Les Districts Italiens
Il s'agit " d'un grand complexe productif où la coordination entre les
différentes phases et le contrôle de la régularité de leur fonctionnement ne
sont pas soumis à des règles préétablies ou à des mécanismes
hiérarchiques comme cela se déroule dans la grande entreprise ; dans le
district, à l'inverse de ce qui se passe dans d'autres environnements, comme
les villes manufacturières, il tend à y avoir une osmose parfaite entre
communauté locale et entreprise.
En Italie, au début des années 1990, on compte environ soixante-dix de ces
districts qui représentent 60 000 entreprises, en majorité de petite taille et
un emploi global de 1,5 million. En Emilie-Romagne, il y a une entreprise pour
douze habitants. Chaque district est spécialisé dans une activité. Les
principaux secteurs industriels concernés sont mentionnés dans le tableau de
la page suivante. En dépit de leur diversité, ces univers ont des
caractéristiques communes. Ils couvrent l'ensemble du cycle productif
(conception, production, commercialisation nationale et internationale, service
après-vente) et possèdent un secteur de conception et de production de
machines liées à leur activité. Il ne faut donc pas confondre les districts
avec des systèmes localisés de sous-traitance unis à une grande entreprise,
tels les réseaux d'externalisation organisés sur un site (Fiat-Auto à Melfi,
Benetton en Vénétie, Ariston dans les Marches, par exemple). Dans ces
configurations, la conception et la commercialisation échappent aux acteurs du
systèmes.
Certains districts sont très anciens comme Prato,
district textile toscan,
qui date du Moyen-Age. Il en est de même pour Murano et ses verreries. D'autres
sont très récents : Mirandola (patrie de Pic de la Mirandole), spécialisé
dans le biomédical ou le couloir Milan-Bologne de la machine-outil. Tous
utilisent aujourd'hui des techniques de pointe et se battent sur les marchés
internationaux.
Sur le plan de l'organisation, le district fait opérer ensemble (coopérer)
une série d'acteurs à la fois proches et dispersés. Plusieurs réseaux
sesuperposent et inter-agissent. Le réseau opérationnel est entre les mains
d'agents d'interface qui sont en liaison avec les marchés et organisent la
production. Ces agents peuvent être des individus, des bureaux
d'intermédiation, des entreprises.
On trouvera ensuite des organismes de services qui offrent toute une gamme de
prestations : design et veille design, ingénierie, veille scientifique et
technique, marketing, formation, accès à la recherche, promotion, conseil
juridique, conseil technique, aide à l'exportr, certification de la qualité,
banques de données, mutualisation de certains risques, etc. Ces organismes
peuvent prendre la forme de centres de services classiques ou de "consorzi",
associations d'entreprises sans but lucratif, régies par la loi et
enregistrées. Le "consorzio" a souvent une composition plus complexe
et accueille, au-delà des entreprises, des organismes d'Etat, des universités,
des associations, des chambres de commerce, des banques.