La séparation

par StarLight

Partie 2: Une vieille connaissance

 

 

Ils atteignirent Bassora en peu de temps car ils eurent des eaux favorables après la tempête. Sinbad déclara que l’avant-midi était libre à tous et que durant l’après-midi ils répareraient le bateau. Firouz avait été exacte le bateau était sévèrement endommagé.

 

Maeve en profita pour aller voir Cairpra pour avoir la confirmation à ses soupçons. Firouz partit chercher des outils pour sa nouvelle invention, Rongar, Dermott et Doubar allèrent dans une taverne tandis que Sinbad se promena devant les étalages des marchands. Il regardait de magnifiques vases en marbre lorsque quelqu’un lui sauta dans les bras. Il n’eut pas le temps de se rendre compte de ce qui se passait lorsque ses lèvres en rencontrèrent d’autres. Et il reconnu alors de qui il s’agissait. Il essaya de se dégager, chose qui n’était pas vraiment facile.

-         Talia…

Elle ne lâcha pas prise. Il dû la repousser avec un peu plus de force.

-         Talia!

Elle le regarda enfin.

-         Ne me dis pas que tu n’apprécie pas? dit-elle.

-         Talia, tu t’y prend un peu trop tard. Je suis marié maintenant.

Elle se dégagea complètement.

-         Comment?

Elle le dévisagea.

-         Sinbad, le maître des sept mers, est marié! Mais c’est une farce! Tout le monde sait bien que tu es marié à l’océan.

Elle vit qu’il avait l’air sérieux.

-         À moins que tout le monde se soit trompé et que tu puisses un jour trouver quelqu’un. Qui est-ce? La sorcière avec le faucon je suppose? dit-elle avec sarcasme.

-         Oui Maeve est ma femme Talia. Et je l’aime.

Elle s’éloigna un peu.

-         Hé bien… je te félicite… vis une vie heureuse Sinbad.

Elle partit d’un pas rapide.

-         Talia… attends!

Elle fit comme si elle ne l’avait pas entendu et partit à la course. Il ne la verrait jamais pleurer. Jamais! Elle se dit que dans le fond elle n’avait besoin de personne. Même pas Sinbad. Elle alla retrouver son bateau et son équipage, car elle était vraiment devenue honnête. Avec quelques exceptions bien sûr, mais tout de même dans la bonne voie.

 

Maeve sortit de chez Cairpra. En déambulant dans les allées elle repensa à ce qu’elle venait de lui dire.

-         C’est un enfant magique Maeve. Il aura une importante mission à accomplir au long de sa vie. Ta grossesse sera beaucoup plus courte et d’ici quelques semaines tu auras l’apparence d’une femme enceinte de 4 mois. L’enfance de ton enfant sera aussi très rapide au début mais à l’âge de 8 ans elle redeviendra normale.

-         Je vous remercie Cairpra.

-         Ce n’est rien voyons. Revenez me voir plus souvent. Dim-Dim avait des affaires urgentes à régler et je me sens un peu seule.

-         Nous reviendrons, promit Maeve.

Elle aperçut Firouz au loin. Elle courut dans sa direction. Il était en grande conversation avec le marchand.

-         Mais ceux de bronze ont de meilleures propriétés et je vous les conseille fortement, dit le marchand.

-         Le quartz est plus maniable et en ce qui concerne les propriétés elles sont bien semblables, répondit Firouz.

-         Faites comme bon vous semble monsieur.

-         Je prends les deux.

Le marchant régla l’addition et Firouz se retourna et vit Maeve.

-         Maeve! Depuis combien de temps es-tu là?

-         Depuis un petit moment. Je ne voulais pas vous interrompre.

Ils marchèrent un peu plus loin tout en conversant. Maeve en vint au sujet qui lui tenait à cœur.

-         Firouz, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer.

-         Qu’est-ce que c’est? demanda-t-il très curieux.

Maeve s’arrêta pour pouvoir le regarder en face. Elle avait de la misère à cacher son excitement.

-         Je vais avoir un enfant! dit-elle en souriant.

-         Un… un enfant… mais c’est merveilleux! dit-il.

Il serra Maeve bien fort dans ses bras.

-         Le sait-il?

-         Non mais je veux lui annoncer moi-même, alors ne dis rien! dit-elle tout sourire.

