imaginez ce qu'il en aurait coûté avec un climatiseur, une cuisinière électrique, un chauffe-eau, etc.... Excusez si je vous raconte ça d'une façon un peu décousue: je fonctionne avec ce qui me revient à la mémoire et je vous improvise ça du mieux que je peux. Nous écrivions à nos familles à peu près toutes les semaines. Ça nous coûtait pas mal cher de timbres. Au début, j'allais à la poste (qu'on appelait communément les PTT), j'achetais les timbres pour les lettres que nous avions préparées et je les postais en même temps. Mais ça n'a pas été long que j'ai compris comment procéder. Les lignes d'attente étaient longues et l'attente, encore plus longue. Monsieur bavardait avec sa cousine, s'enquérait de la santé de sa cousine, de sa tante, de son oncle, de la mère qui l'avait mis au monde, etc. ...et nous attendions. Il ne fallait pas protester car nous attendions encore plus. Je me suis donc mis à acheter pour 20$ de timbres à la fois, demandant une liste des tarifs postaux et m'occupant moi-même de peser mes lettres et de les affranchir suffisamment. Je parle en dollars, mais on payait en francs CFA (pour colonies françaises d'Afrique). 20$ correspondaient à environ 5000CFA, un gros billet ayant à peu près le double de la dimension de nos billets. Plus le billet avait de valeur, plus il était gros. Ça commençait à 100 francs (.40¢), puis 500 francs ($2.00), puis 1000 francs ($4.00). Un millionnaire en CFA, ça voulait dire qu'il avait $4000... Si on voulait téléphoner, on pouvait le faire à la poste. Même chose pour envoyer un télégramme. D'où les PTT. Comment étions-nous payés? L'ACDI déposait notre traitement en argent canadien dans notre compte en banque canadien. Nous allions à la banque (ici la BNP: Banque Nationale de Paris) une fois par mois, déposions un chèque en dollars canadiens que le caissier convertissait en francs CFA et qu'il déposait dans mon compte gabonais. Quand j'avais besoin d'argent comptant, je n'avais qu'à aller faire un retrait à la banque. Certains établissements nous faisaient crédit et nous payions par chèque à la fin du mois. Faire un chèque sans provision était considéré comme une offense très grave là-bas et était sanctionné de fortes amendes. Quelqu'un m'a demandé sur le forum des 60+ de parler de la conception du temps par les Africains en général. Eh bien! au Gabon, leur idée du temps était très simple: ils vivaient l'aujourd'hui. Un Français avait demandé à un Gabonais de venir planter des arbres sur son terrain. Celui-ci était venu et, quand il a vu qu'il avait travaillé suffisamment longtemps pour payer son souper, il a laissé les arbres, la pelle et les trous en plan, il a exigé son dû et est parti. "Je reviendrai demain"... Demain, pour eux, voulait dire "dans le futur". Tu devais pouvoir traduire ça, sinon tu attendais longtemps... Avant de quitter, ce soir, je veux vous parler un peu de notre visite à Libreville à l'occasion des Fêtes. Nous pouvions maintenant nous payer ça, la deuxième année. La voiture était payée... Nous avons donc pris l'avion le lendemain de Noël et sommes partis pour Libreville où nous avons été accueillis chez nos amis Louise et Pierre Hélie, des gens de Grand-Mère (à 25 milles de mon village natal, le Lac-aux-Sables). Nous nous étions entendus pour partager toutes les dépenses, y compris les billets d'avion que nous devions acheter, et ce, du 26 décembre au 2 janvier. Ainsi, nous avons passé des Fêtes beaucoup plus agréables, surtout que nous sommes entrés en contact avec d'autres Québécois qui oeuvraient à Libreville. Ça permettait de vivre le temps des Fêtes sans avoir le temps d'avoir des bleus...Nous nous préparions des mets autant que possible québécois pour nous mettre dans l'atmosphère qui convenait. Nous allions à la plage tous les jours. Nous organisions aussi des rencontres pour les enfants. Pierre nous a aussi emmenés faire un tour en brousse: ici, il y avait des routes qui sortaient de Libreville; ce n'était pas comme Port-Gentil. Il y avait aussi un marché africain où nous pouvions nous approvisionner à beaucoup moindres frais qu'à Port-Gentil. Voici une photo (ça fait longtemps que je ne vous en ai pas montrées) illustrant un petit party d'enfants: Mouk, nous n'avions pas de contacts bien spéciaux avec les Gabonais à qui nous n'avions pas affaire. Nous étions affables envers eux et ils se montraient très respectueux et nous aimaient bien... mais nous ne nous sommes pas fait d'amis gabonais que nous aurions pu inviter à la maison ou qui auraient pu nous inviter chez eux. Par contre, à Libreville, nous nous sommes faits amis avec un Sénégalais marié à une Canadienne. Pour ce qui est de l'ennui, ça pouvait arriver à l'occasion, surtout dans le temps des Fêtes. Mais on se consolait vite à la vue du beau sable blanc des plages d'Afrique, au contact de la chaleur du soleil et à l'immersion dans l'eau salée et merveilleusement chaude de l'océan. Et maintenant, comment les Gabonais se nourrissaient-ils? Localement, à Port-Gentil, il n'y avait pas grand chose qui poussait. Leur alimentation était à base de manioc (qui devient le tapioca, pour nous, une fois transformé). Nous en avons mangé une couple de fois. La première fois, nous n'avions pas trouvé ça bon. La deuxième fois (c'était dans un petit village au nord du Gabon), nous l'avions trouvé délicieux. La Gabonaise qui l'avait préparé (en même temps que de la biche) nous avait alors expliqué: "Il y a le manioc pour vendre et il y a le manioc pour manger..." Autrement dit, ils gardaient le bon manioc pour eux et vendaient celui qui était de moindre qualité. Un jour, nous avions acheté des bananes plantin au marché. Ce sont de grosses bananes énormes. Le boy nous avait expliqué qu'on ne pouvait pas les manger comme ça, qu'il fallait les faire cuire et les servir avec un sirop de sucre. Et il nous les avait fait flamber au cognac. C'était bien bon. Est-ce que eux, les Gabonais, se nourrissaient de ces bananes? Il ne nous en a jamais parlé. Quand on allait à la boucherie, on voyait parfois un Gabonais ou une Gabonaise acheter un seau complet de restants de viande que le boucher aurait sans doute jetés. Il payait ça à vil prix. Alors là, au village africain (qui était séparé de la ville des blancs), toute la famille se réunirait autour de la grosse casserole dans laquelle seraient mélangés cette viande, du poisson, du manioc et une tubercule qu'ils appelaient taro (je n'ai pas trouvé ce mot dans le dictionnaire). Le tout faisait une espèce de bouilli qu'ils assaisonnaient de beaucoup de pili pili (piment rouge) et c'était un festin pour eux. Les Gabonais de l'intérieur des terres, en brousse, à ce que j'ai entendu dire, se nourrissaient aussi de singes, de pythons, de biches et de différents autres animaux sauvages qu'ils chassaient. Certains villages avaient des plantations de bananes et d'ananas et probablement d'autres fruits. Pendant que nous étions au Gabon, nous n'avons jamais entendu parler de sous-alimentation chez les Gabonais. Je n'en ai jamais vu qui aient été maigrichons ou mal famés. Bien sûr, ils pouvaient attraper des maladies tropicales, mais les soins médicaux étaient gratuits pour tout le monde, comme dans tout bon système français qui se respecte. Ça m'est arrivé de faire une crise de paludisme, malgré la nivaquine que je prenais tous les jours. La fièvre s'est mise à monter très rapidement. Quand j'ai décidé de me diriger vers l'hôpital pour me faire soigner, je voyais la rue en double: je commençais à m'inquiéter. À l'hôpital, on m'a aussitôt accueilli avec le sourire et on m'a planté une grosse seringue pleine de quinine dans une fesse. Ouch! Trois heures plus tard, la crise s'était résorbée et j'étais redevenu moi-même comme si rien ne s'était passé. Une autre visite qui nous a fait paraître notre deuxième année plus courte fut celle des Hélie pendant la période de Pâques. De la même manière que nous avions partagé les dépenses dans le temps des Fêtes, de la même manière avons-nous fait le partage lors de leur visite chez nous à Pâques. Et ce fut fort agréable. Les enfants couchaient sur des lits de camping et le couple Hélie utilisait la chambre des enfants. La table était assez grande pour tout ce monde. Nous avons profité de la plage au maximum. Nous sommes allés visiter l'usine de contreplaqué. Le reste, je ne m'en souviens plus. Nous n'avons appris qu'à la toute fin de la deuxième année que nous allions à Libreville l'année suivante. Je signais un contrat pour une autre année au Gabon. Ce fut alors la préparation frénétique de caisses qui allaient être transportées par bateau (ainsi que la voiture) jusqu'à Libreville en espérant que rien ne se perde ni ne se casse. D'ailleurs, chaque fin d'année, il fallait tout mettre en caisse avant les vacances, au cas où... Certains coopérants du Cameroun nous ont conté qu'ils avaient fait construire leurs caisses en bois d'acajou pour ensuite pouvoir utiliser ce bois pour se faire faire des meubles... De toute façon, le bois d'acajou, au Cameroun, n'était pas plus cher qu'un autre: les Camerounais s'en servaient même pour faire du feu...un peu comme nous utilisons le bois d'érable ici. À la fin de notre 2ème année, nos billets étaient payés par l'ACDI pour nous rendre jusqu'au Canada. Pas besoin, donc, de vol nolisé. Comme tout était payé, nous avons voulu profiter de ce retour pour faire un arrêt plus long en France. Nous avions donc réservé, 6 mois à l'avance, les services d'une hôtesse d'Air Canada entre Paris et Montréal pour s'occuper des enfants qui poursuivraient seuls leur voyage et seraient accueillis là-bas par les parents de Jeanne