L’Écriture et son Interprétation
Lycée Saliège ~ Novembre 1997
" Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur !"
Ps
95 7-8L’Écriture, la Bible, les Écritures, l’Écriture Sainte, les Saintes Écritures, les Saintes Lettres… les expressions sont diverses pour désigner ce dont nous parlons ici. Il faut les garder toutes. Matériellement, l’Écriture, c’est d’abord pour nous un livre, le livre des saintes Écritures. Un livre… formé de plusieurs livres… Les Livres,
ta biblia, (ta biblia) : la Bible. Elle comporte deux recueils distincts mais inséparables : l’Ancien Testament (AT) et le Nouveau Testament (NT). Tous deux sont divisés en plusieurs ‘Livres’. Dans le Nouveau, quatre livres sont appelés Évangiles, et plusieurs autres épîtres ou lettres. Avec, deux ‘Livres’, celui des Actes des Apôtres, qui est la suite de l’Évangile selon saint Luc, et celui de l’Apocalypse, dernier livre de la Bible. Depuis la Renaissance et afin de faciliter la référence aux textes, les livres sont divisés en chapitres et versets. La liste intégrale des Livres bibliques, constituée par l’Église, est appelée ‘Canon’ des Écritures. Elle comporte 46 livres pour l’AT, et 27 pour le NT : un livre… qui est une véritable bibliothèque !
" Quand Dieu veut parler par le secours des mots, il emploie l’Écriture. Elle est là. Qui l’ouvre, qui l’interroge ? "
Julien Green.Nous ne pouvons faire abstraction en lisant la Bible de ceci qu’elle est parole de Dieu. " La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit ". " Notre Sainte Mère l’Église, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit Saint, ils ont Dieu pour auteur et qu’ils ont été transmis comme tels à l’Église elle-même ". Mais pourquoi Dieu parle-t-il ?
Par la raison naturelle, l’homme peut connaître Dieu avec certitude à partir de ses œuvres. Mais il existe un autre ordre de connaissance que l’homme ne peut nullement atteindre par ses propres forces, celui de la Révélation divine. Par une décision tout à fait libre, Dieu se révèle et se donne à l’homme. Il le fait en révélant son mystère, son dessein bienveillant qu’Il a formé de toute éternité dans le Christ en faveur de tous les hommes. Il révèle pleinement son dessein en envoyant son Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, et l’Esprit Saint.
Il a plu a Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté
(cf. Eph 1 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Eph 2 18 ; 2 Pi 1 4). Dans cette Révélation le Dieu invisible (cf. Col 1 15 ; 1 Tim 1 17) s’adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu’à des amis (cf. Ex 33 11 ; Jean 15 14-15), Il s’entretient avec eux (cf. Bar 3 38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie.Par la Révélation divine, Dieu a voulu se manifester et se communiquer Lui-même ainsi que manifester et communiquer les décrets éternels de sa volonté concernant le salut des hommes, à savoir ‘de leur donner part aux biens divins qui dépassent toute pénétration de l’esprit humain’ . Le saint Concile reconnaît que ‘Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées’
(cf. Rom 1 20) ; mais il enseigne qu’on doit attribuer à la Révélation ‘le fait que les choses qui dans l’ordre divin ne sont pas de soi inaccessibles à la raison humaine, peuvent aussi, dans la condition présente du genre humain, être connues de tous, facilement, avec une ferme certitude et sans aucun mélange d’erreur’.Dieu parle parce qu’Il est ‘le Dieu vivant’ ; Il n’est pas comme ces idoles qui ‘ont une bouche et ne parlent pas’
(Ps 115 5) ; Il parle, et par sa Parole, Il nous manifeste concrètement sa sollicitude :" Faites-y bien attention, frères très chers : les saintes Écritures nous ont été transmises pour ainsi dire comme des lettres venues de notre patrie. Notre patrie, en effet, c’est le paradis : nos parents, ce sont les patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs ; nos concitoyens, les anges ; notre roi, le Christ. Quand Adam a péché, nous avons alors été pour ainsi dire jetés, en lui, dans l’exil de ce monde ; mais, parce que notre roi est miséricordieux plus qu’on ne peut le penser ou le dire, il a daigné nous envoyer, par l’intermédiaire des patriarches et des prophètes, les saintes Écritures, comme des lettres d’invitation, par lesquelles il nous invitait dans notre éternelle et première patrie.