Firouz lui rendit son sourire et ils prirent la route qui conduisait au port. Un peu plus loin ils empruntèrent un sentier qui se trouvait près du rivage. Celui-ci était désert. Ils marchèrent en conversant à propos du prochain nouveau-né sans se soucier des deux ombres qui les suivaient. Lorsqu’ils furent assez près Maeve sentit une présence derrière elle et se tourna. Elle ne vit que l’obscurité puisqu’elle perdit connaissance.

 

Le soleil de midi se fit haut dans le ciel et les trois amis quittèrent la taverne pour retrouver Sinbad et d’autres membres de l’équipage en train de faire les travaux de réparation. Ils se joignirent à eux. Soudain un homme richement vêtu arriva. Il demanda à parler au capitaine du Nomade. Sinbad se montra.

-         Je suis le capitaine de ce bateau. Qui êtes-vous et que me voulez-vous?

-         Je me nomme Byrac. Je suis un des plus riches marchands de Bassora et j’ai besoin d’un bateau pour me conduire sur Lyzia. Les raisons me sont personnelles.

-         Nous avons quelques réparations à accomplir. Peut-être pourriez-vous revenir dans la soirée et nous accepterons votre offre avec plaisir Byrac.

L’homme eut l’air de s’impatienter.

-         Il y a beaucoup de bateau dans ce port cher capitaine. Je trouverais sûrement d’autres engagements. Ce ne sont pas tous vos passagers qui payeraient deux sacs d’or pour un si court voyage.

Sinbad arrêta de travailler.

-         Nous pourrions sûrement trouver un arrangement, dit-il en regardant Doubar. Donnez-nous une heure et le bateau sera prêt à vous accueillir.

Byrac réfléchit un moment.

-         C’est d’accord. Nous allons attendre ici. Finissez votre travail.

Les deux hommes se serrèrent la main et Sinbad se remit à l’ouvrage.

-         Quelqu’un a vu Maeve ou Firouz aujourd’hui? demanda-t-il.

-         Maeve est allée voir Cairpra mais je ne l’ai pas revu depuis ce matin, répondit Dermott.

-         Et Firouz est allé en ville pour des outils, dit Rongar.

-         J’espère qu’ils ne tarderont pas, dit Sinbad. C’est une offre qui ne se répètera pas souvent. Nous avons besoin de cet engagement.

-         Il reviendront à temps, le rassura Doubar. Tu sais comment peut être Firouz? Il oublie complètement la notion du temps parfois.

-         Par contre ce n’est pas du genre à Maeve d’être en retard, remarqua Dermott. Mais il est vrai qu’elle est allée chez Cairpra.

-         Remettons-nous au travail, dit Sinbad. Nous n’avons qu’une heure pour tout finir.

 

Pendant ce temps Firouz reprit connaissance. Il avait un mal de tête épouvantable.

-         Bon réveil Firouz, dit Maeve.

Elle avait repris ses esprits depuis un bon moment. Ils se trouvaient dans une pièce sombre. On n’y voyait rien et il était impossible de savoir où ils se trouvaient.

-         Qu’est-ce qu’on fait ici? demanda-t-il.

-         Je n’en sais pas plus que toi. C’est étrange qu’ils ne nous aient pas attachés.

-         C’est étrange en effet. Pourquoi nous ont-ils enlevé tu crois?

-         Je n’en ai pas la moindre idée Firouz.

Maeve se leva pour essayer de découvrir où ils étaient. Elle tâtonna les murs de pierre et découvrit une porte. Elle cogna de toutes ses forces mais n’obtenu aucune réponse.

-         Le mieux est d’attendre, dit-elle avec un soupir.

Firouz acquiesça et vint s’asseoir près d’elle.

 

L’heure passa rapidement et Sinbad n’eut aucun signe de Firouz ni de Maeve et commençait à être vraiment inquiet.

-         Votre heure est écoulée capitaine, dit Byrac.

-         Deux membres de mon équipage manquent. Je ne peux pas partir sans les laisser, dit-il fermement.

-         S’ils ne sont pas à l’heure c’est que ce ne sont pas de bons matelots. Vous devriez y voir capitaine. Assez perdu de temps. Mon offre ne tiendra plus longtemps. Nous partons maintenant ou bien je vais demander à d’autres bateaux.

-         Donnez-moi un instant.

Sinbad alla voir les autres.

-         Nous ne pouvons partir sans Maeve et Firouz.

-         Mais cet offre ne se fera plus jamais Sinbad, répliqua Doubar.