d'Arc. C'était toute une organisation. Air Canada n'acceptait que les enfants en bas âge d'une seule famille par avion. Rendus à Paris, nous avons passé la nuit avec les enfants à l'hôtel et les avons préparés à leur aventure du lendemain. Une fois qu'ils furent montés à bord et que nous les avons vu disparaître (le coeur serré, bien sûr) dans le ciel de la France en direction de Montréal, ce fut la plus longue attente de notre vie: celle d'un télégramme nous confirmant que les enfants étaient bel et bien arrivés et entre bonnes mains. Quel soulagement quand nous avons eu cette confirmation! Nous pouvions maintenant partir en voyage en paix... Dianne, tu dois confondre avec la maladie du sommeil, celle qui est donnée par la mouche tsé-tsé, si je ne m'abuse. Le paludisme est transmis par un simple moustique. Normalement, la nivaquine ou tout autre sous-produit de la quinine arrive à détruire le microbe dans le sang et l'empêche définitivement de redevenir actif. En tout cas, je n'ai jamais eu de suites fâcheuses de cet incident qui m'est arrivé en Afrique. Eh bien! oui, Ghislaine, notre voyage en France avec une petite saucette en Suisse nous a permis de nous retrouver en amoureux alors que nous étions tous les deux au tout début de la trentaine. Et bien sûr, nous en avons profité. Nous avons loué une Renault 4 (location achat et rachat, un bon système qu'ils avaient en France à ce moment-là) et y avons mis nos valises et sommes partis un peu à l'aventure, c'est-à-dire vers de l'inconnu, mais ayant quelques adresses où nous devions aller et quelques objectifs à atteindre (comme visiter des châteaux et aller en haute montagne). Nous avons pris la direction sud-est de Paris parce que nous devions nous rendre à Beaune rencontrer les parents d'un jeune coopérant (faisant son service militaire) dont nous étions les amis à Port-Gentil. Notre premier arrêt fut à Fontainebleau. Nous avions entendu parler de son château célèbre et nous voulions aller y jeter un petit coup d'oeil avant de continuer: (Je vais passer assez rapidement sur le voyage en France: ce n'est pas le principal but de ma participation, mais bien plutôt de faire connaître un peu plus quelques pays francophones d'Afrique) Nous avons filé ensuite sur Dijon. Là, après demande de renseignements ici et là, nous avons enfin trouvé la résidence des parents de notre jeune ami coopérant (qui ne pouvait pas sortir de Port-Gentiil tant et aussi longtemps que son service militaire n'était pas terminé)...Les parents de ce jeune d'à peine 20 ans nous ont paru pas mal âgés, mais combien sympathiques. Quel bonheur pour eux d'avoir des nouvelles de leur fils en Afrique. Ils avaient l'air pas mal inquiets. Pourtant le monsieur nous a fait part de ses aventures dans le sud-est asiatique... Ils nous ont donc reçus à bras ouverts. Nous les avons rassurés quant à la viabilité de Port-Gentil en leur donnant tous les renseignements qu'ils voulaient avoir, tout en dégustant un petit apéritif. Pour le repas copieux auquel ils nous ont invité, monsieur a sorti une vieille bouteille de pommard pleine de poussière qu'il gardait pour ses invités de marque. Et comme digestif, il fallait absolument que nous goûtions à la liqueur de cassis fabriquée dans sa région. Une fois nos hôtes rassurés, nous sommes partis dans la direction de Beaune dans le but avoué de visiter une cave à vin, surtout celle où l'on conserve du Pommard: . Comme j'avais attrapé une mauvaise grippe, nous sommes restés une couple de jours à Beaune, le temps de me reposer et de me soigner... Et nous sommes allés visiter une cave à vin pour la première fois de notre vie avec la petite dégustation qui l'accompagne. En veux-tu des bouteilles, en v'là! Bien des gens s'y rendent pour acheter du Pommard de l'année à un prix relativement bas pour ensuite le faire vieillir dans leur propre cave et ainsi lui faire prendre de la valeur... Je ne voulais pas m'encombrer de bouteilles de vin et avoir à les déclarer à la douane, surtout que je retournais en Afrique tout de suite après mes vacances. J'ai adoré le Pommard et j'en ai acheté quand je voulais nous payer une traite. Il est délicieux et a l'avantage de pouvoir vieillir.(comme moi, ha ha) Wow, Ramdame, je ne pensais pas que je l'avais échappé belle comme ça. De toute façon, ça fait plusieurs fois dans ma vie que je passe tout près de la mort. J'imagine que j'ai encore trop de choses à apprendre pour faire ce que j'ai à faire. Mais, en attendant, je ne suis pas simard que ça!!! Faisons-en un autre petit bout...Je ne peux pas entrer dans tous les détails: ça fait tellement longtemps. Après Beaune, on a traversé le Jura pour nous diriger vers les Alpes. Ça doit être dans ce coin-là qu'on a visité les gorges du Fier et qu'on y a rencontré Josette et Jean-Marie, un jeune couple d'Annecy avec qui on s'est fait amis. Ensemble, nous sommes allés admirer le lac Le Bourget puis le lac d'Annecy. Ensemble aussi, nous avons assisté à un spectacle en plein air des "Compagnons de la chanson": nous les avons toujours bien aimés. Nous voulions ensuite aller dans les Hautes Alpes, pas loin du Mont-Blanc. Nous avons trouvé une jolie auberge à Vallorcine, pas trop loin de Chamonix (on nous a dit de prononcer "chamouni"): Les tarifs étant très bas (considérés comme hors saison en juin-juillet; ça nous coûtait 31F par personne par jour y compris le petit déjeuner et le souper (dîner)), nous y sommes restés plusieurs jours et avons exploré les alentours à partir de là. Escalade avec admiration de rhododendrons (entre autres), visite de l'Aiguille du Midi, etc. Nous nous sommes dit: "Faisons-en un voyage de repos autant que faire se peut". Nous avons pris le grand air et pris le temps aussi d'admirer et de prendre des diapositives et des films (tous volés aussi...sniff). Nous sommes ensuite allés à Genève et entrepris de faire le tour du Lac Léman. Bien sûr, ce qui attire le plus nos regards, c'est ce grand jet d'eau qui caractérise tellement Genève. J'ai bien aimé aussi voir des cygnes sur le lac Léman: ce sera toujours pour moi l'oiseau caractérisant l'élégance par excellence. Et comme nous sommes maintenant en Suisse, nous sommes aussi dans la capitale de l'horlogerie. Si je m'en souviens bien, nous en avons profité pour nous acheter chacun une montre: ce n'était pas le choix qui manquait. Lauzanne, Vevey, Montreux, quand je vois ces noms sur la carte, il me vient en mémoire des images de rues à pique, de parades costumées dans les rues avec de la musique de fanfare comme on en voit quelquefois dans les films. Beaucoup de fleurs, des gazons impeccables, une propreté exagérée, des haies bien taillées, des arbres alignés et presque plus de nature vierge: tout a été "ensuissé"... Très beau quand même. Toute la route se faisait sur le bord de l'admirable lac Léman. Après le tour du lac Léman (aussi appelé Lac de Genève), nous nous sommes dit: "Il est temps maintenant de nous diriger vers la Vendée où nous accueilleront Mouzon (notre ami célibataire de Port-Gentil) et ses parents dans un petit village pas loin de Laroche-sur-Yon. Je me souviens seulement que pour nous y rendre nous avons passé par Clermont Ferrand, nous avons fait un petit détour sur Vichy, nous avons passé par Limoges, puis Niort, puis Fontenay le Comte et enfin le petit village de notre ami Mouzon dont je ne me souviens malheureusement pas du nom. Nous y avons été très bien accueillis. Je n'avais jamais vu des murs de maison aussi épais, tout en pierre. C'était le genre de maison qui se transmet de génération en génération et qui dure pour toujours. Les Mouzon nous ont fait visiter une bonne partie de la Vendée. Il y vente beaucoup. Plusieurs maisons sont presque entièrement enfouies dans la terre: on ne voit que le toit qui dépasse. Le bord de la mer regorge d'huîtres. Nous sommes allés en chercher et en avons fait une bonne dégustation avec vin blanc, citron, croûton de pain français et beurre. Quand notre visite en Vendée fut terminée, nous nous sommes dirigés sur Chartres. Nous avions tellement entendu parler de sa cathédrale que nous voulions absolument la visiter. J'ai été ébahi par l'immensité de cet édifice et la précision de sa construction jusque dans les moindres détails. Et ces pierres, sur le sol, toutes usées par les siècles de piétinement par des fidèles et des visiteurs venus de tous les coins du monde. La cathédrale est ornée d'une centaine de vitraux datant du début du XIIIème siècle et, comme l'intérieur est plutôt sombre, la lumière des vitraux devient encore plus apparente. Quelles merveilles le passé nous a laissées en héritage! En 1968, ça nous a coûté environ 1300$ à deux pour 24 jours, y compris nos achats de cadeaux et la location de la voiture. Ça ne comprenait pas le billet d'avion, bien sûr, lequel nous était fourni par l'ACDI après 2 ans de service en Afrique. Dans ce temps-là, mon salaire annuel imposable était d'environ 8000$ et une indemnité non imposable d'environ 6000$ était ajoutée à mon salaire à cause de la différence du coût de la vie, l'éloignement, etc. Je ne sais pas ce que ça donnerait en dollars d'aujourd'hui. Il y a évidemment bien des façons de voyager. Si tu mets beaucoup d'argent dans de luxueux hôtels et des restaurants 5 services et que tu te rends dans des clubs à spectacles dispendieux (au vrai sens du terme, i.e., qui occasionnent beaucoup de dépenses), il t'en reste moins pour voir plus d'endroits historiques ou d'intérêt personnalisé. Nous avons choisi de petits hôtels propres pour passer la nuit. Nous mangions très souvent sur le bord de la route avec des produits frais que nous avions