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| Tonga Soa | Exemple de Hainteny| Leonard FOX | Rabearivelo | Ranaivo | Paulhan | Ramiaramanana | Bibliographie
Moins
connu que Rabearivelo ou Rabemananjara, Flavien RANAIVO naquit a Arivonimamo,
le 13 mai 1914, au coeur du pays d'Imerina, d'un pere qui fut, pendant
quelques annees, gouverneur d'Arivonimamo. Il a passe son enfance, comme
il l'ecrit lui-meme, "a Tananarive et dans sa banlieue, entre les hautes
murailles de laterite, sous les arceaux des manguiers, a travers les sentiers
accroches aux pentes abruptes, qu'abritent mal les lilas de Perse de leurs
branches nues elevees vers le ciel comme pour implorer des dieux invisibles".
Il apprit la musique avant l'alphabet et n'alla pas a l'ecole avant
l'age de huit ans.
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Choix | Contre-Chant | Hotes | Chant
pour deux valiha | Il est des baisers | Vulgaire
chanson d'amant | Vieux
theme merina | Epithalame (traduction d'un
kabarim-panambadiana)| Regrets | Secret
- Quelle est celle qui fait claquer ses pas sur la terre ferme?
- C'est la fille du nouveau chef de mille
- Si c'est la fille du chef de mille,
dites lui que tombera bientot la nuit
et que je troquerai des amours corallines contre un soupcon d'amitie
- Quelle est celle qui vient du nord?
- C'est la soeur de la veuve au parfum de jamerose
- Dites lui d'entrer sans retard,
je lui preparerai une franche lippee.
- Elle n'en goutera point, que je sache:
elle ne prend qu'eau de riz,
non parce qu'elle a soif
mais caprice a votre egard.
- Quelle est celle qui fait claquer ses pas sur la terre ferme?
- C'est la fille du nouveau chef de mille
- Si c'est la fille du chef de mille,
dites lui que tombera bientot la nuit
et que je troquerai des amours corallines contre un soupcon d'amitie
- Quelle est celle qui vient du nord?
- C'est la soeur de la veuve au parfum de jamerose
- Dites lui d'entrer sans retard,
je lui preparerai une franche lippee.
- Elle n'en goutera point, que je sache:
elle ne prend qu'eau de riz,
non parce qu'elle a soif
mais caprice a votre egard.
Ne m'offrez pas de l'amour-a-grands-bruits,
car je vous en rendrais un tout minuscule.
Si vous suivez le sentier tortueux,
je remonterai le cours-d'eau-aix detours-tout-en-angles.
Ne soyez orgueilleuse d'un chale a grand'largeur,
ne prenez l'importance de celle-qui-herite-d'un-lopin-de-terre
car ne serai un vaincu
quand bien meme vous me repousseriez.
Germe rapidement la citrouille,
mais elle vrille au bout d'un empan.
Ne vous parez devant moi d'un chale de fierte:
je suis la glace biseautee
qui rendrai replique egale;
ne vous couvrez non plus d'un chale bigarree
car puissante est la nuit;
elle ternit jusqu'aux brillants tissus de soie.
Ne m'invitez pas chez vous
pour me laisser debout
a demi adosse au chambranle d'entree:
le seuil a franchir,
et je retrouverai une proche
parente.
- Quelle est celle qui fait claquer ses pas sur la terre ferme?
- C'est la fille du nouveau chef de mille
- Si c'est la fille du chef de mille,
dites lui que tombera bientot la nuit
et que je troquerai des amours corallines contre un soupcon d'amitie
- Quelle est celle qui vient du nord?
- C'est la soeur de la veuve au parfum de jamerose
- Dites lui d'entrer sans retard,
je lui preparerai une franche lippee.
- Elle n'en goutera point, que je sache:
elle ne prend qu'eau de riz,
non parce qu'elle a soif
mais caprice a votre egard.
-Puis-je entrer, Homme-aux-pensees-d'ambre?