-         Tu pourrais laisser un message comme quoi nous sommes partis sur Lyzia. Ce n’est qu’à deux jours de bateau, dit Rongar.

-         Ils seront furieux, remarqua Dermott. Mais ils auraient dû être là à temps.

-         Je continue de croire que c’est une mauvaise idée, dit Sinbad.

-         Ils vont s’en remettre, dit Doubar. Et en plus il nous paye très bien.

-         Je n’aime pas cet homme Doubar.

-         Que tu l’aimes ou non ne change rien petit frère. Nous devons accepter.

Sinbad alla voir Byrac à contre cœur.

-         Bienvenue sur le Nomade.

Byrac monta suivit de ses hommes. Sinbad alla donner un message à un jeune garçon du port pour Maeve et Firouz. Il savait que c’était une mauvaise idée et que Maeve allait être furieuse mais il n’avait pas vraiment le choix. Et ils avaient besoin de cet argent.

-         Puisses-tu un jour me pardonner Maeve… murmura Sinbad.

Il repartit sur le bateau et ils mirent les voiles.

 

Ils naviguèrent une bonne heure dans le silence. L’équipage de Sinbad s’occupait de leurs affaires et ne faisant pas attention aux hommes de Byrac, qui manifestement prenaient beaucoup de place sur un bateau. Doubar se tenait à la barre et Sinbad vint le voir.

-         J’espère seulement qu’ils ont eu le message, dit-il.

-         Tu t’inquiètes trop petit frère. Penses plutôt à ce qui nous attend lorsque nous arriverons à destination.

-         Doubar, commencerais-tu à devenir comme Talia? lâcha Sinbad.

Il haussa les épaules et Sinbad alla à l’avant du bateau où se trouvait Dermott.

-         Elle sera furieuse… murmura Dermott.

Sinbad acquiesça.

-         J’espère qu’elle ne nous en voudra pas trop longtemps.

-         Ça vaudrait mieux pour tout le monde, dit Dermott avec un sourire.

Soudainement Sinbad sentit quelque chose de pointu dans son dos. Il se retourna lentement pour découvrir que tout son équipage avait des lames tranchantes sous le cou.

-         Est-ce que je peux savoir ce que tout cela signifie? demanda-t-il en regardant l’épée pointée droit sur son cœur.

-         Cela veut dire ce que cela veut dire. Nous prenons le contrôle du bateau, dit Byrac.

Il donna signe à ses hommes et ceux-ci placèrent des canons sur le pont.

-         Vous voyez chez capitaine, je ne suis pas un marchand mais plutôt un pirate. Mon bateau a fait naufrage et il m’en fallait un autre. Le vôtre fera très bien l’affaire.

-         Et si je ne vous laisse pas prendre mon bateau et mon équipage? défia Sinbad.

Byrac sortit un foulard bleu et mauve et un sac de sa veste et les jeta sur le sol. Des pierres sortirent du sac et Sinbad reconnu les minéraux que Firouz était allé chercher au marché. Quant au foulard cela lui fit un pincement au cœur car c’était celui qu’il avait offert à Maeve.

-         Vous n’en aurez pas le choix capitaine. Au fait, c’est moi maintenant qui prend ce poste. Et si vous osez vous opposer ce sont vos deux amis qui prendront les coups.

-         Vous êtes un monstre, dit Sinbad.

-         Peut-être bien. Maintenant mettez-vous au travail. Le pont a besoin d’être nettoyé, dit-il en crachant aux pieds de Sinbad.

Sinbad le regarda d’un œil mauvais et commença à brosser le pont. Les autres acquirent des tâches de Byrac et se mirent au travail eux aussi.

 

Maeve et Firouz commencèrent vraiment à désespérer. Il n’y avait eu aucun signe de vie depuis qu’ils étaient là. De plus il n’avait rien mangé depuis des heures et la faim commençait à se faire sentir. Comme s’il avait lu dans leurs pensées un homme cogna contre la porte et leur donna du pain sec et de l’eau par la grille de la porte. Maeve les prit et les posa sur le sol.

-         Qu’est-ce que vous nous voulez? demanda-t-elle.

-         Rien du tout. Mais tant que vous êtes ici mon capitaine ne risque rien, c’est pourquoi nous vous gardons en vie.

-         Qui est votre capitaine?

-         Le grand Byrac.