achetés à l'épicerie et nous nous permettions des soupers dans des restaurants pas chers et quand même très bons et typiques de la région visitée. Le Guide Michelin nous a beaucoup aidés. Nous nous sommes contentés d'une petite Renault 4. À deux, nous n'avions pas besoin de plus que ça: ça va assez vite pour la plupart des routes que nous avons prises. De plus, nous avons eu la chance de rencontrer des amis qui nous accueillaient gratuitement, bien sûr, pour une nuit ou deux. On leur payait un repas par ci par là en visitant mais c'était moins cher que le coût d'une chambre d'hôtel. Sinon, nous n'aurions jamais pu nous permettre de voyager. Nous n'avions pas les moyens de nous payer du grand luxe... De Chartres, nous avons décidé de nous aligner sur la visite de quelques châteaux de la Loire. Je ne me souviens malheureusement pas de tous les châteaux que nous avons visités, sauf celui de Blois. Nous sommes passés à Orléans, surtout que ma femme s'appelant Jeanne d'Arc nous trouvions cet endroit plus attirant... Puis nous sommes descendus sur Blois, surtout que c'était sur notre chemin vers Tours où nous devions rencontrer des amis français de Port-Gentil. Voici une carte de l'emplacement de plusieurs châteaux dans cette région. Blois et Amboise me disent quelque chose... Et voici maintenant une image du Château de Blois. Je m'en souviens plus facilement parce qu'il a été transformé par François Ier. Ce qui est François m'intéresse... C'est fantastique de visiter ces anciens lieux qui datent de plusieurs siècles et qui résistent encore au temps. Bien sûr, ils ont été entretenus: ils attirent tellement de monde aujourd'hui. Je viens de me faire couper la ligne (ça me met en maudit...et on a le culot de nous faire cliquer sur OK alors que ce n'est pas OK pantoutte, ha ha ha) Après les châteaux, nous nous dirigeons sur Tours où nous accueilleront nos amis les Micholet, les propriétaires de la Landrover que je vous ai montrée dans les photos sur Port-Gentil. Quelle réception! Les repas, ici, sont très spéciaux. On ne nous sert qu'un mets à la fois et on change l'assiette à chaque fois. Imaginez qu'on vous sert un potage. Quand vous avez fini, on vous apporte une autre assiette avec une pomme de terre et du beurre. On vous enlève celle-ci quand vous avez terminé. On vous apporte alors une autre assiette avec un bout de tripe dessus, etc. Bien sûr, le bon vin est toujours là pour arroser tout ça. Entre les repas, on visite les alentours. Les Micholet nous ont emmenés visiter le musée des Gémaux (pluriel de Gémail). Il s'agit d'une technique d'art consistant à teindre des morceaux de verre et à les superposer les uns par-dessus les autres pour obtenir les teintes et les formes que l'on désire atteindre. L'édifice nous montrant ces espèces de grandes verrières contient plusieurs reproductions de grands peintres mais en beaucoup plus grand. La lumière extérieure passant à travers ces gémaux donne des couleurs merveilleuses. Pourtant, quand on les photographie, on n'obtient que du noir et blanc. Des photographes spécialisés ont bien essayé de sortir des photos en couleur: nini, impossible! C'est seulement avec nos yeux que nous pouvons les voir en couleur. On nous a donné une explication scientifique dont je ne me souviens pas: je ne suis pas un scientifique... Nous dormions dans un lit de tout confort: ce ne sont pas les plumes ni le duvet qui manquent dans les oreillers et les édredons. Une autre chose que nous avons remarquée pendant notre voyage en France, c'est l'existence de traversins sous les taies d'oreillers, tant dans les hôtels que dans les maisons privées. Le traversin est une espèce de cylindre de tissu bourré placé transversalement sur le matelas à la tête du lit. Ça ne fait pas partie de nos coutumes ici. Quand notre visite chez les Micholet a pris fin, ceux-ci ont eu la gentillesse de venir nous accompagner (nous les suivions...et à quelle vitesse!!!) jusque dans Paris à l'endroit où nous avions effectué notre location de voiture. Quand j'ai vu comment les Parisiens conduisaient, je n'avais pas du tout l'intention de me promener en voiture dans Paris. Quand la transaction fut terminée, nous leur avons demandé de nous conduire à un hôtel économique dans Versailles. Nous nous sommes ensuite fait nos adieux. Le reste de nos visites dans Paris se feraient à pied et en taxi. Versailles, ah! Versailles! Ces jardins aux haies taillées accompagnant des sentiers sans fin, des arbres (dont une grande partie a été détruite par un violent orage dernièrement), des pelouses, des fleurs, des fontaines, partout c'est la beauté dans l'ordre, la propreté et des formes artistiques variées. Le palais de Versailles lui-même avec sa Galerie des Glaces et l'exposition des meubles, peintures, sculptures, etc. ayant servi aux différents rois et reines qui l'ont peuplé avec toutes leurs cours: quelles merveilles! Avec nos yeux démocratiques d'aujourd'hui, quand on sait que tout ça a été créé avec l'argent du peuple qui n'était pas loin de vivre dans la misère, nous n'apprécions pas tellement que de telles splendeurs aient servi une pléiade de gens privilégiés qui n'étaient pas plus méritants que l'ensemble du peuple...N'empêche que, en soi, c'est beau, c'est très beau...et qu'on ne peut que se pâmer d'admiration devant de tels chefs-d'oeuvre. D'abord la Galerie des Glaces: Voici maintenant la peinture "Apothéose d'Hercule": Ce ne sont là que quelques merveilles que nous pouvons contempler pendant notre visite au Château de Versailles. Nous irons ensuite faire un petit tour au Musée du Louvres. Même si nous commencions à nous ennuyer pas mal trop de nos enfants, nous ne pouvions pas quitter Paris sans avoir visité le Louvres. Nous avons donc passé une bonne nuit à l'hôtel que nous avions trouvé à Versailles et, dès que notre petit déjeuner fut terminé, nous avons pris un taxi jusqu'au Louvres. Si vous voulez avoir une petite idée de tout ce qu'on peut visiter au Louvres, cliquez ici. La peinture qui a le plus retenu notre attention fut, bien entendu, la Mona Lisa de Leonardo da Vinci. Nous avons d'abord été surpris des dimensions de la peinture: elle est plutôt petite. Personnellement, je crois que cette peinture est un autoportrait de Leonardo, d'où ce sourire énigmatique: "Ce dont j'aurais eu l'air si j'avais été une femme". Il paraît qu'il était homosexuel et que c'est son petit ami qui a servi de modèle pour la peinture de son Saint Jean-Baptiste. Voici donc la Joconde: ...et un gros plan de son "certain sourire": . Si vous voulez avoir une petite idée des oeuvres de Léonard de Vinci dont nous avons aussi visité le musée (je ne me souviens plus où), cliquez ici Le lendemain, nous en avions assez: nous repartions en avion vers le Canada. Nous avions passé 24 belles journées en France et nous en étions reconnaissants. Ce que je retiens de la France: un pays très diversifié tant au point de vue climat, géographique, culturel, gastronomique et démographique. Il y a peut-être autant de Frances qu'il y a de Français... Les vacances au Canada terminées après la 2ème année à Port-Gentil, nous retournons au Gabon, mais cette fois-ci, à Libreville, la capitale. Ça s'est moins bien passé au départ, cette fois-ci. J'arrive à l'aéroport de Dorval avec Jeanne d'Arc et les enfants quelques heures avant le départ pour être sûr de ne pas manquer mon coup. On me dit que, n'ayant pas confirmé mon départ 72 heures à l'avance, mes réservations n'étaient pas faites, ni sur l'avion, ni à l'hôtel à Paris, ni pour la correspondance pour l'Afrique. Pourtant, j'avais bien fait cette confirmation en personne plus de 72 heures à l'avance. Je ne sais pas comment nous nous y sommes pris, mais toujours est-il que tout s'est arrangé... Mais en arrivant à Paris, où nous attendaient Josette et Jean-Marie que nous avions rencontrés pendant notre voyage en France, notre réservation n'avait pas été faite à l'hôtel où l'autocar nous a conduits. À force de discuter avec le Maître d'Hôtel, nous avons réussi à obtenir qu'on nous aménage des lits dans une salle de conférence et qu'en plus on ajoute un autre lit pour nos amis français. Comme nous étions habitués au camping, c'était quand même le grand confort pour nous...Et comme nous avions le bon d'Air Canada pour payer pour tout ça, ça faisait bien l'affaire de l'hôtel... De toute façon, ça aurait été très difficile pour nous de trouver un autre hôtel à ce temps-là de l'année... Après une journée, une soirée et une nuit à Paris avec nos enfants et nos amis de France, nous sommes repartis le lendemain pour l'Afrique... Là, avec des amis canadiens que nous connaissions déjà, ce fut un plaisir renouvelé que de nous retrouver dans notre nouveau chez-nous: Libreville. Des représentants officiels du Ministère de l'Éducation Nationale étaient à l'aéroport pour nous accueillir. La voiture que nous avions achetée à Port-Gentil avait été transportée à Libreville et nous avons vite fait de la récupérer. Nous avons pu rapidement nous installer dans notre nouveau logement situé dans un immeuble à 5 minutes de marche de la mer...De là, nous pouvions admirer des couchers de soleil magnifiques sur l'océan Atlantique. Qui dit capitale, dit résidence du gouvernement. Voici une photo (carte postale) du Palais Présidentiel à Libreville (en passant, il était absolument interdit de le photographier) Bien des choses différaient de Port-Gentil, à Libreville. D'abord, on pouvait en sortir par des routes. On pouvait donc aller visiter des villages de brousse et en rapporter toutes sortes de fruits à des prix fort intéressants. À Livrebille, le marché offrait