Communiqué de presse
des étudiants en philosophie de Strasbourg
Amicale des étudiants
en philosophie de Strasbourg
14, rue Descartes
67000 Strasbourg
tel : 03/88/15/72/65
Courriel : masutti@ushs.u-strasbg.fr
Communiqué de Presse
:
Plusieurs événements survenus dans le domaine
de l'enseignement, et plus précisément en ce qui concerne
l'enseignement de la philosophie au lycée, nous amènent à
vous faire part de notre position sur le sujet.
Premièrement, la baisse drastique
des postes au CAPES de philosophie, laquelle est sans commune mesure
avec la baisse des postes aux autres CAPES, semble aller contre
l'attente explicite des lycéens (lesquels ont fait part de
leurs attentes et de leurs mécontentement dans le questionnaire
distribués aux lycéens l'an passé et lors de leur
récente manifestation) et contre le témoignage de nombreux
enseignants au sujet de la surcharge des classes de terminales.
Deuxièmement, la baisse officielle1
des postes proposés au concours d'enseignement (CAPES) a
déjà suscité de nombreuses réactions dans plusieurs
universités (Toulouse, Nancy, Bordeaux, Amiens) qui nous ont fait
part de leurs inquiétudes et
demandé notre soutien.
Par ailleurs, les idées soulevées par M. Allègre
au sujet de l'enseignement de la philosophie en
particulier2, laissent présager une sérieuse
menace sur cette discipline. En effet, des
propos tels que "Les IUFM doivent être rénovés
pour prendre un caractère beaucoup plus professionnel. Je ne pense
pas que les cours de philosophie pédagogique soient la première
des priorités. En revanche, dispenser des cours sur les solutions
à apporter aux problèmes de la drogue et de la violence,
sur la façon de se comporter dans un certain nombre de quartiers
difficiles, sur les progrès de la cognition et les usages des nouvelles
technologies, sur la manière d'enseigner la morale civique, tout
cela me paraît beaucoup plus important que des élucubrations
abstraites sur la pédagogie abstraite."3 et d'autres
tels que " tous les lycées doivent permettre d'accéder à
une citoyenneté lucide à l'âge de 18 ans "4
trahissent une intention, plus ou moins explicite,
de supprimer purement et simplement l'enseignement de la philosophie au
profit de cours de morale civique. Si l'actuelle formation dispensée
en IUFM est critiquable, faut-il néanmoins remplacer les sciences
de l'éducation (visées par M. Allègre sous le terme
de Philosophie pédagogique) par des cours pratiques pouvant conduire
l'enseignant à n'être non plus un formateur conscient de son
rôle, et susceptible de sens critique, mais
un instructeur inculquant, entre autres admirations naïves5
de la science, la morale civique, évoquant les sombres heures d'un
endoctrinement passé.
Enfin, le simple fait que " les étudiants
n'ont été prévenus qu'une fois les inscriptions au
CAPES clôturées, leur interdisant ainsi toute possibilité
de changement d'orientation "6, est déjà,
en soi, .
Pour toutes ces raisons, nous tenons à manifester notre
désaccord catégorique au sujet des
décisions ministérielles qui sont une insulte à notre
discipline et son enseignement.
L'Amicale des étudiants en philosophie de Strasbourg.
1 Communiqué de presse ministériel du 17 novembre
et J.O.
2 CF ; Article paru dans Le Monde intitulé " Ce
que je veux. " auquel a répondu Régis Debray avec raison.
3 CF ; Journal Officiel des débats du Sénat,
séance du 30/11/1998.
4 CF ; Questionnaire aux enseignants de décembre
1997.
5 CF ; " Ce que je veux. " et La défaite de Platon,
Claude Allègre lui-même.
6 Déclaration des étudiants de philosophie
de l'université Michel de Montaigne de Bordeaux III. Le 2 décembre
1998.
Pour plus d'informations, écrivez à mechantloup@geocities.com