-         Je n’en ai jamais entendu parlé, répondit Maeve. Si nous ne le connaissons même pas, qu’est-ce qu’il a contre nous?

-         Ce n’est pas vous qu’il veut, mais Sinbad.

Après avoir dit ces mots il partit. Maeve se tourna vers Firouz.

-         Nous devons trouver un moyen de sortir d’ici.

-         Très bonne idée Maeve, mais comment?

-         Ça je n’y ai pas encore pensé, dit-elle en s’assoyant près de lui.

-         Alors pensons-y, dit Firouz.

 

Byrac ne laissait aucun moment de répit à Sinbad. Il faisait absolument tout pour lui donner deux fois plus de travail sur le pont. Ne serait-ce que par renverser son sceau d’eau ou bien l’humilier, il ne ratait aucune chance.

-         On ne peut plus continuer comme cela, dit Doubar.

-         Ce n’est pas moi qui voulait absolument partir, remarqua Sinbad.

Doubar se tut. Il s’en voulait d’avoir poussé tout le monde à prendre cette décision. Sinbad vit le regret dans les yeux de son frère et s’en voulut d’avoir été aussi rude.

-         Non Doubar… je n’aurais pas dû dire ça.

-         Tu n’as pas à t’excuser. Je suis stupide, ne me le répète pas.

-         Tu n’es pas stupide Doubar. C’est moi le capitaine. C’est moi qui est pris la décision de partir.

-         Avec beaucoup d’aide de ma part, dit Doubar tristement.

Sinbad soupira.

-         Pourquoi ces canons? demanda-t-il.

-         Tu dois savoir à quoi sert des canons Sinbad, remarqua Byrac. Notre arrivée sur Lyzia sera remarquée.

-         Pourquoi voulez-vous les attaquer?

-         Quelle bonne réputation cela te fera… Sinbad en train d’attaquer Lyzia! Ne crois-tu pas que ta réputation en prendra un coup?

Sinbad l’empoigna par le collet.

-         Je ne te laisserai pas faire.

-         Si tu poses une résistance tu peux dire adieu à la vie de tes deux amis, et par la même occasion la tienne.

Sinbad ne pouvait risquer la vie de Maeve et Firouz. Il était soumis.

-         Pourquoi nous fais-tu cela Byrac?

-         Parce c’est toi qui a tué mon père.

Sinbad afficha une expression de surprise.

-         Tu ne te rappelles pas n’est-ce pas? Peut-être que ceci te rappellera quelques souvenirs.

Il lui montra le tatou de dragon qui se trouvait sur son bras. Et les souvenirs refirent surface dans l’esprit de Sinbad. Dans ses débuts au poste de capitaine, ils avaient un jour rencontré un navire pirate qui les avait attaqué. Le capitaine pirate portait ce même dragon sur le bras. Sinbad l’avait vaincu à l’épée pour sauver son équipage.

-         S’il ne nous avait pas attaqué rien de tout cela ne serait arrivé, dit Sinbad.

-         Mais c’est tout de même arrivé et tu vas payer, dit fermement Byrac.

Il partit et Sinbad dût se remettre au travail.

 

Depuis la visite de l’homme qui leur avait porté la nourriture, Maeve et Firouz n’avaient pas eu d’autres visites. Et malheureusement ils n’avaient pas trouver de bons plans non plus.

-         Tu pourrais utiliser ta magie, suggéra Firouz.

-         Que veux-tu que je fasse? Un passage dans le mur? Pour nous mener où? Il doit y avoir de la surveillance.

Ils soupirèrent. Il y eut un petit cognement à la porte.

-         Qu’est-ce que vous voulez encore? cria Maeve.

-         Tu ferais mieux de baisser le ton si tu veux sortir d’ici, dit une voix féminine.

-         Talia? murmura Firouz.

La pirate se montra.

-         Mais qu’est-ce que tu fais ici?

-         Je viens vous délivrer ça ne se voit pas? dit-elle en montrant les clés.

Elle débarra la porte.

-         Ils sont tous en train de boire du vin dans la salle principale. Allez venez.

Elle les conduisit à travers la demeure et ils sortirent par une fenêtre qui donnait sur la plage. Une fois dehors ils coururent à toute jambe jusqu’au port. Mais dès qu’ils virent que le Nomade manquait ils s’arrêtèrent.

-         Firouz, où se trouve le Nomade? demanda Maeve anxieusement.

-         Je… je ne sais pas Maeve.