de meilleures aubaines que dans les épiceries (que l'on appelait "Alimentations", je crois...pas sûr...). On pouvait acheter du filet de zébu (le boeuf d'Afrique) pour .80$ la livre alors qu'il en coûtait 4 ou 5$ pour le filet mignon ici. La viande était pleine de mouches...mais ça, ça n'était pas trop grave. On la faisait tremper dans un mélange d'eau et d'eau de javel pendant quelques minutes, on la rinçait, on la faisait congeler et, quand venait le temps de la consommer, c'était toujours bien cuit, jamais saignant ou medium saignant. Quand on recevait, on achetait notre bifteck à la boucherie française où la viande était propre et gardée au frais. C'était du boeuf (ou du cheval) importé de France en avion réfrigéré. C'était plus cher, bien sûr. Déjà que le prix de la viande, en France, était le double de celui de la viande au Canada... Mais ça, ce n'était qu'en cas de visite. Le reste du temps, on se contentait des produits du marché... Comme à Port-Gentil, le poisson frais était très économique et toujours frais. Combien de fois n'avons-nous pas acheté de la sole qui gigotait (est-ce français, ce mot?) encore sur le comptoir avant que le boy ne l'arrange pour la faire cuire. Libreville était équipé d'un tout nouveau Bureau de Poste, beaucoup plus moderne que celui de Port-Gentil: Même s'il était plus moderne, ça ne veut pas dire que le service y était plus rapide...Il fallait prendre les mêmes précautions et se faire des réserves de timbres pour ne pas être condamnés à faire l'activité préférée des femmes: se mettre à la queue et attendre...(ha ha ha). Mais je n'étais pas à Libreville en touriste. Il fallait que je travaille. J'y ai enseigné l'anglais au lycée Léon M'Ba. Au début de l'année, on m'a donné l'emploi du temps d'une institutrice qui a dû entrer d'urgence en France. Wow! Douze heures de cours, toutes le matin, les lundi, mardi et mercredi. J'étais donc libre du jeudi au dimanche. Je me demande bien comment elle a réussi à obtenir une telle faveur. Malheureusement, une couple de mois plus tard, ma tâche a grimpé à 18 heures, toutes en anglais: faut croire que je n'étais pas tombé dans l'oeil du directeur, un Gabonais du nom de Kiki (même nom que celui que j'avais donné à mon chat à Port-Gentil...). J'ai quand même passé une très belle année scolaire. Mon fils a fait sa communion solennelle cette année-là: Cette troisième année fut encore plus agréable que les deux premières années passées à Port-Gentil. Nous étions plusieurs Québécois à oeuvrer à Libreville: ceux envoyés par l'ACDI mais aussi ceux envoyés directement par le ministère de l'Éducation du Québec (pour faire concurrence à Ottawa). C'est ainsi qu'il y eut bisbille (?) entre le gouvernement canadien et le gouvernement gabonais. L'ambassadeur canadien a refusé d'apporter ses lettres de créance au gouvernement gabonais. À un moment donné, j'ai été convoqué à l'ambassade canadienne de Yaoundé. Comme ils ne pouvaient pas venir au Gabon, ils voulaient avoir des nouvelles de ce qu'il s'y passait pour les coopérants de l'ACDI. Je suis donc allé à Yaoundé, aux frais de l'ambassade canadienne. J'y ai rencontré plusieurs coopérants canadiens que je connaissais déjà pas mal bien. J'ai pu jouer quelques morceaux sur le beau piano à queue de l'ambassade pendant un cocktail. J'ai aussi participé à un party dansant offert par l'ambassade à toute la haute gomme de plusieurs ambassades africaines. J'ai essayé de détendre l'atmosphère en enlevant ma cravate, mon veston et mes souliers... Ceux-ci ont disparu pendant la soirée et je ne les ai retrouvés que le lendemain (souvenirs vagues...) Comme nous n'étions qu'à 5 minutes de marche de la plage (je suis revenu à Libreville...), nous y sommes allés tous les après-midi (après la sieste) pendant les 2 premiers mois et un peu moins souvent après. Quand nous ne pouvions pas voir les couchers de soleil sur l'océan de la plage elle-même, nous le faisions de la fenêtre de notre salle de séjour. Nous avions alors plusieurs palmiers et cocotiers en premier plan. Souvent, le ciel se colorait en entier. C'était un spectacle d'une splendeur éblouissante. J'en ai pris, des diapositives...(que je n'ai malheureusement plus). À la fin de l'année, j'ai vendu la voiture à un autre coopérant canadien qui venait travailler au Gabon et je m'en suis acheté une autre (d'occasion) par correspondance d'un coopérant canadien qui quittait le Sénégal où nous étions mutés pour nos deux dernières années en Afrique. La prochaine fois, c'est du Sénégal que je vous parlerai. Avant de quitter, laissez-moi vous présenter notre couple, à peu près à cette période, alors que nous étions encore tous les deux au début de la trentaine. Que c'est donc beau, la jeunesse!: Notre affectation au Sénégal apporta beaucoup de changement dans notre vie. Bien sûr, nous revenions encore en Afrique, mais l'Afrique, c'est un continent, ce n'est pas un pays. Il doit bien y en avoir pas loin d'une cinquantaine de ces pays. Et c'est certain que les pays arabes dans le nord de l'Afrique ne ressemblent en rien aux pays de l'Afrique noire et de l'Afrique du Sud. Ainsi, le Sénégal est bien différent du Gabon tant par sa géographie que par les races qui l'habitent, son histoire, ses richesses, son climat et ses attractions. Le système d'éducation est toutefois à peu près le même: il est à base de système français. L'argent a la même valeur: c'est le franc CFA. Celui-ci a toujours valu le double de la valeur des anciens francs français (du moins, quand j'étais là). Quand les Français venaient travailler en Afrique, ils étaient payés au même salaire qu'en France, sauf que c'était en francs CFA: donc ils recevaient le double de leur salaire habituel. Pour eux, c'était beaucoup, mais pour nous, ça n'aurait pas été suffisant... Tout ça pour vous dire que nous n'allions pas là en missionnaires mais que nous étions très bien rémunérés. D'ailleurs, cela ne manquerait pas de nous être utile à notre retour au Canada. Voici d'abord une carte du Sénégal: Elle ne vous situe pas le pays par rapport au reste du monde mais elle nous servira lorsque nous parlerons de nos différentes pérégrinations à travers le pays. Tout le monde sait à peu près où se situe le désert du Sahara. Eh bien! au sud du Sahara,il y a la Mauritanie et au sud de celle-ci s'étend le Sénégal, collé sur l'océan Atlantique. Comme vous pouvez le voir sur la carte, le Sénégal héberge la Gambie en son sein. C'était donc beaucoup moins loin que le Gabon. Quand nous arrivons au Sénégal, en cette quatrième année en Afrique, nous atterrissons à Dakar, la capitale. Nous n'arrivons pas seuls: nous sommes une douzaine de couples ou familles qui arrivons en même temps. La voiture d'occasion que j'avais achetée par correspondance en quittant le Gabon m'attendait à l'aéroport et j'en avais déjà la clé. Pendant que nos femmes et nos enfants demeuraient à l'hôtel à Dakar, un coopérant et moi sommes partis explorer le pays pour nous rendre à Saint-Louis, lieu de notre affectation...Alors, là, ça prenait de la débrouillardise de notre part. D 'abord, un des pneus de la 4L exhibait toute une bosse dans son flanc et risquait d'éclater d'un moment à l'autre. Ce fut notre premier souci... En arrivant à Saint-Louis, bien d'autres soucis nous attendaient. Où logerions-nous? À qui devions-nous nous adresser? À quel hôtel demeurerions-nous en attendant d'avoir un logement convenable? Bref, nous avons eu à nous servir de notre langue dans bien des endroits, chacun nous référant à un autre qui nous référait à un autre: vous connaissez??? la bureaucratie??? Eh bien! là aussi, ça existe. Nous avons donc trouvé l'hôtel où nous serions hébergés... en attendant: l'Hôtel de la Poste. C'était le moins cher et il n'était pas trop miteux... Nous sommes retournés à Dakar chercher nos familles. Mon collègue a pu rester dans la capitale chez son beau-frère qui y logeait en attendant de se procurer une voiture pour revenir à Saint-Louis. Je suis parti avec ma petite famille et nous sommes allés nous installer à l'Hôtel de la Poste à Saint-Louis. Voici quelques photos prises à Dakar à cette époque-là: D'abord, le Palais présidentiel: Puis la cathédrale catholique: Enfin, la grande mosquée, car les musulmans étaient très nombreux au Sénégal: Saint-Louis était l'ancienne capitale et jouait maintenant un rôle de second ordre dans les affaires du pays. Mais mon rôle n'avait rien à voir avec ça. J'allais passer deux ans à préparer, du mieux que je pouvais, quelques élèves d'une certaine génération à prendre la relève de leurs aînés quelques années plus tard. Voici une carte de Saint-Louis qui nous permettra de nous situer. En la regardant, ça m'a rappelé un paquet de souvenirs. À droite, vous allez voir la partie continentale. Vous voyez le Pont Faidherbe: c'était un pont pivotant pour permettre à certains bateaux de passer. Je ne l'ai vu ouvrir qu'une seule fois. Ce pont menait sur l'île où nous demeurions. Voyez la Poste. L'Hôtel de la Poste était situé juste à côté. Derrière la Poste vous pouvez situer la cathédrale et, plus bas, l'hôpital. Nous demeurions entre la cathédrale et l'hôpital. Je pense que pour aller à la plage, nous prenions le chemin qui descend en bas de la carte à gauche (ça fait tellement longtemps): Comme vous pouvez le constater d'après la carte, je n'avais pas loin à faire pour me rendre au Lycée Charles de Gaulle où j'ai enseigné l'anglais pendant mes deux dernières années. Le logement que le gouvernement sénégalais nous avait fourni était situé sur un coin de rue. De la terrasse du toit, nous pouvions voir la maison des soeurs de l'autre côté de la rue. Sur cette terrasse, nous avions notre réservoir d'eau. Celui-ci était alimenté par un château d'eau commun à toute la ville. L'eau venait d'un lac situé en dehors de la ville et était acheminée jusqu'au château d'eau par des canaux à ciel ouvert. Nous avons déjà vu des autochtones se laver dans cette eau. Pas besoin de vous dire que nous ne la consommions pas avant de l'avoir fait bouillir 20 minutes et filtrée et oxygénée...