A propos d’une version informatique du Jeu
de la Guerre, de Guy Debord, on peut lire sur le site Fluctuat.net, et sous
le titre KriegSpiel : Soyons plus Debord que Madame Debord, cette
information en date du 9 avril 2008 :
«
(…) Alexander R. Galloway et le collectif d'artistes et programmeurs RSG ont
produit une version numérique de ce jeu fabuleux, en facilitant le calcul des
lignes de communication, tout en conservant le mode deux joueurs original. Pas
de partie contre l'ordinateur, mais obligatoirement un autre joueur humain en
face de vous. Le concept de KriegSpiel est respecté
dans ses moindres détails, jusqu'aux pions et topographie de la carte. Mélange
efficace entre 2D et 3D, cette production indé est à
la hauteur de l'original.
Qui plus est, ce remake est gratuit.
Malheureusement, dans un monde où les
ayant droits se disputent les royalties sur les tombes des géants, le
matérialisme reste le plus fort. La veuve de Guy Debord
a ainsi, par l'intermédiaire d'un procureur, mis RSG sous le coup d'une ordonnance
de cesser et s'abstenir.
Quelle ironie de voir la production d'un
Marxiste assimilée à toutes ces valeurs bourgeoises qu'il conchiait.
KriegSpiel fait
indéniablement partie de l'héritage culturel de Debord,
mais son aura et sa philosophie trouvaient ici une façon de se prolonger. Quand
un homme écrit un texte fondateur et critique sur la religion de la
marchandise, où la société du spectacle nous impose une vision unique de la vie
à travers ses organes économique ou bureaucratiques, il y a quelque chose à en
tirer. Ce qu'Alice Debord ne semble pas avoir fait.
Museler la scène du développement
indépendant pour une initiative désintéressée, au nom de la propriété
intellectuelle, est le dernier outrage à l'oeuvre de toute une vie.
Dépêchez-vous de jouer avant que le site
ne mette la clé sous la porte, camarades joueurs.
Pas besoin de guerres armées quand les
batailles légales tuent la liberté de créer. »