Un petit garçon vint les voir. Ces deux personnes correspondaient à la description que Sinbad avait fait.

-         Le bateau qui était là est parti tôt cet après-midi. Sur une île… Lyzia qu’il a dit.

Maeve se tourna vers Firouz.

-         Sinbad ne serait quand même pas parti sans nous.

-         J’ai bien peur qu’il l’ait fait.

Il se tourna vers Talia.

-         Comment savais-tu où nous trouver?

-         Un homme du nom de Byrac est venu se présenter à Sinbad aujourd’hui lui proposant deux sacs d’or pour les conduire lui et ses hommes sur Lyzia. Sinbad protestait qu’il ne pouvait pas partir sans vous mais Byrac a vraiment insisté et a dit que son offre ne tenait que s’ils partaient maintenant. Et laissez-moi vous dire que deux sacs d’or pour un si court voyage est vraiment beaucoup. Finalement Sinbad a cédé. J’avais écouté leur conversation puisque mon bateau n’était pas très loin. Je connais Byrac puisque j’ai déjà fait affaire avec lui et il m’avait trompé ce chien de pirate. Mais pour avoir travaillé avec lui durant de nombreuses années je connaissais tous ses petits secrets, dont la cabane près de la plage. Je savais que Byrac détestait Sinbad et le fait qu’il désire emprunter son bateau était louche. Je suis donc allée vérifier et je vous ai trouvé.

-         Sinbad serait donc en danger? demanda Firouz. Rappelle-toi Maeve lorsque le garde nous a dit que c’était Sinbad que son capitaine voulait. Talia, pourrais-tu nous conduire sur Lyzia?

Talia regarda tour à tour Maeve et Firouz. Elle n’aimait pas l’idée de devoir naviguer avec cette sorcière mais elle n’avait pas vraiment le choix. Elle le ferait pour Firouz.

-         D’accord, montez à bord. Mais je vous averti. C’est mon bateau et j’en suis le capitaine, dit-elle à l’intention de Maeve.

Ils montèrent sur « La rose du Dragon » et partirent en direction de Lyzia.

 

Durant le voyage Maeve vint se placer près de Talia.

-         Dans combien de temps penses-tu rattraper le Nomade?

-         Oh… cela dépend de plusieurs facteurs chérie. Ils sont partis plusieurs heures avant nous. Si Byrac a déjà pris le bateau d’assaut nous avons peut-être une chance car il ne navigue pas très vite. « La rose du Dragon » pourra les rattraper en peu de temps. D’ici quelques heures nous devrions les voir.

Maeve acquiesça et descendit dans la cabine qui lui était assignée et attendit.

 

Sinbad était en train d’attacher quelques cordes lorsque Rongar vint le voir.

-         Cela fait déjà plusieurs heures que nous sommes partis. Nous ne devrions plus tarder à voir Lyzia.

-         Je sais Rongar. Mais que puis-je faire? Si je tente quoi que ce soit ce sera Maeve et Firouz qui en payeront le prix si l’on échoue. Et je ne peux risquer cela.

Rongar acquiesça.

-         Il n’y a rien à faire… soupira-t-il.

« Sinbad il y a une ombre à l’arrière du Nomade. Je crois bien que cela pourrait être un bateau. Maeve et Firouz ont peut-être eu ton message et ils sont venus nous rejoindre à l’aide d’un autre bateau. » dit Dermott.

-         Il y aurait peut-être quelque chose, dit Sinbad en se levant.

Il voulut aller voir Dermott à l’arrière du bateau mais Byrac l’en empêcha.

-         Tu as encore du travaille à faire, que je ne te vois pas faire de pause.

Sinbad lui jeta un regard mauvais et commença à nettoyer le bateau de nouveau.

« Dermott, essaye de contacter Maeve. Je ne peux rien faire Byrac a toujours l’œil sur moi et il se douterait de quelque chose. »

Il vit Dermott acquiescer au loin et cela lui donna un peu de courage.

 

Maeve alla sur le pont voir Talia et Firouz. Ce dernier lui pointa le Nomade au loin.

-         Nous les avons rattrapé, dit Talia fièrement. Maintenant il nous faut un plan pour les tirer de là.