(de toute façon, nous achetions l'eau en bouteille pour boire) Nous vivions au premier étage de notre logement (ici on dirait le 2ème étage). Il faisait le tour aux trois quarts d'une cour intérieure fermée. Tout était en ciment et le sol était couvert de terrazzo. De petits tuyaux étaient aménagés au bas de tous les murs pour permettre à l'eau de s'écouler dans la rue quand le boy lavait le sol à la grande eau. Un balcon couvert donnait sur la cour intérieure et c'est par lui que nous pouvions passer d'une pièce à l'autre. La photo suivante vous donnera une petite idée de ce logement: elle a été prise de la terrasse du toit.... Ces fleurs que vous voyez sur la photo, ce sont des bougainvilliées que nous pouvions admirer à longueur d'année. Sur le mur de ciment séparant notre cour de celle du voisin passait le tuyau qui amenait l'eau du réservoir du toit à notre robinet dans la cuisine. Avec la chaleur, le soleil et l'eau qui suintait du tuyau, de jolies fleurs s'étaient mises un jour à pousser sur la partie supérieure du mur. En montant l'escalier (à la droite, non visible sur la photo), à droite nous avions la chambre des enfants suivie de la salle d'eau puis de notre chambre. Ensuite, derrière les personnages sur la photo, c'était la grande salle de séjour et la salle à manger. Puis c'était la toilette, une remise et, enfin la cuisine. La salle de séjour était aussi munie de grandes portes donnant sur un balcon dominant la rue. Donnant sur la cour intérieur, en bas, notre boy avait son logis fourni gratuitement avec notre logement. Voici une photo de notre boy avec les enfants: Le climat de Saint-Louis et celui du Sénégal en général est vraiment fantastique: du soleil toute l'année. Toujours le ciel bleu. Si jamais un petit nuage se présentait, nous nous arrêtions pour le contempler: c'était d'une rareté...La pluie, ce n'était que pendant les mois de juin à août, et encore...Quand la pluie arrivait, tout le monde était dehors et se laissait mouiller avec plaisir. Un jour, on aurait cru qu'il neigeait. C'étaient des papillons, genre mannes. Nous en devenions presque romantiques même si ce n'était pas si agréable pour ceux qui se promenaient en auto à ce moment-là. Voilà pour aujourd'hui... Quand j'ai vu cette carte sur Internet, je me suis empressé de l'utiliser. Que d'images me sont revenues à la mémoire! Il y avait aussi un cinéma pas loin de chez nous. On pouvait y aller à pied. La moitié des sièges étaient en plein air. Le plus gros du spectacle se passait dans l'auditoire. Vous auriez dû voir la participation des Africains de ce temps-là au film. Ils étaient toujours prêts à donner un coup de main au héros en lui faisant des signes. Et quand venait le temps de faire l'amour, ils embarquaient dans le jeu et se levaient pour participer à l'action, ha ha ha. Une fois, on avait envie de rire. Nous étions allés à une représentation de films en arabe. C'était vraiment comique d'entendre Humphrey Bogart utiliser une petite voix aigüe pour parler son arabe... Ça ne coûtait pas bien cher pour aller au cinéma. À l'extérieur, ça sentait l'urine à plein nez: certains Africains avaient la manie de pisser partout...Autre pays, autres moeurs: nous étions capables de comprendre ça... Voici une photo récente de l'Hôtel de la Poste où nous sommes demeurés quelques jours en attendant que notre logement soit prêt.: Une vue de l'ancienne partie de la ville située sur l'île où nous habitions: Si vous désirez avoir une idée de ce dont Saint-Louis a l'air aujourd'hui (pas beaucoup de différence avec le temps où nous y sommes allés), cliquez ici Vous y verrez entre autres le Pont Faidherbe, la cathédrale, une des rues photographiée qui ressemble beaucoup à la rue où nous demeurions, etc. Bonne visite. Nous étions 13 coopérants canadiens à Saint-Louis: 2 célibataires et 11 couples, si je me souviens bien. Sans l'avoir décidé officiellement, chaque couple a organisé un gros party dans son année pour tout le groupe et aussi quelques amis français (ceux-ci aussi ont organisé des parties). C'était notre sport national... Ces deux années ont donc passé très vite. Lors du premier Noël, ma femme et moi avions organisé un banquet où chacun avait contribué $24 (par personne). C'était il y a 30 ans. Alors, vous pouvez calculer à quel montant ça correspondrait aujourd'hui... Je vous cite ici un extrait d'une lettre que Jeanne d'Arc avait écrite à sa mère pour décrire cette fête: On avait commandé le repas au meilleur hôtel de la ville et François s'était occupé d'acheter toute la boisson: 4 vins blancs, 6 vins rouges, 18 bouteilles de champagne, la liqueur, le gin et les digestifs. Nous avions bien décoré la maison avec du cèdre et des guirlandes. Notre arbre était très beau (malheureusement la photo n'est pas tellement extraordinaire): ...Dans l'après-midi, quelques-uns sont venus aider François à transporter des chaises et des tables du club (il s'agit du Racing Club dont nous faisions partie). Ma grande salle est divisée en deux par un bar. D'un côté on a pris l'apéritif et les amuse-gueule et de l'autre on avait mis les tables. C'était des petites tables à deux places qu'on avait disposées tout autour de la salle. Les gens étaient tous assis dans la partie extérieure du carré que les tables formaient et les boys (nous en avions 3) servaient à l'intérieur du carré. Au milieu, à l'intérieur, il y avait une petite table sur laquelle on mettait les beaux plats avant de les servir pour que les gens puissent les admirer: poisson (entier, avec la tête et la queue) à la mayonnaise avec tomates farcies; cochon de lait avec marrons, pommes sucrées au four et frites; salade d'endives; bûche de Noël. Tout fut très apprécié. On s'est mis à table à 10:00 heures (22 h) et on en est sortis à minuit. À ce moment, tous sont montés sur la terrasse du toit pour permettre aux boys de débarrasser la salle. Là, nous avons chanté des chansons à répondre. Puis nous sommes redescendus vers 1:30 heure pour danser jusqu'à 5:00 heures. Personne ne s'est déplacé, tout le monde était heureux et on avait tous de la peine à se quitter... Faut dire que la danse était devenue agréable au son d'un système de son que je venais d'acheter d'un coopérant qui s'en était acheté un autre... La veille du Jour de l'An, nous étions tous au Racing Club (je me demande bien pourquoi ils lui ont donné ce nom...): environ 200 invités. Nous avons dégusté un repas gastronomique tout en dansant entre les différents plats...À minuit, ce furent les embrassades d'occasion et en avant la musique. À 5:00 heures du matin, nous, les Canadiens, avons levé notre verre à tous nos parents et amis du Canada qui entraient, à cette heure-là, dans la nouvelle année. Et les embrassades recommencèrent. Nous nous sommes couchés à 6:30 heures... Je vous invite à aller lire attentivement le reportage sur le baobab à l'adresse suivante: il contient plus de renseignements sur le Sénégal lui-même et sa culture que bien des choses que je pourrais moi-même vous raconter. Pour lire ce reportage, cliquez ici. Puis cliquez sur le bouton "Parcs, faune et flore". Dans "flore", cliquez sur "Baobab": vraiment intéressant. Oui, Mouk, on savait bien fêter, c'est sûr. C'était à peu près notre seul désennui, si on peut appeler ça comme ça. Évidemment, au cours de l'année, on faisait bien quelques petits voyages dont je vous parlerai... Mais l'essentiel, l'activité la plus importante pour nous qui étions loin de notre pays, c'était de nous rencontrer, et, tout en prenant un petit coup bien agréable, nous en profitions pour échanger des idées. Je vous ai présenté mon boy mais nous avions aussi une fatou qui s'occupait surtout du lavage et du repassage ainsi que du ménage des chambres. Elle ne venait pas à temps plein. Comme notre boîte contenant la machine à laver (avec tordeur) que nous avions expédiée du Canada s'était perdue en chemin entre Libreville et Saint-Louis, la fatou s'occupait du lessivage. C'est une technique française qui consiste à faire bouillir le linge dans une lessiveuse. Celle-ci ressemble à un percolateur. Quand l'eau savonnée (et même javellisée pour le linge blanc) bout, elle monte dans un tuyau central vertical et retombe sur le linge. À Saint-Louis, notre cour intérieure en ciment était le lieu privilégié pour cette activité. Pour le séchage, des cordes étaient tendues sur la terrasse du toit. Avec le soleil continuel, le séchage n'était pas une traînerie. Ensuite, la fatou devait repasser avec le fer électrique que nous avions acheté (fonctionnant sur le 220). Voici une photo de notre fatou: Et voici une photo de nous deux alors que nous étions à Saint-Louis. Je m'étais laissé pousser des favoris spéciaux: je devais avoir besoin d'un signe distinctif... Je remets ici la carte du Sénégal en plus gros pour que nous puissions bien voir les noms des différentes villes et villages alors que nous avons fait un voyage de camping dans le sud du pays. Ça devait être pendant le congé de Pâques. Vous auriez dû voir comment la pauvre petite 4L était chargée. Nous deux, les 2 enfants et le boy et, en plus, 3 tentes, de la nourriture non périssable pour plusieurs jours et tout ce que comprend un équipement