- Que je meure avant vous, o Parcelle-de-ma vie:
debordera le lac que je tiendrai au sec votre place a mes cotes.
-Point n'est mon intention.
Le joueur de valiha contemple le grand ciel d'ete;
voit-il oiseau qui passe:
"J'en ferai mets qui flatte le gout."
- Les vains propos, o Princesse-des-idees-noires,
seuls deroutent les ames en peine.
-Fut-il jacent, je ne convoite nul tissuu des parfums.
- Ne le dedaignez pas non plus : se parfile un tissu.
- Ne voudrais m'enliser
comme engame un poisson.
Pauvre fleuron de reves blancs :
cinq fois vous avez effeuillE la patience,
cinq fois vous avez perdu.
Chant pour Deux Valiha
(dedie a Leopold Sedar Senghor)
Voici venir la nuit,
la nuit de la forêt:
comment t'abriteras-tu
de ses tracasseries?
E éniah o é éniah
é:
Ansi dansent les ingénus
Je planterai ma hutte
au sommet de la colline,
la colline inviolée
par la nuit de la forêt
E éniah o, é
éniah é:
Ainsi dansent les ingénus.
Perverses violâtres,
des chauves-souris
pendillent aux branches de
la nuit,
la nuit de la forêt.
E éniah o,é éniah
é
Ainsi dansent les ingénus.
Passagères les transes,
et dès demain matin
le hâle fanera
les chansons éclatantes.
E éniah o é éniah
é
Ainsi dansent les ingénus.
Il est des baisers
Il est des baisers longs, comme
celui premier au creux du rocher ;
des baisers legers, ceux
que je happe aux levres trop tot colorees,
au sortir d'une etreinte ;
des baisers furtifs,
comme celui des separations ;
des baisers profonds,
comme ceux que l'on prend paisiblement ;
des baisers suaves, ceux
que l'on echange dans la serenite ;
des baisers d'oiseaux
ceux de la symbiose ;
des baisers doux, ceux
de la coupe-aux-litchis ;
des baisers tristes,
ceux des moments de chagrins ;
des baisers de delire,
ceux que l'on donne en tremblant ;
des baisers du paradis,
lorsque tes mains caressent mon visage
et s'egarent dans mes
cheveux bleus ;
mais il est un baiser
de reve : la reconciliation.
Vulgaire chanson d'amant
Ne m'aimez pas, ma parente,
comme votre ombre
car l'ombre au soir s'évanouit
et je dois vous garder
jusqu'au chant du coq;
ni comme le piment
qui donne chaud au ventre
car je ne pourrais alors
en prendre à ma faim;
ni comme l'oreiller,
car on serait ensemble aux
heures du sommeil
mais on ne se verrait guère
le jour;
ni comme le riz,
car sitôt avalé
vous n'y penseriez plus;
ni comme les douces paroles
car elles s'évaporent;
ni comme le miel,
bien doux mais trop commun.
Aimez-moi comme un beau rêve,
votre vie la nuit,
mon espoir le jour,
comme une pièce d'argent,
sur terre ne m'en sépare,
et pour le grand voyage
fidèle compagne;
comme la calebasse,
intacte sert à puiser
l'eau,
en morceaux, chevalets pour
valiha.
Vieux theme merina
Germent les plantes
Poussees par les racines, et
je viens jusqu’a vous pousse par mon amour.
Aux cimes des grands arbres,
cherie
L’oiseau termine son vol :
Mes courses ne s’achevent que
ne sois pres de vous.
Trebuchent, trebuchent les
eaux de Farahantsana, cheri
Sans se faire d’entorses;
Elles tombent, elles tombent
sans se briser.
Mon amour pour vous , cherie,
Ressemble a de l’eau sur la
greve:
J’attends qu’elle tarisse,
il en vient davantage.
Deux amours ont grandi ensemble,
Car deux amours jumelles:
Malheur au premier qui trahit.
Adieu, cheri, adieu:
L’amour insense trompe l’oeil,
L’amour indecis rend
fou.