« Maeve…? Est-ce bien toi sur ce bateau au loin? »

« Oui c’est moi Dermott. Que se passe-t-il à bord? »

« Je vais sauter les détails. Byrac a prit le contrôle du Nomade. Mais si Firouz est avec toi alors nous n’avons plus de raison de rester soumis. Dépêche-toi d’arriver ou tu vas manquer la bataille! »

« Nous arrivons du plus vite qu’on peut. »

-         Maeve? demanda Talia. Mais qu’est-ce qu’elle a?

-         Elle doit parler à Sinbad ou bien à Dermott, répondit tout simplement Firouz.

-         Je parlais à Dermott. Byrac nous utilisait pour que Sinbad lui obéisse. Maintenant qu’il sait que nous allons bien ils vont se révolter.

-         Nous allons nous joindre à la bataille! déclara Talia. Hissez les voiles! Nous devons aller plus vite!

Son équipage se mit à l’œuvre et ils prirent de la vitesse.

 

Dermott arrêta ce qu’il était en train de faire et alla trouver Sinbad pour lui expliquer la situation. À son tour il arrêta de nettoyer et ils allèrent trouver Doubar et Rongar. Byrac le remarqua et en fut furieux.

-         Mais qu’est-ce que vous faites? Vous avez du boulot à finir.

-         Plus maintenant, dit Sinbad fermement.

-         Tes amis souffriront, dit Byrac.

-         Je ne crois pas non. Et tu vas assez vite en voir la preuve.

-         Capitaine, il y a un bateau qui approche à grande vitesse.

-         Quel bateau? dit-il furieusement.

L’un de ses hommes lui pointa la masse imposante de « La rose du dragon ».

-         Mais qu’est-ce qu’elle fait ici celle-là, murmura-t-il.

Il fit signe à ses hommes et la bagarre commença. Sinbad et ses hommes se dispersèrent. Ils n’allaient pas abandonner leur bateau aux mains de ces bandits. Byrac et Sinbad s’affrontèrent tandis que le reste se battirent entre eux. Sinbad sortit son épée.

-         Ne m’oblige pas à te faire subir le même sort qu’à ton père, lui dit-il.

-         Tu n’en auras pas la chance.

Il fit les premiers pas et Sinbad resta sur la défensive. Il ne voulait pas le tuer mais s’il n’y avait aucune autre possibilité il y serait forcé. Malgré tout il trouva en lui un bon adversaire. Il maniait très bien l’épée et était rapide. Son défaut était qu’il était si sûr de gagner qu’il ne présentait aucune défensive. Sinbad allait jouer de cet atout. Entre-temps le bateau de Talia arriva et ses hommes ainsi que Maeve et Firouz se joignirent à la bataille. Les hommes de Byrac commencèrent à tomber et ceux de Sinbad à faiblir. Les blessés se replièrent laissant plus de place aux capitaines. Doubar cogna deux têtes et Dermott partit à rire.

-         Deux têtes valent mieux qu’une, dit Doubar.

-         C’est scientifique! dirent Firouz, Rongar et Dermott en même temps.

Durant la bataille Byrac perdit le contrôle de la situation avec Sinbad et voulut changer de partenaire avant que les choses ne tournent mal. Il se retrouva face à face avec Talia.

-         Toi tu vas me le payer, dit-elle.

-         Voyons si ton épée est aussi rapide que ta langue, défia-t-il.

Talia s’avança furieuse et se bâtit de toutes ses forces. Byrac fut surpris de sa férocité mais connaissait très bien de quoi son adversaire était capable. Il l’entraîna à l’avant du bateau et sans que Talia ne s’en rende compte elle approchait dangereusement du bord. Pour qu’elle s’en rende compte il fallut qu’elle se retourne. Byrac prit ce moment pour donner un bon coup d’épée. Talia fut désarmé. Elle voulut reculer mais son dos frappa la bande de bois.

-         Sinbad! cria-t-elle.

Il se retourna pour voir avec horreur qu’elle allait bientôt se faire tuer. Talia monta sur la rampe de bois pour échapper à un coup d’épée.

-         Maintenant tu n’as plus d’endroit où aller Talia. Tu n’aurais jamais dû revenir.

Il allait un dernier coup d’épée lorsqu’il sentit quelque chose de pointu lui pénétrer le dos. Il en sentit un deuxième et poussa un hurlement. Rongar s’approcha en courant en lui lançant un 3e poignard. En s’effondrant Byrac poussa Talia avec toutes les forces qu’il lui restait. Talia poussa un cri lorsqu’elle plongea dans le vide. Rongar tendit le bras et l’attrapa. Talia regarda Rongar dans les yeux.

