POUR UNE AUTRE POLITIQUE
ÉDUCATIVE
Appel national à tous les collègues
du primaire, du secondaire et du supérieur, pour des états
généraux de l'éducation
Depuis sa nomination comme ministre de
l'Éducation nationale, M. Claude Allègre
a multiplié déclarations fracassantes, ouverture de " chantiers
", projets de bouleversements et annonces diverses,
avec un succès médiatique certain, mais dans un notable
désordre, et sans
aucun égard pour ses administrés.
Des lycées et collèges à l'université, de l'école
primaire au CNRS, aucun secteur n'échappe désormais à
une fièvre réformatrice dont les méthodes antidémocratiques
avérées sont inacceptables.
La " gestion" de l'Éducation nationale
par Claude Allègre a porté récemment ses premiers
fruits en ce qui concerne les lycées : trompés
l'hiver dernier par un questionnaire démagogique, les lycéens
sont descendus en masse dans la rue, pour exiger une amélioration
générale de leurs conditions d'études, qu'ils semblent
pourtant devoir attendre longtemps. Les "
réponses " du ministre au mouvement
lycéen n'ont en effet convaincu personne
: qui pourra voir dans
la "déconcentration" autoritaire des nominations d'enseignants,
dans l'allègement-surprise des programmes en cours d'année
scolaire, dans la multiplication d' " emplois-jeunes " sous-qualifiés
et sous-payés, de vrais remèdes
pour la crise à la fois matérielle, structurelle, intellectuelle
et morale que connaît depuis des années l'enseignement secondaire
?
Derrière ces mesure, dont certaines
ne constituent que des effets d'annonce, se profile en réalité
bien autre chose : une réforme d'ensemble
de l'institution scolaire à laquelle il s'agit d'imposer, sur le
plan du fonctionnement comme sur celui des principes, le modèle
anglo-saxon du " lycée light ", du " management ", de la professionnalisation
prématurée et, à terme, de la privatisation de l'accès
au savoir et à la culture.
La " politique
" de Claude Allègre ne consiste donc
pas seulement à " gérer " l'Éducation nationale "
à moyens constants " tout en dissimulant cette réalité
des chiffres derrière un activisme médiatique délibérément
outrancier à l'égard des personnels ; elle consiste
surtout en une profonde transformation de l'école, qui n'ose cependant
pas dire son nom. Il s'agit pourtant bien,
sur le fond, d'une question de principes, comme l'attestent par exemple
les " 49 principes " formulés par M. Meirieu et dont s'inspire le
ministre pour conduire sa réforme des lycées. Sur la base
d'une analyse tendancieuse des problèmes actuels du lycée,
ces "principes" reviennent en effet à vider
l'enseignement de tout contenu substantiel, à placer l'action pédagogique
sous toutes sortes de tutelles et, en recentrant cette action sur les "
savoir-faire " et les " savoir-être ", à transformer l'école
en un vaste patronage destiné à produire des " citoyens "
d'avance soumis aux normes et aux " fluctuations " du marché.
Il faut dénoncer dans ces " principes
", qui n'ont jamais été soumis
à discussion sérieuse, une doctrine
fallacieuse et inconséquente, dont
l'application sera absolument contraire à
l'intérêt public. Il faut montrer
qu'une réforme fondée sur ces " principes " ne fera, comme
les précédentes, qu'aggraver la difficulté de dispenser
à tous les élèves le
savoir et la culture auxquels ils ont droit,
et dont dépend très largement leur avenir professionnel aussi
bien que l'avenir de notre démocratie.
Parce que cette
politique éducative doit être abandonnée sans tarder,
parce qu'elle rencontre l'hostilité grandissante des acteurs de
l'institution qui pourtant seraient censés la mettre en oeuvre,
parce que Claude Allègre refuse obstinément
le débat démocratique de ses réformes,
parce qu'il ne respecte aucun des devoirs liés à sa charge,
et parce qu'il n'est plus en mesure d'inspirer aux personnels le courage,
la confiance et la sérénité que requiert l'accomplissement
de leur tâche,
nous réclamons solennellement sa
démission des fonctions de ministre de l'Éducation nationale,
de la Recherche, et de la Technologie ainsi que l'abandon de la politique
éducative qu'il met en oeuvre, et que nous jugeons désastreuse
pour la qualité de l'enseignement et dangereuse pour l'avenir de
notre pays.
Nous appelons tous nos collègues
du primaire, du secondaire et du supérieur, de l'enseignement et
de la recherche, à prendre part au " référendum "
sur la démission de Claude Allègre qui a déjà
lieu en ce moment dans un nombre sans cesse plus élevé d'établissements
du second degré.
Nous invitons ceux qui le souhaitent à
mettre en place des coordinations locales
entre établissements, et à participer
à une coordination nationale en
vue de recueillir les résultats de ce " référendum
" et de les porter à la connaissance du public, des élus
ainsi que du gouvernement.
Nous vous invitons à adhérer
à l'association Reconstruire l'école en vue de participer
avec nous à la préparation d'états généraux
de l'éducation pour relancer la réflexion
sur l'école, rassembler les personnels, garantir la discussion démocratique
des indispensables améliorations à promouvoir, et obtenir,
par tous les moyens que nous jugerons utiles, l'arrêt
immédiat des réformes en cours et la démission de
Claude Allègre.
L'association Reconstruire l'école
a été fondée en juillet 1998, à la suite du
succès de la pétition pour des états généraux
diffusée par le Comité de défense de l'école
de la République, qui a été soutenu par plus de 2000
signataires. Elle participera le 14 janvier 1999 à Paris (Bourse
du Travail) à la réunion publique organisée par le
collectif des établissements du nord parisien et le collectif des
établissements parisiens pour la démission de C. Allègre.
Pour adhérer à l'association,
contactez le président du bureau provisoire
renchich@club-internet.fr
,
ou le trésorier,
Arnaud Gendron - 38 rue Saint-Pierre 91410
Dourdan (0164596566)
établir un chèque à l'ordre
de Reconstruire l'école, de 100 F ou plus et l'adresser, avec mention
de vos nom, prénom, adresse, établissement, fonction, au
trésorier.
Pour plus d'informations, écrivez à mechantloup@geocities.com