de camping: poêle à naphta, vaisselle, ustensiles, etc. Sur place nous pouvions nous procurer fruits et poisson très facilement. Nous sommes donc partis tôt de Saint-Louis car nous avions l'intention de faire tout le trajet dans la même journée. Nous avons pris la route de Louba, puis Diourbel, Kaolak, puis sommes descendus du côté est pour ne pas avoir à prendre un gros traversier pour traverser le fleuve Gambie, dans la Gambie. Grosse différence dans la Gambie, qui est une ancienne colonie anglaise: les maisons sont éloignées du chemin, les pelouses sont bien découpées et clôturées, beaucoup plus de verdure...et tout est en anglais. Mais il n'y a pas de problèmes de douanes en traversant ce petit pays pour nous rendre dans le sud du Sénégal. On s'aperçoit que plus en descend vers le sud, plus la végétation devient dense. Nous voyons beaucoup de baobabs, dont certains sont immenses, surtout dans et autour des villages. Presque tous les villages ont des manguiers et des mangues sont à vendre tout le long du parcours. On rencontre souvent des ânes, des chèvres (dont certaines grimpent même aux arbres dont les branches du bas ne sont pas très hautes: elles vont manger les feuilles), des zébus, des moutons sans laine. Nous avons entendu parler de phacochères (genre de cochon sauvage qui était prisé des chasseurs; je crois qu'aujourd'hui ils sont protégés), mais nous n'en avons jamais rencontrés des vivants. Certains champs exhalaient un fort parfum de vanille que nous humions avec délices. Nous avons rarement vu des arbres sans feuilles. Elles tombent et sont remplacées par d'autres au fur et à mesure... Nous sommes donc descendus jusqu'à Zigenchor, puis Oussouye. Destination: Diembering. C'est là que nous avons fait du camping sauvage sur la plage. Soleil continuel, eau de mer toujours calme à cause des dunes du large, sable blanc et propre, végétation luxuriante, boy pour nous faire servir, camaraderie des enfants avec les autres enfants présents, possibilité de pêcher, bref, lieu idéal de repos. C'est à cet endroit aussi que nous avons acheté 2 petits perroquets verts que nous emmènerions au Canada lors de nos vacances suivantes, perroquets qui firent la joie d'une tante de Jeanne d'Arc pendant plusieurs semaines. Malheureusement, un jour, ils oublièrent de fermer la porte de la maison et l'oiseau s'est enfui...pour ne jamais revenir. Peut-être est-il retourné à Diembering, son paradis... Je reviens parce que j'ai pensé, pendant mon dîner, à des choses que j'avais oubliées. La partie sud du Sénégal se nomme la Casamance. Notre boy, Sane, venait de cette région. C'est bien pour cela qu'il était enchanté de venir en voyage avec nous. Nous lui avons donné une couple de jours de congé pour qu'il puisse aller visiter sa famille pendant que nous étions en camping. Nous avions notre propre tente, de marque Thermos (pop tent), les enfants en avaient une petite, juste bonne pour dormir et notre boy avait la sienne. Cette tente que nous avions, un Libanais (pharmacien) nous l'a achetée lors de notre retour au Canada ainsi qu'une chaise berçante à roulements à bille que nous avions apportée du Canada. La tente, il voulait s'en servir lors de ses parties de chasse au phacochère. Quant à nous, ça nous faisait des bagages de moins à rapporter et ça nous donnait de l'argent liquide, à la fin, pour acheter nos victuailles sans être obligés de faire des virements de notre compte en banque canadien. Nous n'étions pas les seuls sur la plage pour faire du camping. Plusieurs Français et quelques autres Québécois y étaient aussi. Certains campaient en utilisant leur 2CV. Ils en avaient enlevé les sièges pour s'en faire des sièges de plage et, la nuit, dormaient dans la bagnole (la vie privée, c'est important!!!). Si j'ai bien compris les explications qu'on m'a données, c'est en cet endroit qu'il y aurait un Club Med maintenant. Si c'est vrai, ils ont vraiment choisi l'endroit idéal. J'espère qu'ils n'ont pas trop "déviargé" l'endroit. Dans la plupart des villages que nous avons traversés pendant ce voyage, nous n'avons pas remarqué de résidences typiquement africaines. Nous voyions plutôt des bâtiments en ciment comme dans les villes. Peut-être étaient-elles cachées derrière les maisons situées près de la route principale. Nous avons vu de ces huttes avec toit en chaume, mais seulement dans des villages très reculés. Zégale, je ne sais pas de quelle inondation tu parles. Ça me surprendrait beaucoup qu'il y ait des inondations au Sénégal. C'est un pays semi-désertique ayant très peu d'eau...et où il ne pleut presque pas, sauf pendant notre été... À moins que l'océan se mette à monter... Quant au parfum de la vanille, je n'ai jamais pu mettre le doigt sur la plante elle-même. Il y avait beaucoup d'arbustes dans le champ. D'après ce que je lis dans le dictionnaire, le vanillier est une liane dont le fruit est une gousse d'environ 10 pouces de longueur et de la grosseur d'un petit doigt. Est-ce qu'on faisait circuler ces lianes d'une arbuste à un autre, je n'en sais rien. Pardonnez mon ignorance. S'il y en a parmi vous qui savez de quoi il s'agit, ne vous gênez pas pour nous l'expliquer. Moi, tout ce qui me revient, c'est ce parfum de vanille, très fort et fort envoûtant...Chose curieuse, le dernier parfum que ma femme s'est acheté sent la vanille. Elle l'utilise chaque fois qu'elle va travailler pour Minçavi... Je n'ai pas vu cette nouvelle. J'ai entendu parler d'inondations au Mozambique...et de grands vents de 170km/h en Australie. On a parlé de l'élection au Sénégal qui va requérir un 2ème tour de scrutin. Ils ont alors parlé de la Casamance: c'est là que nous sommes allés faire du camping. Abdou Diouf, celui qui est président depuis 19 ans, il y a des fois où je me demande si je ne l'aurais pas eu en classe. Ce nom-là me dit quelque chose...J'ai déjà eu un Abdou Diouf en classe. Mais ça, va donc vérifier...Je regarde des photos de groupes où noirs et blancs sont mélangés et ça ne me dit rien du tout: je ne m'en souviens pas (peut-être quelques très vagues souvenirs: étrange!) Pendant ma première année à Saint-Louis, j'ai rencontré, à un moment donné, un certain capitaine Diagne qui travaillait pour l'armée sénégalaise. Il avait eu vent de mes capacités en musique et m'a demandé si j'accepterais d'organiser une chorale avec des jeunes de la base militaire. Aimant à relever des défis et adorant la musique, j'ai accepté. Je me suis préparé quelques chants à 4 voix dans un vieux livre que j'avais apporté du Québec. "Nobody knows the trouble I've seen", "Vive la Compagnie", etc. Quand je suis arrivé là la première fois, la première chose que j'avais à faire était de vérifier les voix pour pouvoir les classer en soprani, alti, ténors et basses. Certains jeunes pouvaient utiliser une "petite" voix mais la plupart avaient déjà commencé à muer et ça les gênait un peu de chanter "comme des filles". Je leur ai vanté la beauté d'une voix enfantine de garçon, beaucoup plus agréable qu'une voix de fille, etc. (excusez-moi, mesdames: je prenais tous les moyens du bord pour les amener à participer, ha ha). Ensuite, il m'a fallu leur montrer notre gamme: do, ré, mi, fa, sol, la, si, do (ôte-moi la puce que j'ai dans l'dos). Ils ne la connaissaient tout simplement pas pour la plupart. Je démarrais vraiment à zéro... Et le rythme, alors? Je croyais bien pouvoir utiliser leur sens inné du rythme... Déception. Il a fallu que je leur montre ça aussi...en les faisant danser sur place...Bien sûr, ils pouvaient avoir un rythme, mais pas nécessairement celui que je voulais qu'ils aient... Une qualité (?) qu'ils avaient et qui faisait mon affaire, c'était leur capacité de répéter la même phrase musicale indéfiniment, jusqu'à ce que je leur dise d'arrêter: 10 fois, 20 fois, 50 fois; ils ne se tannaient pas. Alors, j'allais voir les soprani, je leur enseignais la première phrase musicale d'une chanson jusqu'à ce qu'ils la maîtrisent parfaitement. Tout se faisait oralement: pas de feuilles. Ils ont une forte tradition orale et, donc, une merveilleuse mémoire auditive. Quand ils la savaient par coeur, je leur demandais de continuer à la chanter. J'allais alors voir les alti et, en même temps que les soprani chantaient leur partie, je chantais (avec une petite voix...) la partition des alti. Ils m'écoutaient attentivement et ce n'était pas tellement long qu'ils arrivaient à chanter la même chose que moi. Je leur demandais à leur tour de continuer à répéter leur première phrase musicale, les soprani continuant toujours à chanter leur partie. J'allais alors voir les ténors, et j'utilisais le même processus, et ainsi de suite avec les basses... Puis, on passait à la 2ème phrase musicale. Quand celle-ci était maîtrisée, on enchaînait la première et la deuxième phrases. À la fin d'une soirée de pratique, j'étais tout simplement épuisé, mais heureux du progrès accompli. Au début, j'écrivais les paroles au tableau. Quand le capitaine Diagne a vu mon écriture au tableau, il m'a dit: "Moi, si j'écrivais bien comme ça, je serais certainement ministre"... Quand une pièce était sue en entier, je passais aux nuances, à l'expression faciale, etc. À la fin de la première année de travail acharné, on m'a demandé de faire chanter ma chorale en public lors d'une cérémonie officielle (je ne me souviens plus laquelle). Nous avons alors chanté 3 ou 4 pièces. Ce fut très apprécié. Le plus grand compliment m'est venu d'une française quand elle m'a dit: "Je ne croyais pas qu'il était possible de faire donner des nuances à des Africains et de leur faire utiliser une voix de tête..." Quelqu'un m'a pris