-         Merci Rongar, murmura-t-elle.

-         De rien, répondit celui-ci.

Il l’aida à remonter.

-         Tu peux parler? s’exclama-t-elle.

Il acquiesça. Sinbad arriva.

-         Talia tu vas bien? demanda-t-il.

-         Oui je vais bien… grâce à Rongar.

Sinbad remercia son vieil ami du regard. Il porta ensuite son attention sur la magicienne qui se trouvait à l’avant du bateau. Maeve le vit arriver du coin de l’œil mais ne dit rien. Sinbad vint s’asseoir sur la rampe de bois et regarda l’horizon. Les hommes ayant perdus leur capitaine, lâchèrent les armes.

-         Je vais bien merci de le demander, lâcha-t-elle.

-         Maeve… commença-t-il.

-         Tu as semblé pressé d’aller voir Talia pourtant. Et puis comment as-tu pu partir sans moi et Firouz?!

Elle était vraiment furieuse. Sinbad ne savait que dire. Doubar vint à son secours.

-         Tout est de ma faute Maeve. Sinbad ne voulait pas partir, c’est moi qui est insisté, dit-il regrettablement.

Elle regarda son visage triste et cela lui brisa le cœur.

-         Je suis désolé d’être si furieuse Doubar. Écoute, j’aurais dû être là. Mais vous deviez comprendre que j’avais un petit empêchement.

-         C’est à Sinbad que tu devrais dire cela, dit-il.

Elle se tourna vers lui et vit l’air coupable qui habitait ses yeux. Elle alla s’asseoir près de lui. Il était tard et le soleil commençait à se coucher, teintant le ciel d’une magnifique couleur orangée. Sinbad n’osa pas la regarder en face. Discrètement les autres les laissèrent seuls. Maeve regarda son merveilleux visage en se demandant ce qu’elle pourrait bien dire.

-         Sinbad…

-         Non Maeve ne dis rien.

Il se tourna vers elle et lui caressa la joue du revers de la main.

-         C’est moi qui est désolé. Un capitaine ne laisse jamais des membres de son équipage derrière lui, un ami en fait autant avec les siens et…

Il la regarda dans les yeux.

-         Et puisque je t’aime de tout mon cœur je suis impardonnable.

Maeve secoua la tête.

-         Ne dis pas de telles choses. Tu as fait ce qui te semblait de mieux.

-         Mais je n’aurais jamais…

-         Sinbad.

Elle lui tourna le visage pour qu’elle puisse voir ses magnifiques yeux bleus.

-         Tais-toi.

Elle l’embrassa en démontrant tout l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Sinbad lui rendit son baiser en démontrant à son tour tout l’amour qu’il éprouvait pour elle. Lorsqu’il y mit fin les deux étaient sans souffle.

-         J’ai une grande nouvelle à t’annoncer, dit Maeve après un moment.

-         Quoi donc mon amour?

-         Je n’ai jamais eu d’indigestion.

-         Qu’avais-tu donc l’autre soir? demanda-t-il lentement.

Maeve se contenta de lui sourire. Et il comprit… il avança doucement sa main et la mit sur son ventre. Maeve acquiesça. Des larmes de joie vinrent lui brouiller la joue.

-         Tu… tu…

Maeve acquiesça de nouveau. Sinbad la prit dans ses bras et la fit tournoyer en riant. Il lui fit faire des quantités de tours dans les airs. Lorsqu’il la posa il la serra très fort dans ses bras. Il n’arrivait pas à exprimer les mots exactes pour démontrer toute sa joie. Il embrassa ensuite sa femme, mais cette fois-ci tendrement.

 

Les autres ne comprenaient pas très bien la joie soudaine à laquelle ils venaient d’être témoins. Firouz leur en donna l’explication.

-         Mon petit frère… père? dit Doubar avec émotion.

Firouz acquiesça en souriant. Ils allèrent ensuite les féliciter chacun leur tour. Doubar serra son frère très fort dans ses bras, à en faire étouffer Sinbad. Les deux frère pleuraient de joie. Dermott quant à lui serra sa sœur tendrement.

-         J’avais raison, dit-il.

Maeve acquiesça.

-         Tu es le meilleur grand frère que quelqu’un puisse avoir, dit-elle.

-         Et toi la meilleure petite sœur.

À suivre... dans Les larmes de l'amour