Comme Parole de Dieu, cette Parole est une : " A travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui Il se dit tout entier " dit le Catéchisme de l’Église Catholique avant de citer saint Augustin :
Rappelez-vous que c’est une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Écritures, que c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, Lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a pas besoin de syllabes parce qu’Il n’y est pas soumis au temps.
Cette parole est une parole écrite par des hommes et adressée à d’autres hommes. Plus exactement une somme de paroles humaines adressées à d’autres hommes. Ces paroles nous sont transmises par écrit, au long d’une histoire très étendue, par bien des auteurs différents, chacun s’exprimant selon son temps, sa culture, son génie propre. Ces paroles portent donc le reflet de leurs époques de rédaction, des préoccupations et mentalités de leurs auteurs. Elles expriment tout ce que l’humanité peut connaître de joie, de souffrances, de blessures ; elles sont l’écho des joies et des espoirs d’un peuple, mais expriment en fait ceux de tous les peuples, de tous les hommes. Rien de ce qui est humain ne leur est étranger, elles portent, elles assument tout de ce qui nous touche et fait notre vie, elles sont susceptibles de toucher tout homme ; en cela, elles sont humaines, profondément humaines, et l’on pourrait presque en dire ce par quoi Baudelaire conclut Les Phares :
Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes, Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum, Sont un écho redit par mille labyrinthes ; C’est pour les cœurs mortels un divin opium ! |
C’est un cri répété par mille sentinelles, Un ordre renvoyé par mille porte-voix, C’est un phare allumé sur mille citadelles, Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois. |
Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge Et vient mourir au bord de votre éternité ! |
Un texte humain donc, très humain… trop humain peut-être ! Pourtant, c’est encore Dieu qui parle à travers lui : " En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels Il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, Lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement ". Parole humaine, c’est parce qu’elle est inspirée qu’elle est aussi parole de Dieu. " La vérité divinement révélée, que contiennent et présentent les livres de la Sainte Écriture, y a été consignée sous l’inspiration de l’Esprit Saint ".
" Moi, le Seigneur, j’ai dit et je fais ! " Ez
22 14.Parce que d’origine divine, cette parole est efficace. Elle n’est pas qu’une suite de mots exprimant des concepts. Elle garde la marque de son auteur en tant qu’elle est son ministre. Elle peut donc, pour peu qu’on lui prête l’oreille, être ‘efficace’, douée d’une action propre.
Elle est vivante, la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elles discerne les sentiments et les pensées des cœurs.
Si l’Écriture Sainte est la source de notre connaissance du Christ, de Dieu, la source de notre théologie et de notre catéchisme, elle ne l’est pas tellement ni d’abord comme un recueil d’idées, mais comme le moyen d’une connaissance personnelle, d’une rencontre avec le Christ. L’Écriture sainte ne nous parle pas de Dieu sans nous le faire rencontrer personnellement et concrètement, ni sans nous arracher à nous-mêmes pour nous jeter vers lui. Source de notre connaissance, elle est donc du même coup source de notre amour, source de notre prière, source de notre manière d’envisager notre vie d’homme sur la terre
" Jésus ne nous a point donné des paroles mortes, mais Il nous a donné des paroles vivantes "
PéguyLa Parole de Dieu, celle que transmettent les Écritures, c’est le Verbe, le Christ… Le Verbe est Dieu, Dieu vivant : la Parole est vivante. Et la parole écrite que nous lisons est vivifiée en nous par l’Esprit Saint afin qu’elle devienne en notre cœur vraie Parole vivante de Dieu… Or, c’est dans cette parole que nous connaissons Dieu. Et c’est la Parole, le Verbe Incarné, Jésus-Christ, qui nous fait connaître le Père. Or, Il le dit au Père, à notre intention : " La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul véritable Dieu, et celui que Tu as envoyé, […] Je leur ai fait connaître ton nom et je leur ferai connaître, pour que l’amour dont Tu m’as aimé soit en eux et moi en eux " (Jn 17 ; 26).