en photo pendant que je dirigeais ce petit concert: La deuxième année, on a confié le groupe que j'avais si bien démarré à un coopérant suédois qui arrivait au Sénégal... Je n'ai pas insisté... Eh bien! Dianne, j'ai aussi eu l'occasion, à Saint-Louis, de rencontrer un certain Monsieur North qui, avec toute sa famille (femme et 3 enfants) jouait régulièrement de différentes sortes de flûtes. J'ai eu le plaisir de me joindre à eux. Comme ils avaient besoin d'une flûte alto, je me suis mis à l'apprendre juste pour être capable de me joindre à eux. C'est tellement agréable de jouer dans un ensemble. J'ai aussi eu le bonheur de rencontrer le curé de la cathédrale, le père Peeters (j’ai appris plus tard qu’il avait été nommé évêque). Il avait lui-même monté au complet un orgue à tuyaux dans le jubé de sa cathédrale et, de temps en temps, je pouvais aller pratiquer pour m'amuser. Je lui aidais aussi dans ses décorations à l'occasion des grandes fêtes (j'étais très catholique dans ce temps-là). De temps en temps, j'allais jouer des morceaux de flûte avec accompagnement d'orgue pendant certaines messes. Il m'avait vendu des flûtes de bois et une flûte ténor en matière plastique. Celle-ci était cassée et j'avais réussi à la réparer avec de l'époxy. Je lui avais aussi acheté une flûte ténor en bois, que j'ai encore, d'ailleurs: je n'en joue malheureusement pas souvent maintenant. Il faudrait organiser un groupe pour que ces flûtes servent vraiment... Tout ça pour dire que, grâce à l'absence de télé et même de radio, l'Afrique a été pour moi l'occasion de développer des talents musicaux et d'autres talents artistiques. Avec ce père Peeters, j'ai réalisé des oeuvres en céramique sur tuiles. J'ai aussi eu l'occasion, pendant une certaine convalescence après une jaunisse, de faire quelques toiles sur de la jute tendue sur des cadres fabriqués par des Africains... La prochaine fois, je vous raconte notre dernier party de la Saint-Valentin. Très cela!!! C'était notre dernière année au Sénégal. Nous avions pris sur nous d'organiser notre party à l'occasion de la Saint-Valentin. Pendant la semaine qui a précédé le party, Jeanne d'Arc et moi avions entrepris de décorer la maison pour l'occasion. Il fallait fabriquer nos décorations nous-mêmes car il aurait été bien difficile d'en trouver dans les magasins locaux. Nous avions découpé des coeurs de toutes grandeurs dans du feutre autocollant doré ou rouge et nous en avions collé un peu partout. Au plafond, nous avions suspendu un paquet de coeurs de toutes les couleurs, découpés dans du carton. Nous avions aussi suspendu des "balounes" (baudruches) pleines de confettis que nous avions l'intention de crever lors de la marche nuptiale que nous voulions leur faire exécuter pendant le party. C'est en posant ces décorations que je suis tombé de l'escabeau et me suis cassé 2 métatarses. J'ai dû endurer un plâtre pendant un mois et je n'ai pas pu danser à mon goût au party... Qu'importe, le party a eu lieu quand même. Les couples sont arrivés vers les 18:00 heures, tous déguisés, qui en Tarzan et Jane, qui en Cupidon et ???Cupidonne...???, qui en Prince et en Princesse (je ne me souviens pas des autres). Le party a commencé petit à petit par des apéritifs et des amuse-gueule. Notre boy était de la partie pour servir, bien sûr. Avant de passer à table, nous avons fait notre fameuse marche au son de la marche nuptiale de Mendelssohn et tous les couples se sont embrassés sous une baloune éclatante de confettis. Nous avons levé nos verres à la santé de l'amour. Le repas était un buffet froid et chaud à la québécoise. Nous avions de la vraie relish et du vrai ketchup que nous avions apportés dans nos grosses caisses et nous avions de bons hot dogs. Nous ne pouvions pas trouver de pains à hot dogs comme ici. J'en ai donc fait fabriquer par le boulanger local (ça ressemblait plus à du pain français mais c'était quand même très bon). Nous ne pouvions pas trouver de saucisses à hot dogs non plus. Je suis donc allé voir le boucher et il m'a confectionné lui-même des saucisses. Les Français ne connaissaient absolument rien aux hot dogs dans ce temps-là. Pour nous, ce soir-là, c'était comme une traite bien spéciale de pouvoir manger des hot dogs ou des hamburgers...et des frites. La table était pleine de bien d'autres mets aussi. Entre chaque mets, les couples allaient danser dans la grande salle de séjour. J'avais préparé des bandes de musique spécialement choisie pour la Saint-Valentin. Il y en avait pour plusieurs heures. Bien sûr, avec mon plâtre, je ne pouvais danser que sur une jambe... Comme tout bon party qui se respecte en Afrique, ça ne se terminait pas avant 3 ou 4 heures du matin. Ce fut l'un des 13 parties organisés au cours de l'année. Je me souviens entre autres d'un "crazy hat party" où il fallait se présenter portant sur la tête un chapeau original de notre confection. Des prix étaient attribués aux meilleurs chapeaux, ce qui était décidé par le vote des gens présents. Une autre coutume que nous avions pendant les parties où on servait du champagne, c'était de faire tirer au hasard le bouchon et le panier de chaque bouteille. Les nouveaux couples ainsi formés devaient toujours garder ce bouchon (pour l'homme) et ce panier (pour la femme). N'importe lequel des deux pouvait demander à l'autre de mettre le bouchon dans le panier et si l'un des deux ne portait pas le bouchon ou le panier sur lui (sur elle), le fautif (la fautive) devait offrir une bouteille de champagne à l'autre. C'est ainsi qu'un beau jour, une des femmes a crié à un homme sur la rue: "Hé! Veux-tu mettre ton bouchon dans mon petit panier?" Quand l'homme s'est retourné et qu'elle s'est aperçue que c'était un parfait inconnu, elle en a rougi de honte...mais a quand même réussi à s'expliquer avec l'homme en question, ha ha... Les 2 célibataires ne disposaient pas de suffisamment d'espace dans leurs logements respectifs pour inviter tout ce monde dans leurs logements. Ils organisaient donc la fête dans un hôtel et payaient la note. À première vue, le coût d'un party pouvait paraître très cher, mais comme ça donnait droit à 12 autres fêtes, ça n'était pas cher du tout. Si je vous ai conté tout ça, c'est pour vous expliquer comment la camaraderie entre les coopérants canadiens nous a beaucoup aidés à jouir d'un séjour fort agréable en Afrique pendant les 5 années que nous y avons passé. Tu as raison, Ram. Tu vois, ce soir, nous étions invités à prendre les dessert chez nos voisins. Pas de télé, pas de radio, pas de musique, rien que nos voix. Chacun avait des choses intéressantes à dire, on sentait la chaleur humaine dans la communication: ça vaut bien des programmes de télé. Il nous a fallu aller en Afrique pour réapprendre à vivre. Malheureusement, on est encore portés à oublier tout ça. Vous raconter nos années en Afrique m'y fait repenser. Espérons que ça vous y aide aussi. Après notre séjour à Libreville où j'ai oublié de vous parler de l'arrivée des petits Biafrais tout maigres avec des gros ventres...pendant notre vacance au Canada, nous en avions profité, Jeanne d'Arc et moi pour aller faire un voyage dans l'ouest canadien. Nous nous étions rendus à Edmonton en train, à partir de Cornwall (nous avions réservé une chambrette longtemps d'avance), et à Calgary en autobus. Là, nous avions loué une Pontiac Parisienne ($100 par semaine, millage illimité) et nous étions partis vers le Lac Louise, puis nous étions montés jusqu'à Prince Rupert pour rendre visite à des amis de nos amis. Nous étions ensuite allés à Vancouver, puis sur l'île de Vancouver, à Victoria, etc. etc.. Je vous fais grâce de ce voyage. Je continue à vous parler de ma dernière année en Afrique, au Sénégal (ce qui me revient à la mémoire et que je crois être d'un certain intérêt), puis je devrai ensuite laisser la place à un(e) autre. J'ai bien assez pris de votre temps. Je vous avais parlé du plâtre que j'ai dû porter pendant un mois après le party de la Saint-Valentin. À peu près une semaine avant la date limite, je me sentais très fatigué et j'ai avisé le proviseur que je ne pouvais plus aller enseigner, que je me sentais trop fatigué et que j'avais de plus en plus de difficulté à traîner mon plâtre... Une journée avant d'aller faire enlever ce plâtre, j'ai commencé à uriner brun foncé. J'en ai donc avisé mon médecin qui m'a fait savoir que je faisais une jaunisse (un ictère, qu'il m'a dit) (et que c'était une maladie virale) et que je devais immédiatement m'installer à l'hôpital sinon qu'il refusait de me soigner. Ça me faisait vraiment mal, cette jaunisse...J'ai donc déménagé à l'hôpital de Saint-Louis. Quand nous avons vu l'état dans lequel était la chambre que j'allais occuper pendant "un mois" (que le médecin avait prédit), ce fut le branle-bas général de la part de notre boy et de Jeanne d'Arc pour laver les murs à hauteur de bras et le sol (on pouvait clairement voir la ligne de démarcation laissée sur le mur entre la partie propre et la partie foncée). Ensuite, nous avons décoré les murs avec des paysages des Montagnes Rocheuses canadiennes. La première semaine, Jeanne d'Arc n'avait pas à me préparer de repas: j'étais au jeûne total et je devais rester couché sur le dos en tout temps (je n'étais d'ailleurs pas du tout capable de bouger sur un côté ou sur l'autre: quelle douleur!) Je buvais de l'eau toute la journée et on me nourrissait de manière intraveineuse. Au bout d'une semaine, le médecin m'a permis de commencer à manger un peu. Si je me souviens bien, j'avais le droit de manger du spaghetti avec du beurre dessus: moi qui pensais que le beurre était mauvais