Car l’amour insense
Est comme le brouillard de
l’etang,
Il abonde mais ne se prend
en main.
Car le brouillard de l’etang,
cheri,
Frole puis s’enfuit
L’avoka, lui, se fixe a la
lisiere des champs.
Poussin happe par le papango,
cherie,
Le voila haut place qu’il devient
solitaire,
Le voila dans le ciel qu’il
est loin de son amour.
Nostalgie matinale engourdit;
Nostalgie, le jour, fatigue;
Nostalgie vesperale delicieuse,
Cheri, est-ce la la votre?
Notre parente, cherie,
Un grain de sable dans l’oeil:
Bien petit mais qui nous etourdit.
Notre parente, cherie,
De la vase amassee peu a peu,
Qui grande maison en briques
devient.
Hatez, hatez donc
Vos pas, cherie,
De peur que la nuit ne vous
surprenne.
Rompues mes jambes,
Mes yeux voient trouble,
Et dites a ceux de la-bas que
je n’en peux plus, cheri
La penombre a beau couvrir
la terre
Mon coeur est sous un eternel
clair de lune
Venez donc a mes cotes.
L’on me grondera chez moi,
Ma soeur ainee ne veut pas
que j’aille avec vous,
Et puis a moi, cela ne me dit
rien.
J’aime bien, mais ne peux rien,
J’aime assez, mais j’ai peur…
Je viendrai, mais accompagnez-moi,
cheri.
La porte est close, cheri
Vous arrivez trop tard, mon
amour,
L’on me grondera chez moi.
Ouvrez-moi, je vous ferai des
confidences,
Ouvrez-moi que nous parlions
ensemble,
Ouvrez-moi : je vous aime.
Close est la porte, cheri;
Mais mon coeur est ouvert.
Entrez donc, mon parent : je
vous aime.
La porte est-elle en zozoro,
cherie
Que vous la fermiez a cle?
Ouvrez-moi , car je suis las
d’attendre.
Epithalame (traduction d'un kabarim-panambadiana)
Un petit mot, Monsieur,un petit
conseil, Madame.
Je ne suis pas celui-qui-vient
souvent comme une
cuiller de faible capacite,
ni celui-qui-parle-a-longueur
de journee comme
un mauvais ruisseau a travers la rocaille,
je suis celui-qui-parle-par-amour-pour-son-prochain.
Je ne suis point la pirogue-effilee-qui-derive-sur-l'eau-tranquille,
ni la citrouille-qui-se-trace-un-dessin-sur-le-ventre,
et je ne suis a meme de fabriquer
une grande soubique,
je suis toutefois capable d'en
faire une petite.
Epi et homme sont ressemblants:
l'un l'autre, a sa facon, produit:
le premier des grains, le second
des idees.
Je ne suis pas celui-qui-danse-sans-etre-invite,
ni le-celibataire-qui-donne-des-conseils-aux-gens-maries,
car je ne suis pareil a l'aveugle
qui voit pour autrui.
Vous n'etes point sots que
l'on sermonne,
vous etes de noble descendance,
vous etes les voara au feuillage
touffu,
les nenuphars parures de l'etang.
Vous etes les-deux-amours-nees-un-jour-faste,
personne ne s'est occupe de
vous.
Vos amours ne sont point larmes-provoquees-par-fumee,
ni raisins-verts-ramollis-par-doigt-d'enfant.
Tenez a l'amour comme a vos
propres prunelles.
L'avoko fleurira-t-il trois
fois dans l'annee,
la lune aura-t-elle douze phases
dans le mois?
Que vos amours ne s'en ressentent
point.
Doux l'amour lorsqu'il ressemble
a du coton:
souple et moelleux et jamais
ne se brise.
Eau de greve:jamais ne tarit.
Sentier: frequentez-le
souvent, il paraitra plus vivant.
Ne soyez pas comme le rocher
et le caillou:
l'enorme reste muet, le petit
ne grandit.
