EN AVANT BOURGUIGNONS !
1. Avant qu'il ne soit trop tard.
Depuis le départ, le 8 août 1941, de la Légion Wallonie - que DEGRELLE eût voulu belge - plusieurs événements graves sont venus troubler les desseins du Chef de RXD.
Du petit millier de volontaires rassemblés à la Gare du Nord au mois d'août, à la veille du départ pour le front, le 17 octobre 1941, quelque 268 hommes avaient, pour diverses raisons, été démobilisés et renvoyés dans leurs foyers. Tous n'étaient pas physiquement inaptes, loin s'en faut ! La majorité d'entre eux était même d'avis, maintenant que la menace d'affronter les dangers du front se pointait à l'horizon, qu'elle avait largement rempli le contrat initial : une présence symbolique en Russie sans plus. En cela, les intéressés ne faisaient que se conformer aux promesses faites par voie de presse tout au long de la campagne de recrutement dans le courant de l'été 1941. En effet, il avait été question que l'unité à mettre sur pied ne participerait pas à des actions offensives, les formations d'assaut nécessitant un entraînement spécial et de longue durée. D'autres étaient malades, trop vieux, mécontents de leur affectation ou tout simplement peu motivés pour ce genre d'expédition. Des cadres rexistes qui n'avaient suivi Degrelle que parce qu'ils ne pouvaient faire autrement sous peine de se déconsidérer ou d'être freinés dans leur carrière politique, estimèrent le moment venu de poser la question si pour les besoins du Mouvement et la reprise en main de ses structures internes leur présence en Belgique n'était pas souhaitée ? C'état là une manière élégante de rentrer au pays auréolés du prestige d'avoir participé à la Croisade antibolchevique. Ils seraient en quelque sorte l'avant-garde qui accueillerait le Chef et les légionnaires à leur glorieux retour de Russie ...qui ne pouvait guère tarder, tant l'effondrement des armées russes était proche. Une autre filière était la démobilisation pour raison de santé. Le Dr Silvère MIESSE, un des deux médecins qui compta la Légion, membre influent de l'AGRA ( Les Amis du Grand Reich Allemand ), Vice-président de la Ligue pour la Défense du Peuple à Liège, antirexiste et antidegrellien convaincu, était d'une complaisance peu déontologique quant il s'agissait de renvoyer les légionnaires au pays. Il répétait à qui voulait l'entendre qu'il ne reconnaissait qu'un seul chef : Adolf HITLER. Il se qualifiait de national-socialiste paneuropéen et était hostile au rexisme qu'il accusait de monopoliser la Légion. Les certificats de complaisance qu'il délivrait à cette occasion était sa contribution personnelle à l'affaiblissement de l'élément rexiste au sein de la Légion.
Entre-temps, DEGRELLE avait dû régler un certain nombre d'autres problèmes épineux. Tout d'abord le port de l'uniforme feldgrau alors que les légionnaires pensaient pouvoir conserver celui de l'armée belge. Il en résulta des remous et un mécontentement dans les cantonnements que le Chef, grâce à sa faconde habituelle, put endiguer sans trop perdre la face. Ensuite, l'éviction de Fernand ROULEAU, le Lieutenant du Chef, celui-là même qui avait osé prétendre au commandement suprême de la Légion reléguant DEGRELLE au rôle de vulgaire troupier. Les tensions et appréhensions au sein de la troupe était telles qu'il avait fallu, afin de calmer les esprits, inventer de toutes pièces un télégramme de félicitations du Roi Léopold III. ROULEAU, quant à lui, n'avait pas hésité à se prévaloir d'une lette du Comte Robert CAPELLE, le secrétaire particulier du Roi, attestant que l'engagement sur le front de l'Est n'était pas incompatible avec le serment de fidélité prêté au Roi. Par la suite, il s'avéra que ce document n'était qu'un vulgaire faux.
Mais petit à petit, DEGRELLE parvint à renforcer sa position surtout qu'il s'était développé, au sein de la Légion, deux courants antagonistes : celui des "réalistes" qui étaient d'avis que la préparation militaire et l'instruction de l'unité étaient à tel point insuffisantes qu'elles ne pouvaient en aucun cas justifier l'alignement en première ligne de la Légion. Paradoxalement, ce clan bénéficiait du support des officiers de carrière et de réserve plus avertis des réalités d'une guerre moderne. Ensuite, celui des "bellicistes", le parti conduit par Léon DEGRELLE en personne, composé des courtisans rexistes de son entourage, et qui, une fois au front, voulait au contraire précipiter les événements de peur... d'arriver trop tard, quand tout serait terminé. L'immobilisme politique dans lequel DEGRELLE était confiné depuis son retour des camps français à la suite de son arrestation du 10 mai 1940 lui dictait cette attitude. Une action militaire suffisamment éclatante pour l'on en fît part dans la presse lui permettrait de rehausser son prestige d'autant plus que les rapports d'Eggert Reeder, le chef de l'administration militaire, ne l'avaient guère épargné. Se fiant à sa bonne étoile - chance Degrelle chance éternelle - usant de son flair, DEGRELLE comprit rapidement que l'action militaire était le seul moyen de renouer avec la politique en Belgique. En outre, l'engagement à l'Est aurait l'avantage non négligeable de faire cesser les inévitables tensions et frictions de l'arrière découlant des intriques qui s'étaient nouées au cantonnement de Regenwurmlager. Par ailleurs, une mise en ligne de la Légion serait la preuve éclatante de la bonne volonté de DEGRELLE. Et que risquait-il ? Pas grand chose tant l'avance des troupes allemandes en Russie était rapide et une victoire plus que probable. Par ailleurs, il eût été naïf de croire - et DEGRELLE le savait - que les Allemands respecteraient, au front, des promesses faites la légère pendant le recrutement pour la Légion Wallonie. DEGRELLE ne claironna-t-il pas que l'on ne venait pas à la guerre pour faire une promenade de santé ? Les légionnaires hostiles à tout acte de combat eussent dû le savoir !
