Défense de l'École républicaine
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Nous, professeurs ou simplement citoyens, appelons à la création d'un Comité de Défense de l'École Républicaine. Nous alertons tous nos collègues et tous nos concitoyens: L'École républicaine est gravement menacée, en sa signification et en ses fondements.
 
 

1) En sa signification:

 
Par le projet d'éducation à la citoyenneté, faussement humaniste, et dont la mise en œuvre constituerait une régression sans précédent dans nos institutions. En effet, la garantie du caractère républicain de l'école, et ce qui la distingue d'une école de type confessionnel, réside dans l'autonomie des savoirs vis-à-vis de toute autorité, qu'elle soit politique ou religieuse.
Dans une république, la formation du citoyen ne peut légitimement consister qu'en la culture (sciences et humanités), qui donne à chacun les moyen d'exercer sa réflexion, sans en déterminer à l'avance ni le contenu, ni les objets. La détermination, par le pouvoir politique, même s'il est animé de bonnes intentions, d'un contenu d'enseignement indépendant de toute exigence scientifique, transformera ipso facto cet enseignement en idéologie d'état, et les professeurs eux-mêmes en propagandistes de cette idéologie.
L'ÉDUCATION NE SERAIT PLUS QU'UNE FORME SUBTILE
D' ENDOCTRINEMENT.
En outre, l'idée même d'éduquer à la citoyenneté revient à transformer la qualité de citoyen, qui cesserait d'être un droit pour devenir une compétence. Comme si la qualité de citoyen dépendait de connaissances particulières... C'est surtout nier que l'école à pour mission d'éduquer LE CITOYEN, et non d'éduquer À LA CITOYENNETÉ: L'ÉCOLE A POUR MISSION DE LIBÉRER, NON D'ASSUJETTIR.
Que penser par ailleurs des exemples d' "initiatives citoyennes" publiées au B.O.: participer au concours des villes fleuries, visiter les malades dans les hôpitaux, etc.: voilà quel contenu le ministère est en train de donner à la notion de citoyenneté Il est vrai que M. Meirieu, responsable de "la consultation nationale sur les lycées", prétend que l'école doit être "le lieu où doit se construire le sursis à la violence"!  Bref, ce n'est pas seulement un mépris de l'école et de la pensée qui inspire ce projet; c'est d'abord un mépris profond de la citoyenneté.  Dénoncer ce projet est un devoir.
 

2) En ses fondements:

 
Par le décret du 15/12/97, qui programme la "gestion déconcentrée des personnels" de l'éducation "nationale" (?); ce qu'il faut mettre en rapport avec le projet de réforme de la notation des enseignants, qui selon Allègre doivent être évalués par les "usagers" (comme si l'école était une institution comparable à la SNCF, et comme si les professeurs étaient des prestataires de
services!), les "partenaires" (entendez: les parents d'élèves et les élus qui siègent au C.A.) et non plus par les seuls inspecteurs. Mais sur quels critères? L'effet immédiat de telles mesures est de METTRE LES PROFESSEURS SOUS LA TUTELLE DES NOTABLES LOCAUX.
Enfin, par l'organisation d'un "colloque national sur les savoirs au lycée". Le questionnaire distribué aux élèves est proprement scandaleux : on leur demande de "faire part" de ce qu'il est "important" d'apprendre (comme s'il y avait des choses importantes à apprendre et d'autres, qui ne le seraient pas!) Au nom de quelle compétence vont-ils décider de "ce qui les ennuie dans ce qu'ils apprennent"? On nage dans la démagogie. Ce questionnaire, ainsi que l'exemplaire destiné aux professeurs, appelle une explication de texte: les questions sont orientées, et posées de manière à conduire à une seule réponse: il faut supprimer le bac et les disciplines, au profit du contrôle continu et de "l'interdisciplinarité". C'EST À DIRE AU PROFIT DES PRESSIONS LOCALES ET DU BAVARDAGE.  Nous adressons un appel à tous les lecteurs de ce texte, qui sont attachés à l'idée d'école républicaine, c'est-à-dire à l'idée même de République:
 
      1-Rejoignez-nous au sein du Comité;
      2-Boycottons cette pseudo-consultation qui est une opération de démagogie;
      3-Organisons un contre-colloque afin de dénoncer les vrais maux dont souffre   l'école aujourd'hui, et dont les différents ministres qui se sont succédés à l'Éducation nationale sont LES VRAIS RESPONSABLES.
       
L'alternative est: BARBARIE OU LUMIÈRES. Une société dans laquelle la culture est soumise aux opinions de ceux qu'ils s'agit d'éduquer et d'élever est une société qui ruine ses propres fondements. Qu'on ne s'étonne pas ensuite de la violence: ce n'est qu'un
début ! La vraie question est : veut-on plus de policiers, plus de sécurité, plus de contraintes et moins de liberté, ou veut-on plus de professeurs, plus de respect, plus de valeurs, et plus de liberté ? Veut-on la République ou une dictature
qui ne dirait pas son nom ?
 
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Pour tout contact, écrire à : mechantloup@geocities.com