Les boeufs sauvages se dressent,
mais ne se cache l'amour.
Les patates ne se pilent:
cuites telles quelles, elles
sont deja tendres.
L'amour est la corde humide
qui enlace le mariage.
Ainsi, faites comme les arbres
d'Ambohimiangara:
fruits eternels, branches souples.
Le conjoint comme le sel:
en grains il n'entame les dents,
en poudre il rehausse la viande.
Seriez-vous fatigues?Couchez-vous
sur le cote.
Seriez-vous ankyloses?Mettez-vous
au soleil.
Coup de bambou?Marchez sous
le ravenala.
Les pots en terre d'Amboanjobe
se cachent au bout d'une semaine,
le mariage, lui, est comme
la chair, la mort
seule la separe de l'os.
Occasions de querelle:autant
que ce sable.
Un conseil:
ne soyez pas comme le petit
chien battu par un fou
et qui crie sa douleur a tous
les environs:
les scenes de menage ne se
divulguent pas.
Toute chose a sa raison d'etre;
montagne: refuge des brouillards,
vallee: abri des mostiques,
bras d'eau: repaire des caimans;
l'homme, lui, est sanctuaire
de la raison.
Vous, jeune homme,ne soyez
pas l'homme-repute-courageux
et qui a peur de passer la
nuit tout seul dans le desert.
Desagreable la vie en poulailler:
le coq chante tandis que la
poule caquette.
Si la corde est tendue, ne
tirez davantage.
Ne suivez pas les conseils
de Colere,
sitot executes ils deviennet
regrets.
Fruits verts, ne les recoltez
pas,
ils vous rendront malades.
L'emportement ne peut porter
bien loin;
les rales s'arretent a la hauteur
du nez.
Le pire des malheurs:larmes.
Discorde: furoncle
au front, depare le visage, douloureux par surcroit.
Ne convoitez pas la coiffure
qui sied a la voisine.
Peche a la nasse:ne raclez
trop profond, vous aurez de la vase;
desir demesure vous donnera
maladie.
De la sagesse faites un lamba:
vous vous en couvrez si vivez,
si mourez, un linceul.
Ne soyez pas comme les chats:
friand de poisson, ils detestent
la nage.
Le travail est l'ami des vivants.
Travaillez donc, travaillez,
les pauvres sont des charges
pour l'humanite.
Seriez-vous beau, mais besogneux:
parlez, on vous ecoute,
en chemin vous marcherez derriere
les autres.
Car l'enfant qui ne veut travailler:
dans un verger, maraudeur;
dans la ville, quemandeur;
a la maison, de trop.
Le travail, mes amis, seul
fait l'homme.
Que la femme toute la journee
durant,
au metier s'accroupisse,
que l'homme soit dans les champs
du lever au coucher du soleil;
si procedez ainsi, et que Fortune
n'apparaisse,
ne vous desolez point,
le Seigneur-Parfume vous viendra
en aide.
Regrets
Six routes
partent du pied de l'arbre-voyageur:
la premiere conduit au village-de-l'oubli,
la seconde est un cul-de-sac,
la troisieme n'est pas la bonne,
la quatrieme a vu passer la
chere-aimee
mais n'a pas garde la trace
de ses pas,
la cinquieme
est pour celui-que-mord-le-regret,
et la derniere...
je ne sais si praticable.
Secret
A l’enfant delaisse par ses
amis je ressemble:
Seul a jouer au sable.
Mais n’ai pas encore perdu
la tramontane
Pour donner tort a celle-qui-rentre-chez-elle.
Non loin d’ici
Il est une riziere aux epis
en devenir:
Cuit a grande eau le grain
sera succulent,
A la vapeur il sentira bien
bon.
Prenez cela,
Ce sera rappeler le gout du
temps emmielle,
Prenez ceci,
Un parfum de l’absente.
Eh! Oui, ma parente,
J’apprends qu’un autre vous
a seduite :
J’en suis a ne pouvoir avaler
une seule gorgee d’eau.