" Une seule parole de l’Écriture découvre à mon âme des horizons infinis "
S. Thérèse de l'E. J." En effet, tout ce qui a été écrit dans le passé le fut pour notre instruction, afin que la constance et la consolation que nous donnent les Écritures nous procurent l’espérance " (Ro 15 4) " Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice " (II Tim 3 16). Rappelant des faits tirés du Livre de l’Exode, saint Paul dit : " Ces faits se sont produits pour nous servir d’exemples […] cela leur arrivait pour servir d’exemple, et a été écrit pour notre instruction ". C’est par l’Écriture en effet que nous recevons et la connaissance des projets de Dieu pour nous, et la connaissance de son action en nous et dans le monde, et la connaissance de Dieu Lui-même, et la connaissance de ce que nous devons faire et de ce qu’il faut éviter pour Le trouver ou pour ne pas Le perdre.
" À qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! "
Jean, 6, 69Dieu veut nous faire participer à sa propre vie. Notre nature créée ne le permet pas par elle-même et nécessite la grâce, mais le péché a dégradé notre condition, rendant difficile la connaissance de Dieu et faisant obstacle à toute amitié avec lui. On appelle salut le fait d’échapper à l’esclavage du péché, de retrouver la jouissance des dons de Dieu et, proprement, le fait d’entrer dans sa vie, dans la béatitude. Or c’est par la foi que l’on reçoit ce salut… Foi qui est et connaissance de et confiance en Celui qui est fidèle. Or, c’est l’Écriture qui nous fait connaître que Dieu est fidèle, c’est elle qui nous fait connaître les vérités du salut, et c’est encore en elle et par elle que l’on peut avoir confiance en Dieu. L’enseignement de l’Écriture est donc la source immédiate de notre foi, donc de notre salut. Enseignement qui est plus qu’un enseignement : occasion et moyen d’une rencontre personnelle, avec le Christ, Verbe/Parole fait chair et qui est Lui-même notre salut.
Ce dont nous parlons, c’est d’une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue (…) ; nous annonçons ‘ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment’ .
Il est évident que si l’Écriture est Parole de Dieu, on n’y accédera pas comme à n’importe quelle parole. Je ne lirai pas la Bible comme le Bottin, ni comme le journal… Y accéder comme à une lettre d’ami très cher est le meilleur moyen. Mais on peut préciser quelque peu les dispositions requises pour lire la Bible même pour celui qui ne peut encore, ou ne veut pas la lire comme la Parole de Dieu. Comme tout texte, elle sollicite de nous bienveillance et attention. Une ouverture à l’altérité aussi : la Bible ne dira pas nécessairement ce que je voudrais, et elle ne le dira pas comme je l’aurais dit, car elle n’est pas ma parole, et qu’elle n’est écrite ni en France, ni à Toulouse, ni en 1997 ! Ne pas lui demander ce qu’elle ne saurait donner. Elle n’est ni un livre d’histoire au sens où nous entendons ce mot désormais, ni un traité de philosophie, ni un livre magique ayant réponse à tout, ni un catéchisme ordonné, un cours, ni… un traité de morale ! Elle n’est pas non plus un roman… ni un recueil poétique ; elle n’est pas un manuel de politique, ni une théorie solutionnant les problèmes de la faim dans le monde ou des relations internationales. Elle n’est pas un livre de recettes spirituelles…
On pourrait bien sûr se demander s’il y a là matière à interprétation ? Si l’Écriture est Parole de Dieu, n’est-ce pas risquer de s’éloigner de ce que Dieu veut nous dire que de l’interpréter ? Sortir de la lettre n’est-ce pas la trahir ? Ne risque-t-on pas de lui faire dire n’importe quoi ? On peut aussi se demander, s’il était acquis que l’Écriture dût s’interpréter, s’il revient à n’importe qui de se livrer à cette interprétation. Ne serait-ce pas tomber dans l’hérésie protestante dite ‘du libre examen’ que laisser à quiconque le soin d’interpréter l’Écriture ? Ne faut-il pas alors convenir que seul le Magistère de l’Église jouissant du charisme d’infaillibilité peut légitimement interpréter les Écritures ? Le foisonnement des sectes protestantes et les aberrations procédant d’une interprétation incontrôlée de la Bible (l’apartheid en Afrique du Sud par exemple) doivent nous amener à penser cela.