Le conflit opposant depuis quelque temps l'officier de liaison allemand LEPPIN à Léon DEGRELLE éclata au grand jour à Cherbinowka, à 60km au N-O de Dniepropetovsk, le 10 décembre 1941. Il est vrai que LEPPIN, avocat berlinois, descendant d'Huguenots, avait réussi à se rendre détestable en traitant les Wallons de sous-hommes et de vaincus. Ce dernier, sans doute avec l'assentiment tacite de ses supérieurs, avait entrepris le projet de prendre le commandement du bataillon wallon tant l'incapacité du "Major" Georges JACOBS crevait les yeux. Plus versé en antiquité, fine porcelaine et argenterie qu'en art militaire, PPM (sobriquet de pauvre petit Major employé au propre comme au figuré) n'avait pas su inculquer la discipline nécessaire à une unité qui s'apprêtait à monter au front. L'incohérence occasionnée par les dures marches forcées par des températures sibériennes - il n'était pas rare de voir tomber le thermomètre à -35/ -40° C° -, et la pagaille qui s'en suivit, eurent raison de lui à la fin de l'année 1941.
Dans son plan de mainmise sur la Légion, LEPPIN avait trouvé un appui bien bienveillant auprès de certains officiers de réserve belges, parmi lesquels l'inévitable Dr MIESSE et le Commandant de la 1Cie - celle de DEGRELLE -, le Capitaine-Commandant Albert VAN DAMME, partisan d'une Légion dépolitisée. Ce dernier eut maille à partir avec le Chef car à Dniepropetrovsk DEGRELLE avait reçu des mains du Colonel italien Luigi Di MICHELE, commandant de la place, des bons de réquisitions pour le transport de ses hommes par camions Alfa Roméo. Sachant les hommes à bout de forces, VAN DAMME, appuyé par le Dr MIESSE, étaient intervenus auprès de DEGRELLE pour que, après une centaine de kms dans la neige et la boue, ces bons fussent enfin utilisés.
Mieux encore, à Cherbinowka, le Lieutenant médecin MIESSE fut mis aux arrêts par le Major JACOBS... sur ordre du Schütze DEGRELLE...! Le médecin ne fut relâché que grâce à l'intervention de l'officier de liaison LEPPIN qui fit un rapport dévastateur au général de division. Par la suite, ce dernier, dans un ordre du jour, interdit tout activité politique au sein de la L.W. A la suite de cet ordre, le Capt-Cdt VAN DAMME rompit résolument avec les manifestations rexistes d'usage pendant le service. Dorénavant, il allait refuser de faire rompre les rangs au cri de Rex Vaincra, ce qui n'empêchait pas l'adjudant Jules MATHIEU, chef du premier peloton de la 1Cie et ami inconditionnel de DEGRELLE, dès que VAN DAMME avait tourné les talons, de rassembler les hommes à nouveau et de les congédier par un Rex Vaincra vibrant.
En fin de compte, DEGRELLE parvint à conjurer le danger et grâce à des démarches pressantes, notamment un rapport adressé le 31.12.1941 au Kommandostab Z, qualifiant LEPPIN d'inapte, il parvint à écarter ce dernier et à obtenir l'affectation d'un officier de liaison...sachant parler le français alors que LEPPIN parlait la langue de Voltaire à la perfection !
C'est dans ces conditions qu'arriva à la Légion le Capitaine de réserve Dr Erich von LEHE. Par la suite, ce choix s'avéra heureux pour le Chef car cet officier devint un allié et un outil précieux entre les mains de DEGRELLE. Il fut le seul officier de liaison des sept que compta la L.W. tout au long de son existence à ne jamais intriguer contre les intérêts de Léon DEGRELLE.
Fin décembre 1941, ce fut au tour du Major JACOBS d'être démobilisé. six autres officiers l'accompagnaient. Parmi ces derniers le Commandant de la 1Cie, le Cpt-Cdt VAN DAMME limogé à cause de ses connivences avec LEPPIN. Quant à JACOBS, les Allemands lui reprochaient un manque de zèle dans la lutte antibolchevique. Le Major laissa un vide qui plaça DEGRELLE devant une grave crise de commandement, à tel point que l'on envisagea même la dissolution de la Légion.
( à suivre )
© Eddy DE BRUYNE / Mars 2000 - adapté d'E. De Bruyne- Les Crises internes de la Légion Wallonie - . Thèse388. CEGES ( Bruxelles )1990.
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