pour le foie. Ça devait être OK puisque c'est ça que j'ai mangé pendant une bonne semaine. C'était toujours Jeanne d'Arc qui m'apportait mes repas. Nous avions vu ce qui se servait à l'hôpital, comment c'était servi et, bien sûr, nous n'aurions pas osé même y toucher... La troisième semaine, ma nourriture est redevenue un peu plus variée et mon urine a recommencé à avoir une couleur de moins en moins brune. Après 3 semaines, j'avais tellement bien répondu au traitement que le médecin m'a permis de retourner à la maison mais il m'a prescrit le repos total et l'abstinence totale de toute boisson alcoolisée pendant au moins 3 mois... Je lui ai donc obéi. Je ne tenais pas à mourir, surtout loin de ma famille et de mon pays. Je crois que je ne suis retourné enseigner que pour les 2 derniers mois...Entre temps, je m'occupais à faire des peintures pour un ami qui m'en demandait. Il m'avait fourni tout le matériel et il ne me restait plus qu'à m'amuser... Plusieurs fois, pendant notre séjour à Saint-Louis, nous avons fait des petits voyages à l'intérieur du pays. Au moins 3 fois, nous étions descendu à Dakar en petit avion. Un de nos copains coopérants canadiens d'origine suisse devait piloter un certain nombre d'heures pour pouvoir garder son permis de pilote. Il nous offrait donc de nous transporter à Dakar pour le prix de l'essence partagée à 3 ou 4 selon le nombre que nous étions dans l'avion. J'ai trouvé cette expérience très intéressante, car nous ne volions jamais à une altitude supérieure à 5000 pieds. La plupart du temps, nous volions à 2000 pieds et, comme au Sénégal le ciel est toujours sans nuages, nous pouvions voir le paysage de façon très claire. Nous longions presque toujours le littoral de l'Atlantique, ce qui rendait le paysage encore plus exotique. Nous faisions ce trajet en moins de deux heures. Une autre fois, nous avons décidé d'aller faire un tour à Nouakchott, en Mauritanie. Nous avons fait le trajet en auto. Il fallait passer par Richard Toll, puis monter. En certains endroits, nous pouvions voir de l'eau et, surtout, une multitude d'oiseaux de toutes sortes. C'était presque toujours en terrain plat. Je ne me souviens pas d'avoir vu de montagnes au Sénégal. Oh! il y avait bien une curieuse de colline quand nous arrivions à Dakar. Nous nous demandions bien ce que ça pouvait être... et nous avons appris qu'il s'agissait d'arachides. Le Sénégal est en effet un grand producteur d'arachides. Ses terrains sablonneux sont favorables à une telle culture. Vous savez sans doute que l'arachide pousse sous terre, un peu comme des pommes de terre mais en plus petit. Et dire que nous n'avions pas de beurre d'arachides là-bas...Avec ce que je sais aujourd'hui, j'en aurais fabriqué: c'est tellement simple! Pour en revenir à la Mauritanie, ça ressemblait un peu au Sénégal, sauf qu'il y avait de moins en moins d'arbres au fur et à mesure qu'on montait vers le nord: ça devenait de plus en plus désertique. Du sable, du sable et du sable! On pouvait voir des dromadaires par-ci, par-là. Il paraît que ces régions étaient autrefois très verdoyantes et que c'est à cause de la religion musulmane que certains pays sont devenus tout simplement désertiques. Cette religion requiert, 3 ou 4 fois par année, que l'on immole un mouton ou une chèvre. Juste au Sénégal, à ce que j'ai entendu dire, on avait immolé 180 000 bêtes en une seule fête (ou était-ce en une seule année???). 180 000 bêtes, ça en mange de la verdure!!! Et les musulmans ne se donnent pas la peine de replanter ou d'ensemencer à nouveau. Allah va y voir...Et si Allah n'y voit pas, comme ce fut le cas dans l'histoire...eh bien! on déménage où il y a de la verdure et on recommence... Le soleil se charge de brûler la terre qui a été nettoyée de sa verdure et le désert s'agrandit. Je ne sais pas si depuis ce temps on a réussi à le leur faire comprendre...Je sais qu'il y a eu beaucoup d'efforts faits dans ce sens. Nous avions des amis à Dakar et quand nous avions une longue fin de semaine, nous en profitions parfois pour descendre les visiter. Et ils nous emmenaient voir différents sites aux alentours de Dakar. Je crois qu'au Cap Vert, il y avait une belle plage où nous pouvions nous baigner dans l'océan. Il fallait être prudent car le fond de l'eau était plein d'animaux ou de plantes marines pas trop intéressantes (oursins, méduses). Près de la plage on pouvait fréquenter un bar restaurant tenu par des Français: nous y allions bien volontiers. Un autre endroit qu'ils nous avaient fait visiter, ce fut Popenguine (voir la carte). Je crois que c'est à cet endroit qu'on peut louer des cases africaines installées près de la plage. Plusieurs allaient y passer leurs congés pour vraiment prendre ça "easy" et relaxer, se contentant de manger, de se faire chauffer la couenne au soleil, de se baigner, de jouer au volleyball sur la plage et de pêcher: une vie en maillot de bain, sans cérémonie. Nous y avons passé une journée avec nos amis et nous l'avons fort appréciée. D'autre Québécois enseignaient à Thiès. C'est là que j'ai rencontré un ancien collègue de travail que j'avais connu à Valleyfield. Ça m'a quelque peu surpris et réjoui en même temps car c'était un bonhomme que j'admirais beaucoup. Mais voilà! Je me suis aperçu qu'il était en train de vivre une dépression très profonde. J'ai même cru bon en avertir l'ambassade pour qu'ils le prennent en charge avant qu'il ne fasse une bêtise irréparable. Que voulez-vous? Ce type, d'après des tests passés à l'université, possédait un vocabulaire d'environ 50 000 mots anglais. De plus, il jouissait d'une culture universelle très étendue. Au Québec, il possédait une Porsche qu'il rafistolait lui-même. Il conduisait aussi un petit avion dont il faisait lui-même la mécanique. Ses connaissances musicales étaient aussi très étendues. Imaginez donc ce type éminemment "calé" devoir enseigner les rudiments de l'anglais à des pauvres Africains de bonne volonté mais combien en retard sur notre civilisation. L'écart était trop grand pour sa bonne volonté et il était en train de déprimer à tour de bras, pensant sérieusement à s'enlever la vie... J'ai appris un peu plus tard qu'on l'avait rapatrié à temps et qu'on s'était occupé de lui donner au Canada les traitements dont il avait besoin. Quand approcha la fin de notre séjour en Afrique, il fallut s'occuper de faire fabriquer nos caisses pour rapporter tous nos bagages. J'avais acheté une table à café et quatre guéridons en teck massif. La table pesait 114 livres et chaque guéridon en pesait 17. J'avais aussi le système de son que j'avais acheté d'un copain avec un meuble en acajou pour le loger (meuble fabriqué au Cambodge où il avait enseigné). J'avais aussi quantité d'objets d'art en bois, en ivoire, en pierre etc. Des tableaux...Quantité d'objets que nous n'avions pas vendus et que nous voulions rapporter. Tout était payé par l'ACDI. Ça faisait partie de notre contrat. Comme il nous fallait retrouver un emploi à notre retour au Canada, nous avions obtenu l'autorisation que femmes et enfants partent environ un mois d'avance, une fois les classes terminées. Quant à nous, les hommes, notre contrat devait se terminer vers le 21 juillet. Nous devions nous présenter à Dakar pour les corrections d'examens. J'ai donc tout réglé ce qui avait trait à Saint-Louis. J'ai vendu voiture, tente, chaise berçante, etc. Ça me faisait de l'argent comptant pour passer le dernier mois. Je suis ensuite descendu à Dakar chez un ami et nous avons passé les derniers moments d'Afrique ensemble. Lui, il devait faire presque tout le travail que la directrice (une Africaine) ne savait pas faire: organiser les examens, leur correction; faire des rapports au ministère de l'éducation, etc. Lorsqu'est venu le jour du départ définitif du logement pour aller prendre l'avion qui nous ramènerait à Paris, nous avons acheté une bonne bouteille de Dom Pérignon et 2 coupes. Nous l'avons vidée dans la joie et, sans nous retourner, nous avons lancé nos coupes de cristal derrière nous et, sans nous retourner, après avoir entendu le bruit clair du bris du cristal sur le sol, nous avons quitté définitivement notre dernier appartement en Afrique... Notre dernière journée passée à Paris fut mémorable. Un ami français de mon ami de Dakar nous y attendait. Nous sommes allés aux Champs Élysées, nous avons aussi bu et mangé dans un restaurant tenu par une de ses tantes: il y avait là un piano où je m'en suis donné à coeur joie pour jouer toutes sortes de morceaux personnels et plusieurs improvisations. Nous sommes allés assister à un spectacle grandiose. Était-ce le Crazy Horse Saloon??? Je sais que de très belles et très nombreuses danseuses dansaient dans leur plus simple appareil sur une musique genre can-can... Nous avons couché chez cet ami et, le lendemain, il est venu nous reconduire à l'aéroport. J'avais oublié chez lui de très belles photos prises en Afrique. Je lui ai laissé mon adresse au Canada pour qu'il me les expédie...Je ne les ai jamais revues... Notre dernier retour Paris-Montréal s'est effectué en Boeing 747. Nous étions 65 passagers à bord d'un aéronef pouvant en contenir 345. Nous pouvions facilement utiliser trois sièges pour nous étendre à volonté. Et voilà! L'Afrique n'était plus désormais qu'un souvenir mais avait contribué à changer bien des choses dans ma vie. J'avais maintenant une vision beaucoup plus élargie du monde qui m'entoure... Merci de votre attention... Si vous avez des questions, je me ferai un plaisir de vous répondre. Bye. Un autre de mes sites sur le web est ici
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