Il faut pourtant bien interpréter les textes sacrés. Plusieurs choses nous le montrent. Tout d’abord les contradictions auxquelles on parvient à prendre le texte de façon étroitement littérale. Contradictions entre notre expérience (le poisson de Jonas) ou les sciences (la terre centre du monde ou la création en 6 jours) et la Bible, contradictions entre différents textes de la Bible elle-même (les deux généalogies de Jésus). Mais si la Bible ne dit pas les choses telles qu’elles sont, est-ce bien la Parole de Dieu ? Car Dieu ne saurait mentir ! Et si la Bible se contredit elle-même, n’est-ce pas la preuve qu’elle n’est qu’un recueil aléatoire de textes purement humains ? Dire que la Bible doit être interprétée, n’est-ce pas lui ôter tout caractère sacré ?
On peut répondre à cela que tous les auteurs catholiques ont toujours interprété les textes sacrés… On peut encore dire que tout texte, par sa nature même de texte, en tant qu’il est en langage humain et lu par des hommes, est non seulement susceptible d’être interprété, mais doit l’être : pas de langage sans interprétation. On peut encore rappeler que refuser toute interprétation serait déjà refuser toute traduction. Et même toute édition du texte : lorsque plusieurs manuscrits divergent qui sont aussi anciens et fiables, lequel choisir ? On peut aussi, et peut-être surtout dire que les textes sacrés eux-mêmes nous montrent l’exemple : les auteurs bibliques eux-mêmes interprètent des textes bibliques antérieurs : ainsi saint Paul, ainsi Jésus : dans sa discussion avec les Sadducéens qui nient la résurrection des morts, Jésus cite l’Exode où Dieu est dit être " le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob " et il ajoute : " or il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui ", il y a là une interprétation de l’Écriture manifeste, c'est-à-dire que Jésus tire d’un texte sacré ce qui n’y est pas manifestement exprimé, il rend manifeste une vérité implicitement contenue dans la Révélation : si Dieu est le Dieu des vivants, et s’Il est appelé Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, c’est que ces patriarches ne sont pas morts mais vivants, donc qu’il y a bien une vie après cette vie. Un autre exemple très important et spécifique de l’interprétation que Jésus fait des Écritures est son enseignement à la synagogue de Nazareth. Jésus lit un passage d’Isaïe
(61 1-2) : " L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres… " Et il poursuit : " Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture ". Il y a là interprétation toute spéciale puisque Jésus dit tout simplement que ce texte messianique parle de lui : il est, lui, celui qui accomplit cette Écriture. Enfin, le Christ interprète l’épisode de Nombres 21 4-9 où l’on voit Moïse intercéder pour le peuple victime des serpents ; à la demande du Seigneur, il " façonna donc un serpent d’airain qu’il plaça sur un étendard, et si un homme était mordu par quelque serpent, il regardait le serpent d’airain et restait en vie ". Voici l’interprétation de Jésus : " Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle ". Il y a bien là une interprétation qui fait de l’épisode du désert une figure de l’œuvre du Christ. Un signe de mort (le serpent d’airain) donnait la vie à celui qui le regardait avec foi ; de même un signe de mort (le Christ en croix) sera source de vie pour celui qui regardera vers lui avec foi.Il faut donc interpréter les textes de la Bible, tenons-le pour acquis. Mais comment ? Les risques évoqués plus haut sont réels… comment ne pas trahir le texte ? Ni son Auteur ? Ni la Foi donc… Comment savoir si notre interprétation est bonne ? Etc.
À moins de n’aborder la Bible que sous un angle culturel, que pour se cultiver, si donc on n’oublie pas qu’elle est inspirée par Dieu, il convient d’abord de tenir compte de ce que nous dit encore le CEC : " La foi chrétienne n’est pas une ‘religion du Livre’. Le christianisme est la religion de la ‘Parole’ de Dieu, ‘non d’un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et vivant’ . Pour qu’elles ne restent pas lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle du Dieu vivant, par l’Esprit Saint nous ‘ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures’
(Lc 24 45) ". Il ne faut pas négliger donc de prier l’Esprit Saint de nous éclairer dans notre lecture.Il convient ensuite de ne pas séparer les deux Testaments, car ils sont intimement liés et ordonnés l’un à l’autre. Le Concile Vatican II l’exprime en reprenant une formule de Saint Augustin :
Deus igitur librorum utriusque Testamenti inspirator et auctor, ita sapienter disposuit, ut Novum in Vetere lateret et in Novo Vetus pateret. Inspirateur et auteur des livres de l’un et l’autre Testament, Dieu a fait avec sagesse en sorte que le Nouveau soit caché dans l’Ancien, et que, dans le Nouveau, l’Ancien soit dévoilé.
L’Ancien Testament est une partie inamissible de l’Écriture Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur permanente car l’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée. En effet, ‘l’Economie de l’Ancien Testament avait pour principale raison d’être de préparer l’avènement du Christ Sauveur du monde’. ‘Bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du provisoire’, les livres de l’Ancien Testament témoignent de toute la divine pédagogie de l’amour salvifique de Dieu: ‘En eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine, d’admirables trésors de prière; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut’. Les chrétiens vénèrent l’Ancien Testament comme vraie Parole de Dieu. L’Église a toujours vigoureusemnt repoussé l’idée de rejeter l’Ancien Testament sous prétexte que le Nouveau l’aurait rendu caduc (Marcionisme).
Plus généralement, il faut " porter une grande attention au contenu et à l’unité de toute l’Écriture ? Car, aussi différents que soient les livres qui la composent, l’Écriture est une en raison de l’unité du dessein de Dieu, dont le Christ Jésus est le centre et le cœur, ouvert depuis sa Pâque ".
Il faut de plus " lire l’Écriture dans la Tradition vivante de toute l’Église. Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture se lit bien plus dans le cœur de l’Église que dans les moyens matériels de son expression. En effet, l’Église porte dans sa Tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c’est l’Esprit Saint qui lui donne l’interprétation spirituelle de l’Écriture ".
Il faut enfin être attentif à la cohésion des vérités de la foi entre elles et dans le projet total de la Révélation, ce que l’on appelle ‘l’analogie de la foi’.
[fin de la première partie]
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Bibliographie sommmaire
:
La Bible, traduction de l’École Biblique de Jérusalem (BJ), Cerf
L’interprétation de la Bible dans l’Église, Commission Biblique Pontificale, Cerf 1994
Catéchisme de l’Église Catholique (CEC), Pocket [ Mame/Plon Editeurs]
Concile Œcuménique Vatican II, Constitution Dogmatique sur la Révélation divine " Dei Verbum " (DV), Centurion
Vocabulaire de Théologie Biblique, Cerf
Prier la Parole, Enzo Bianchi, Vie Monastique n° 15, Abbaye de Bellefontaine 1983
Dieu et son Image, D. Barthélémy o.p., Cerf